Focus sur JonOne

Mélissa Benon — Artopic Gallery
Artopic Gallery
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5 min readNov 26, 2019

Prononcé “Jon — One”, ce nom vous dit peut-être quelque chose ? Il s’agit de l’un des street-artistes les plus connus en France ! Un bref article pour en connaître davantage à son sujet.

Photo de la Galerie Martine Ehmer — JonOne

Aujourd’hui, le street art est érigé au rang de style artistique à part entière, au même titre que les autres grands styles. Il porte avec lui toute une génération d’artistes au talent reconnu de tous. Parmi eux, JonOne fait figure de membre-fondateur, apprécié et estimé tant du grand public que du milieu des collectionneurs.

Qui est JonOne ?

JonOne, de son vrai nom John Perello, est un artiste américain d’origine dominicaine. Il naît en 1963 dans le quartier d’Harlem et grandit dans ce quartier de Manhattan. Il y développe un goût prononcé pour les formes nouvelles qui viennent peupler les rues et du potentiel artistique qu’elles peuvent offrir. C’est pourquoi très jeune, à l’âge de 17 ans, il commence à graffer dans les rues de New-York. Aux côtés de son ami d’enfance White Man, il tague alors sous le nom de Jon156. En parfait autodidacte, l’artiste en devenir cherche son style et travaille néanmoins pour son plaisir. L’élan de libération qu’il trouve dans la peinture, il l’exprimera plus tard :

“Je peins pour être libre, pas pour la beauté d’une forme.”

En 1984, alors devenu JonOne, il fonde avec quelques autres graffeurs le collectif 156 All Starz. Ils investissent le métro new-yorkais de leur peinture. John admet que “le métro, c’est un musée qui traverse la ville” et en fait le lieu de départ de son art.

Le groupe fini par dépasser le seul cadre de la mégalopole, même celui des Etats-Unis. Il gagne l’Europe et notamment la France, lorsque JonOne quitte New-York pour Paris suite à sa rencontre déterminante avec Bando, graffeur parisien de la même époque.

Une aventure française

C’est en 1987 que JonOne arrive en France. À Paris, il fréquente les banlieues bouillonnantes de créativité. Il côtoie les pionniers du Rap français Kool Shen et Joey Star qui formeront plus tard le groupe NTM. Il entretient avec ce dernier des liens privilégiés. Ils partageront une collocation et l’artiste sera même en parti à l’origine du nom de scène du musicien.

Son arrivé en France est le moment où il développe davantage son art, passant du mur à la toile. Il entame une production de peintures dans un atelier à l’Hôpital Éphémère avec d’autres artistes comme A-One, Sharp ou encore JayOne. Il se fait rapidement remarquer dans le milieu artistique parisien, se faisant par exemple exposé chez Agnès B.

Dans les sous-sols du métro où à la lumière des galeries, JonOne consomme à pleines dents son mariage hexagonal et vit toujours à Paris. En 2015, il est d’ailleurs fait Chevalier de la Légion d’Honneur.

C’est quoi JonOne ?

Chez JonOne, l’espace est entièrement investi par la peinture. La blancheur du vide n’existe pas. La couleur apparaît comme la charge vitale de l’artiste. Sa palette est riche, vive ; les tonalités et les contrastes révèlent des jeux de nuances subtiles. Dans une composition harmonieuse qui paraît aussi spontanée que maîtrisée, les formes se nouent et se dénouent, ondulent ou se font droites. Il y a de la symétrie et de l’asymétrie, des répétitions et de l’union. Le trait est maîtrisé avec précision et souplesse. Chacune de ses toiles est une improvisation abstraite dont la brillance transmet une joie de vivre.

Un succès sans conteste

Dès le début de sa carrière européenne, JonOne rencontre son public. Très rapidement, il est exposé en 1990 à Berlin à la galerie Gledtisch 45, pour un an plus tard participer à l’exposition Paris Graffiti qui se déroule rue Chapon. C’est au milieu des années 90 que son aura artistique touche l’international. Ses toiles connaissent l’honneur d’être exposées tant à Tokyo que New York en passant par Hongkong et Chicago.

Le 6 juin 2007, il rencontre un succès sans précédent dans sa carrière. L’oeuvre Balle de match, une toile de grand format (214,50 x 190cm) réalisée dans l’atelier collection en 1993, remporte une enchère pour la somme de 24 800€ ! Un record pour l’artiste.

Son succès le conduit à honorer de prestigieuses commandes. En 2015, année particulièrement glorieuse pour JonOne, il crée une oeuvre pour l’Assemblée Nationale. Liberté, Égalité, Fraternité, une toile de grande envergure est aujourd’hui exposée au Palais Bourbon.

Par ailleurs, l’industrie du luxe fait également appel à ses services. En 2016, la maison Guerlain lui donne carte blanche pour redessiner le flacon de trois de ces iconiques parfums : Shalimar pour le bleu, La petite robe noire pour le rose, Rose barbare pour le orange. Cette série limitée de Flacon aux Abeilles, présente un décor résolument arty.

Les street artistes semblent entretenir un lien étroit avec la mode. Chez Artopic Gallery, 2FAST a également proposé une adaptation de la marque au travers de ces Splash-it à l’occasion d’une commande particulière. La rencontre entre l’art urbain et l’univers des marchandises de luxe est souvent fructueuse.

Un artiste engagé

JonOne est également un artiste engagé, et ce depuis longtemps déjà. Lors d’une interview donnée à l’Express, la peintre confiait que son “seul mérite, c’est de peindre”. Il met alors ce “seul” mérite au service de cause noble comme celle de la Fondation Abbé Pierre. En 2011, il réalise à Paris un immense portrait du bienfaiteur, avec des fragments de discours de celui-ci. Son oeuvre peut être admirée au square Deux-Nèthes, dans le XVIIIème arrondissement. En 2014, il fait également don d’une de ces oeuvres, Stay Awake, à l’hôpital Bichat.

Nous espérons que ce nouveau focus sur JonOne vous a intéressé ! N’hésitez pas à nous faire votre retour dessus ou nous proposer des prochaines thématiques !

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Mélissa Benon — Artopic Gallery
Artopic Gallery

Directrice d’Artopic Gallery, une galerie d’art 100% Pop Art, 100% Street et 100% toulousaine — www.artopic-gallery.com