Et si la prochaine rock star était un entrepreneur social ?

Annabelle Baudin
Tous Acteurs de Changement
7 min readMar 27, 2017

Les entrepreneurs sociaux font partie de notre époque. Acteurs incontournables de la vie économique, ils se mobilisent au quotidien et à leur échelle pour résoudre les défis auxquels nous sommes confrontés. Dans ce monde où l’Histoire s’accélère, l’économie sociale et solidaire (ESS) apparaît de plus en plus attractive. En témoigne le Baromètre de l’entreprenariat social 2017 réalisé par OpinionWay, 59 % des 18–24 ans sont attirés par l’ESS pour y travailler. Au-delà d’un changement de paradigme, c’est un nouvel état d’esprit, une ode à l’optimisme qui plane dans l’air. Tous œuvrent à réintégrer l’humain au cœur de leurs projets, guidés par une question essentielle : « Quel monde souhaitons-nous construire demain ? » Sans aucun doute, un monde plus juste et soutenable. Un monde qui devra compter sur ces pionniers au service des autres, ces inconnus d’hier en phase de devenir les leaders du XXIème siècle !

Rencontre avec Matthieu Dardaillon, fondateur de Ticket for Change, une organisation qui permet à tous de devenir acteur de changement !

C’est l’esprit d’entreprise mêlé à l’engagement social qui portera le XXIème siècle. Cette phrase, Matthieu Dardaillon aurait pu la prononcer, mais en utopiste qui se respecte, il préfère agir.

Ce grand brun de 27 ans à l’allure décontractée fait partie de l’équipe de transition, celle des « Makers », ceux qui font.

Le temps d’un café, entre deux rendez-vous, il me parle de ce qui l’anime, c’est-à-dire, de son métier. Son « ministère mystérieux, » son audace personnelle, qu’il résume en quelques mots : « Lever les freins à l’engagement. »

Pour cela, en 2014, à peine âgé de 24 ans, il fonde Ticket for Change, une organisation qui développe des programmes dont le but est de permettre à chacun — quels que soient son âge et son parcours professionnel — de réaligner ses aspirations personnelles et sa carrière professionnelle.

« Notre mission, me dit-il, est d’accompagner toutes les personnes qui souhaitent révéler leur potentiel d’acteur de changement. Puis de les mettre en action afin qu’elles soient en mesure d’avoir un impact tangible sur le monde qui les entoure.»

Le chantier est immense. La feuille de route est ambitieuse mais il en faudra davantage pour ralentir Matthieu qui a vite appris à s’écouter et à penser « out of the box » !

L’impossible est temporaire !

D’ailleurs, avec son diplôme de l’École Supérieur de Commerce de Paris, il aurait pu s’offrir une carrière très classique. Il a préféré sortir du cadre. Prendre un risque.

C’est au cours de ses études qu’il découvre la voie du « social business, » en se nourrissant notamment de lectures qui l’interpellent. Il cite sans retenue « Vers un nouveau capitalisme » du Prix Nobel de la Paix Muhammad Yunus, ou encore « 80 hommes pour changer le monde » de Sylvain Damil et Mathieu Le Roux.

Lire fait souvent grandir un peu plus vite. Force est de constater que du haut de ses 2 mètres, le jeune homme a rapidement décidé de prendre de la hauteur, et un peu d’avance sur son époque aussi.

Dès son plus jeune âge, il se passionne sans relâche pour l’univers de ces nouveaux leaders. Ces femmes et ces hommes qui mettent leurs qualités entrepreneuriales au service de la résolution des questions sociétales.

Étudiant, il multiplie les voyages et s’investit dans différents projets associatifs. Son déclic, il l’aura en 2013. Cette année-là, il décide de partir 9 mois à la rencontre d’entrepreneurs sociaux aux Philippines, en Inde et au Sénégal grâce au projet Destination Changemakers. Ce programme permet d’aller à la rencontre des personnes qui prennent à bras le corps des problèmes de société grâce à des initiatives entrepreneuriales innovantes.

« Tous ont fondé une entreprise pour venir à bout de questions liées à la pauvreté, la malnutrition, l’agriculture durable… Chaque jour, ils nous démontrent que l’impossible est temporaire. »

Cela pourrait être le mot de la fin, pourtant mon café est à peine servi.

Mettre la pauvreté au musée.

Matthieu comprend alors que dupliquées à grande échelle, ces initiatives peuvent toucher des millions de personnes et « mettre la pauvreté au musée » comme le dit son mentor le Professeur Yunus.

