Jean-Marc Jancovici — Décarboner l’Europe

Damien Detcherry
Atterrissage
Published in
5 min readMay 15, 2018

Avec le président du think-tank “The Shift Project”, nous discutons des verrous qui empêchent l’Europe de sortir des énergies fossiles.

Se repérer dans l’épisode

  • (2:12) Quel bilan pour sa campagne de lobbying “Decarbonize Europe” pendant l’élection présidentielle de 2017 ?
  • (13:53) Les victoires au niveau des décideurs économiques
  • (17:21) Quel feedback des décideurs politiques sur le charbon ou la rénovation des bâtiments ?
  • (21:13) Les verrous à la rénovation des bâtiments
  • (28:18) Rénover les bâtiments (sans réduire leur superficie), remplacer le charbon (sans réduire la quantité d’électricité) ne crée-t-il pas de l’effet rebond (i.e. des nouveaux impacts ailleurs) ?
  • (36:22) Les différentes types d’économie d’énergie.
  • (42:30) L’efficacité énergétique est-elle une bonne politique pour résoudre les problèmes de climat ?
  • (53:39) Pourquoi c’est compliqué de décarboner en faisant croître le PIB.
  • (1:02:43) Accepter la décroissance du PIB est-elle alors un pré-requis pour décarboner notre économie ?
  • (1:08:49) Comment articuler la question du carbone avec les problèmes concrets des gens.

Références citées:

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Extraits:

  • D’ici à 2100, il faut se débarrasser de la totalité des émissions d’origine humaine. Dans ce contexte, il y a un point de passage intermédiaire: supprimer entre les 2/3 et les 3/4 d’ici à 2050.
  • 3 mois avant l’élection, on a 9 propositions chiffrées à raison de 20 pages d’argumentaire.
  • Qu’est ce qu’on en tire comme bilan ? Emmanuel Macron, président de la République Française, n’a, pour le moment, pas mis en oeuvre de stratégie cohérente pour décarboner l’économie.
  • Il n’a pas profité du boulevard que lui a laissé Trump et le vide institutionnel européen entre une Grande-Bretagne en plein Brexit, une Espagne en pleine tourmente unitaire, une Italie en pleine tourmente économique et une Allemagne en pleine tourmente politique.
  • Maintenant, grâce à ce projet, le Shift a franchi une marche. On a gagné 3 administrateurs de poids et une audience renforcée dans les dirigeants du monde économique.
  • Ce que nous pouvons faire de mieux, c’est “infuser des idées intelligentes” auprès de personnes qui ont un peu de temps pour les écouter dans l’espoir qu’il sauront s’en emparer et les porter au niveau des pouvoirs publics.
  • Une fois qu’un patron dit “je veux ça”, cela a plus de poids que si Jancovici dit “je veux ça”.
  • Pour remplacer du nucléaire qui n’émet pas de CO2 par des éoliennes et des panneaux solaires qui n’en émettent pas non plus (c’est à dire un jeu à somme nulle), on oblige les Français à dépenser 5 millards d’euros par an.
  • Dans la loi de transition énergétique, il y avait un objectif de 500 000 logements rénovés par an à partir de 2017. Or en 2017, on en aura fait entre 10 et 20 000.
  • Il y a 3 façons d’économiser de l’énergie: on diminue la consommation d’énergie à iso-performance (une voiture qui va à la même vitesse, qui a la même taille mais qui consomme moins). C’est ce que j’appelle de “l’efficacité”. Quand on renonce à sa voiture pour prendre un vélo, c’est ce que j’appelle de “la sobriété”. Enfin il y a la sobriété non consentie, c’est ce qu’on appelle “la pauvreté”.
  • L’efficacité n’a pas d’effet récessif. C’est la raison pour laquelle tous les gouvernements de tous temps on toujours préféré encourager l’efficacité que la sobriété.
  • Cela fait un siècle et demi qu’on fait de l’efficacité et cela fait un siècle et demi que la consommation globale augmente.
  • Les mesures réglementaires permettent d’aller beaucoup plus vite que les mesures fiscales.
  • Si je dis “c’est obligatoire d’isoler les bâtiments”, cela va quand même beaucoup plus vite que je dis “je vais monter le prix du gaz jusqu’au moment où les assemblées de copropriétaires vont voter l’isolation”.
  • A chaque fois qu’on a dit “la technique donnera d’elle même l’objectif”, on a eu autre chose que ce qu’on voulait.
  • Dire “grâce à la technologie on sera sauvé”, c’est abdiquer délibérément son envie de choisir.
  • Il n’y a 153 millions de manières de faire pour remettre les gens au travail. Il faut globalement que la productivité unitaire d’un travailleur baisse un peu. C’est ça le grand paradoxe. Il ne faut pas qu’elle augmente.
  • L’économie moderne a été pensée par des gens qui font abstraction des flux physiques.
  • Le système économique a été pensé sans limite. Il y a rien dans la théorie économique qui vous dit “quand le PIB mondial arrive 83 282 milliards de dollars, il s’arrête” alors que la physique vous dit que quand vous avez fait 40 000 km sur Terre, vous êtes revenus au point de départ.
  • Parce que les dirigeants économiques, politiques et les journalistes vivent dans des villes, ils ne voient pas les flux physiques dont ils dépendent.
  • Si j’attends d’avoir convaincu les gens qui devraient mettre en avant mes 9 propositions qu’il faut au préalable accepter l’idée qu’ils vont organiser la récession, je serai mort.
  • On a regardé ce qu’il fallait faire et si c’était compatible avec les moyens économiques dont on disposait même dans un monde en contraction et la réponse est oui. Donc on n’a pas voulu rentrer dans ce débat de la croissance qui est un débat empoisonné.
  • Il faut penser des mesures d’organisation de la société qui n’aient pas besoin de croissance. C’est ce qu’on a proposé dans “Décarbonons”.
  • Une chose qui me turlupine c’est qu’une part minoritaire de la population gagne de plus en plus d’argent et c’est à mon avis très très dangereux pour l’équilibre social.
  • Je ne suis pas du tout convaincu que je terminerai ma vie sans voir le retour des dictatures. Je ne le souhaite pas. J’espère me tromper. Mais c’est quand même une crainte que j’ai.
  • Si vous essayez de faire un grand programme politique sur la seule base du changement climatique, vous n’y arriverez pas. Ce que veulent les gens c’est un job, à bouffer, passer du bon temps …etc.

Générique

Composé par DJ Sofiane

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