Focus: Jean-Michel Basquiat

Mélissa Benon — Artopic Gallery
Artopic Gallery
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5 min readDec 8, 2018

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Se déroule en ce moment même à la Fondation Louis Vuitton , une très belle rétrospective de l’artiste (article à lire dessus). Étant aller spécifiquement la voir, je me suis dit qu’un petit focus sur l’artiste serait une bonne idée.

Jean-Michel Basquiat est né d’une mère portoricaine et d’un père haïtien en 1960. Il décède d’une overdose à 28 ans en 1988.

Un art qui commence très tôt

Il débute très en jeune à créer. Dès 1976, on retrouve dans l’espace public des graffs qu’il réalise. Au commencement en collaboration puis très vite tout seul. Ses graffs sont reconnaissables, poétiques et conceptuels.

Si vous connaissez un petit peu son univers vous avez sans doute remarqué qu’il n’utilise que dans de très rare cas la bombe aérosol. En effet, c’est seulement en raison des très grands formats qu’il utilise. Cela reste marginal et exceptionnel dans son travail.

À la fin de l’année 1978/ début 79, il réalise des cartes postales et des t-shirts qu’il tente de vendre dans la rue. Son style inimitable est né ! Il s’intéresse à l’anatomie de la rue, la façon dont la rue peut être exposée dans ses oeuvres. C’est pourquoi on trouve dans son travail des enfants jouant dans la rue ( ou bien des accidents de la rue. C’est en liens étroits avec l’accident qu’il a lui-même subi lorsqu’il était enfant. Il s’est fait renverser par une voiture alors qu’il jouait au ballon dans la rue. La rue est sa source d’inspiration mais aussi son atelier jusque dans les années 1980. Il peint sur les supports qu’il trouve à même la rue.

Bien que Basquiat ait fréquenté plusieurs écoles secondaires c’est un artiste autodidacte. Cependant, il avait une culture en histoire de l’art importante. En effet, il allait très régulièrement au musée avec sa mère et adulte il possédait une carte du MOMA. Il se référait à Duchamp, allait dans des conférences. C’est en cela que Jean-Michel Basquiat est un artiste conceptuel même s’il a été qualifié de néo-expressionniste. Il est conceptuel dans sa conception des lignes, collage et mot.

Jean-Michel Basquiat, Crédit Getty Images

Une carrière vertigineuse et un style inimitable

C’est la rencontre avec la galeriste Annina Nosei qui lance sa carrière. En 1981 Basquiat s’installe dans le sous-sol de sa galerie et créée des oeuvres sur toile. Elle lui a donné la possibilité de peindre sur des toiles de grands formats et des petits formats. Cependant Basquiat continue les supports de la rue mais en moindre proportion.

C’est toujours avec sa ligne au crayon gras qu’il exprime avec intensité de l’âme humaine et l’homme. Il faut savoir, que l’artiste étant de couleur subissait énormément le racisme envers les afro-américains. Il expliquait avoir du mal à trouver un taxi alors qu’il portait son costume Armani. Ce racisme qu’il subit alors est retranscrit dans son art. C’est pour cela que son travail est constitué à 99% de colère. Colère qu’on retrouve dans la ligne. Notamment dans les lignes représentant les têtes.

« Irony of a negro policeman » daté de 1981 exprime parfaitement son incompréhension d’un monde où la répression des afro-américains est présente, et où le racisme quotidien, il puisse y avoir des policiers américains. C’est cette complicité de certains noirs envers les institutions racistes de l’ère post-Jim Crow que critique l’artiste. Pour lui, l’ironie vient du fait que le policier noir entend faire respecter des règles conçues par une société blanche pour asservir les noirs.

Jean-Michel Basquiat, “Irony of a negro policeman”, 1981, Collection privée.

La couronne : un symbole chez Basquiat

Dans son oeuvre Basquiat questionne l’histoire par le biais d’images glorifiant l’homme noir comme roi ou saint. Le motif de la couronne lui permet d’afficher la majesté des héros qu’ils soient sportifs, écrivains ou musiciens. Il cherche ainsi à lutter contre le racisme dans la société américaine.

« J’utilise le noir comme protagoniste dans toutes mes peintures. Les noirs ne sont jamais portraiturés de manière réaliste, ni jamais portraiturés dans l’art moderne. Et je suis heureux de le faire; c’est une évidence les noirs sont sous représenté dans l’art occidental ». Jean-Michel Basquiat

Jean-Michel Basquiat, “Grillo”, 1984, Fondation Louis Vuitton.

Une collaboration avec Andy Warhol

À la demande Basquiat, c’est le galeriste Bruno Bischofberger qui lui présente son idole Andy Warhol. Pendant la rencontre, Warhol l’immortalise par des photographies de son polaroïd. Basquiat décide alors de retourner immédiatement à son atelier. Il crée une toile répondant ainsi à la photographie par la peinture. Une heure trente minutes plus tard, il envoie son assistant présenter son travail au galeriste et à Warhol d’une rapidité exécution sans rappel celle du grand peintre. Warhol s’exprima ainsi en disant “Il est allé plus vite que moi”. (à voir juste en dessous)

Dès la fin de l’année 1983, il débute une collaboration avec Andy Warhol et Francesco Clemente à l’initiative de Bruno Bischofberger. Seulement la collaboration avec Warhol perdure. Ils ne réalisent ensemble que des très grands formats. Pour les peintures à quatre mains, Warhol commençait, puis Basquiat enlevait certaines parties et Warhol reprenait avec un autre élément, et ainsi de suite.

Jean-Michel Basquiat, “Dos Cabezas”, 1982, Collection particulière

L’héritage Basquiat

En moins d’une décennie avec environ mille tableaux, cent cinquante pièces en collaboration avec Andy Warhol et plus de deux mille dessins, il livre une oeuvre vaste, intense.

Trente ans après sa mort, les oeuvres de Basquiat, sa pratique artistique et son esthétique sont reconnaissables et suscitent une attention extrême aussi bien sur le marché de l’art où ses pièces atteignent des prix vertigineux qu’auprès des historiens d’art que les artistes contemporains. Artistes à entendre au sens large du mot, que ce soit en art plastique qu’en musique avec Jay-Z, Kanye West ou encore Nas.

Jean-Michel Basquiat, “Pez Dispenser” 1984, Collection Particulière

Je termine avec vous ce focus sur Jean-Michel Basquiat avec une oeuvre que j’apprécie tout particulièrement. J’espère que ce focus vous a plu, n’hésitez pas à commenter en proposant des artistes pour les prochains ! Pour lire les précédents c’est par là : https://medium.com/artopic-gallery/tagged/focus

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Mélissa Benon — Artopic Gallery
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Directrice d’Artopic Gallery, une galerie d’art 100% Pop Art, 100% Street et 100% toulousaine — www.artopic-gallery.com