Mais c’est l’expérience du Jagriti Yantra, ou Voyage-éveil en hindi, qui va le convaincre de devenir entrepreneur social.

« Le Jagriti Yantra est un voyage inspiré par le tour de l’Inde en train de Gandhi, m’explique-t-il. L’objectif est de faire découvrir aux jeunes Indiens la réalité de l’Inde, et de les inspirer pour qu’ils entreprennent des actions constructives pour la société. »

Parmi les participants, quelques-uns ne sont pas Indiens, et Matthieu fera partie de ces privilégiés. Profondément touché par l’impact extraordinaire des différents acteurs qu’il rencontre durant ce périple de 8000 km, Matthieu rentre en France avec un objectif qui ne le quittera plus : susciter des vocations d’entrepreneurs du changement.

« Cette expérience m’a permis de prendre conscience que ma chance est aussi ma responsabilité, précise-t-il. Chaque personne amenée à monter dans le Jagriti Yatra, doit au retour apporter un changement au cœur de sa communauté.

L’idée était donc de faire de chacun de nous des entrepreneurs créateurs de valeur plutôt que des demandeurs d’emploi ! »

Ce voyage lui permet aussi de démystifier l’image des grands acteurs du changement. En effet, il me confirme que beaucoup ont commencé avec trois fois rien. « Quelques roupies en poche. »

L’économie de demain, le mariage du social et du business.

La magie opère. Ces entrepreneurs sociaux d’exception lui donnent envie d’entreprendre. « J’ai aussi compris que la réussite n’est pas corrélée à l’âge. Qu’il ne faut pas se mettre de limites. Mieux, le Jagriti Yatra m’a donné une idée. Et cette idée, c’est d’adapter ce concept en France. »

À ses yeux, l’économie de demain reposera sur le mariage du social et du business.

Or, que nous en soyons conscient ou pas, nous possédons tous une qualité particulière qui, une fois activée, peut nous permettre d’améliorer le monde à notre échelle.

« Le problème, reconnait-t-il, c’est que la plupart du temps, quels que soient notre âge et notre parcours de vie, nous ne savons ni vers qui nous tourner, ni par où commencer. »

Ticket for Change participe à la réponse.

« Nous développons des programmes de formation à l’entrepreneuriat et au leadership que je qualifie de positif.» Et les lignes bougent bien plus vite qu’on ne l’imagine, Matthieu est très enthousiaste !

« Nous avons touché plus de 49 000 personnes en trois ans et fait émerger 380 projets d’entrepreneuriat à impact social, comme Mamie Régale, qui lutte contre l’isolement des seniors ou encore Yuka, une application pour mieux manger, qui cartonne en ce moment. »

Ce n’est qu’un début.

Faire émerger une communauté mondiale de « héros du quotidien. »

Matthieu évoque alors une étude sur « le gâchis de talents en France » menée l’an dernier par Occurrence et qui révèle que 94 % des Français désirent agir pour relever les défis de notre société.

Alors, si nous sommes probablement tous porteur d’un rêve, Ticket for Change nous propose un plan.

C’est en diffusant sa méthode grâce aux outils digitaux, que l’association contribue à l’émergence d’une communauté mondiale de « héros du quotidien. »

Ticket for Change propose par exemple un parcours visant à accélérer les premiers pas de chacun, à tester et lancer son projet, mais aussi un accompagnement personnalisé et à distance. Ou encore un Tour de France de 10 jours à la rencontre des pionniers de l’innovation sociale les plus inspirants.

Et il s’agit bien de business puisque les questions des modèles économiques sont largement abordées. Chez Ticket for Change, tous apprennent à identifier les coûts de leurs projets, à générer des bénéfices grâce à des simulations financières.

Des métiers qui font rêver les milléniales avides de changement !

Si Matthieu reconnait que développer une idée nécessite beaucoup de courage, il peut s’enorgueillir d’avoir su fédérer une vingtaine de personnes qui travaillent dorénavant chez Ticket for Change.

Côté business model, Ticket for Change s’appuie principalement sur des opérations de sponsoring et du mécénat, et un tiers des revenus de formation est généré par Corporate for Change pour activer les talents au sein des entreprises existantes.

Se différencier, sortir du lot, innover dans le secteur de l’ESS n’est pas simple. Mais derrière chaque business, se dessine en filigrane la volonté de changer le monde.

Ces métiers font de plus en plus rêver les milléniales avides de changement.

«Quoi que tu rêves d’entreprendre, commence-le. L’audace a du génie, du pouvoir, de la magie.»

Cette maxime de Goethe, Matthieu en a fait son adage.

Et si la prochaine rock star était un entrepreneur social ?

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