Alain Grandjean — Piloter l’économie de l’après-croissance

Damien Detcherry
Atterrissage
Published in
4 min readJul 17, 2018

Avec l’économiste Alain Grandjean, nous échangeons sur les grandes caractéristiques d’une économie de l’après-croissance.

Se repérer dans l’épisode

  • (02:24) Comment et pourquoi créer de la monnaie pour les investissements “verts” ?
  • (09:55) Ne faudrait-il pas réduire la masse monétaire pour s’orienter vers une économie sobre ?
  • (30:03) La décroissance des flux matériels n’est-elle pas synonyme de déflation (en plus de baisse du PIB) ?
  • (46:27) Pour lever le verrou des dettes qui nous obligent à “croître”, faut-il que la banque centrale les rachète ou faire défaut ?
  • (01:02:29) L’Union Européenne est-elle un cadre compatible avec la résolution des problèmes existentiels actuels ?

Références citées

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Extraits

  • La “création monétaire”, c’est l’idée que les banques centrales ont la capacité de “créer de la monnaie” et donc dans les cas où il y a besoin d’argent pas cher (comme la transition écologique) de recourir à cet instrument très simple.
  • Les gens qui s’opposent à la création monétaire citent comme objection le risque “inflationniste”.
  • A part des situations exceptionnelles où les institutions sont dégradées (comme au Zimbabwe, en Amérique du Sud, à la fin de l’URSS), il n’y a pas de corrélation si claire entre un peu trop de monnaie et une hausse des prix considérable.
  • Il ne s’agit pas de faire monter les arbres jusqu’au ciel. Il s’agit de faire des investissements dont l’ordre de grandeur est de 2–3% du PIB par année.
  • On n’est pas du tout dans le cas de l’économie de guerre des États-Unis où c’est 30% de l’économie qui s’est converti en industrie d’armement.
  • Pour moi, la priorité est à créer de l’activité, pas à la contraindre.
  • La difficulté de la transition actuelle, c’est précisément qu’on ne peut pas du tout l’appeler “croissance verte”. On ne peut pas du tout faire croire aux gens que ça va se faire tranquillement en rajoutant des activités au business actuel. Cela va être une véritable transformation et il y aura forcément des activités qui vont disparaître.
  • Pour réduire les émission de gaz à effet de serre, il y a 2 grands leviers: réduire la consommation d’énergie et passer d’une énergie carbonée à une énergie décarbonée.
  • L’illusion de la décarbonation totale, cela consisterait à croire qu’il suffit de planter partout dans le monde quelques milliers de centrales nucléaires ou quelques millions d’éoliennes.
  • La priorité, c’est de réduire notre consommation d’énergie pour une raison qui n’est pas que liée au climat mais à ce que les géologues appellent l’anthropocène, c’est à dire la période à partir de laquelle la puissance de frappe de l’espèce humaine est visible géologiquement.
  • La puissance de frappe étant fonction de l’énergie, si on ne réduit pas cette consommation, il est difficile d’imaginer comment réduire notre impact général.
  • Pour limiter notre empreinte écologique à une planète, cela passe soit par la règlementation, soit par le prix.
  • La déflation est désagréable parce qu’on ne sait pas piloter une économie dont l’ensemble des prix baissent.
  • Nous sommes dans des économies d’endettement dans lesquelles les acteurs privés et publics sont surendettés. Or, la déflation rend le coût de la dette plus élevé. Progressivement, les débiteurs deviennent insolvables ce qui conduit à des défauts dans les banques.
  • Dans un monde où le rapport des hommes à la nature et entre eux est plus harmonieux, ce n’est pas du tout clair pour moi que l’indice des prix soit croissant ou décroissant.
  • Moi je suis très partisan de mettre un peu d’intelligence dans cette affaire de mondialisation pour limiter la partie qui consiste juste à dire par goût, par principe ou par dogme, c’est bien le commerce international.
  • En revanche, je pense qu’il y a certaines activités où on a intérêt à faire de la concentration parce que justement, dans ce cas, on consomme beaucoup moins de matière.
  • Dans le système actuel, il y a toute une série de boucles de rétroaction et tout va avec. C’est pour cela qu’on est piégé.
  • Tout ce que est commun ne se gère pas individuellement par le marché. On a besoin d’organisation, de direction, voire de planification.
  • Pour ma part, je n’étais pas du tout favorable à la construction de l’euro (j’ai voté “non” à l’époque) pour une raison indépendante de l’écologie. Je pensais que c’était absurde de se mettre dans un carcan institutionnel et qu’il était par ailleurs mal foutu.
  • Les démocraties ont une faiblesse, c’est la soumission permanente à l’opinion.

Générique

Composé par DJ Sofiane

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