Pierre Larrouturou — Lever 450 milliards pour le climat

Damien Detcherry
Atterrissage
Published in
5 min readMay 29, 2018

Dans cet épisode, nous échangeons avec l’économiste qui veut relancer l’Europe autour d’un plan de financement massif pour le climat.

Se repérer dans l’épisode

  • (02:09) Pourquoi un plan de financement pour le climat ?
  • (07:07) Comment ça marche ?
  • (15:39) Combien ça fait ?
  • (20:56) Comment les prêts seront-ils remboursés ?
  • (22:28) Les projets de transition vont-ils stimuler la croissance économique ?
  • (25:33) Pourquoi il ne s’agit pas de faire de la croissance verte.
  • (29:00) Ce qu’en pensent nos dirigeants politiques et hauts fonctionnaires
  • (35:34) Les réserves qu’ils émettent
  • (44:18) Le pacte finance-climat fait-il des perdants ?
  • (50:31) L’Europe des traités de libre-échange et de la libéralisation des services publiques peut-elle être à la hauteur ?

Références citées

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Extraits

  • Nous voulons que l’Europe montre qu’un autre modèle de société est possible.
  • Contrairement à Donald Trump, nous ne pensons pas que le réchauffement climatique est une invention des chinois ni que lutter contre le réchauffement provoquerait des destructions d’emplois ou un recul social.
  • L’Europe doit faire la preuve, que sur un territoire de 500 millions d’habitants, on peut parfaitement vivre tout en divisant par 4 notre production de gaz à effet de serre.
  • D’ici 2050, nous devons arriver à la neutralité carbone.
  • Concrètement, on sait qu’il faut faire: il faut des bâtiments, des transports, une agriculture qui consomment beaucoup moins d’énergie.
  • Pour sauver les banques en 2008, on a mis 1000 milliards sur la table. De la même façon, il faudrait mettre 1000 milliards pour sauver le climat.
  • Avant la crise, certains disaient “ce n’est pas sérieux”, “la banque centrale ne voudra jamais”, “les allemands ne voudront pas”. Aujourd’hui, un énorme tabou est tombé.
  • Dans les 2500 milliards créés par la banque centrale européenne depuis 2 ans et demi, seulement 11% est allé dans l’économie réelle (prêts aux PME, aux collectivités, ménages). 89% a alimenté la spéculation.
  • Même le FMI qui n’est pas l’institution la plus alternative au niveau international dit que la prochaine crise aura des conséquences 10x plus graves qu’en 2008.
  • Sera-t-on débile au point de se payer à la fois une crise financière et le chaos climatique ?
  • On est déjà quelques milliers de citoyens en France et dans 5 autres pays d’Europe à militer pour un traité européen qui dirigerait la création monétaire vers la transition énergétique.
  • Dans notre plan, on ne touche pas à la BCE car pour certains pays, c’est un sujet hyper sensible.
  • La BEI (Banque Européenne d’Investissement) doit avoir comme 1er objectif de fournir à tous les états membres de l’Europe des financements pour la transition énergétique.
  • Quand Jules Ferry fait passer la loi qui rend l’école gratuite, laïque et obligatoire, c’est un énorme chantier qui démarre.
  • Aujourd’hui, aucun de nous n’est capable de dire très précisément tout ce qu’il faut faire mais on sait que c’est faisable. On a déjà des paysans qui ont d’autres pratiques agricoles, …etc.
  • Chaque pays aurait un droit de tirage à hauteur de 2% du PIB. Pour la France, c’est 45 milliards pendant 20 à 30 ans qui sont fléchés pour la transition, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables.
  • Dans notre plan, on propose aussi que l’UE ait un budget propre pour le climat, d’environ 100 milliards, en plus des crédits à taux zéro de la BEI.
  • Pour trouver de nouvelles ressources sans toucher aux impôts, à la TVA, …etc, la meilleure façon est de lutter contre le dumping fiscal européen.
  • Depuis 30 ans, chaque pays baisse son impôt sur les bénéfices par rapport au voisin. Il est passé de 40% en moyenne à 19% aujourd’hui.
  • L’Europe peut parfaitement créer un impôt de 5% sur les bénéfices sans générer aucun problème de concurrence internationale.
  • Nous on propose 350 milliards de prêts à taux zéro et 100 milliards de budget pour l’Europe […] mais personne n’est capable de dire exactement ce qui est nécessaire.
  • La cour des comptes européenne a sorti un rapport qui dit qu’il faut 1115 millards chaque année. Pour moi, le chiffre est trop précis. Il faut savoir rester modeste.
  • La croissance, en tant que tel, ne veut plus rien dire. Il y a des choses qui doivent croître (le nombre de gens ayant une vie agréable, ceux ayant un boulot correct, qui mangent sainement, qui ont accès à la santé) et d’autres qui doivent décroître (notre consommation d’énergie, nos émissions de gaz à effet de serre, le temps perdu dans les embouteillages).
  • Notre objectif c’est plutôt qu’on arrive à rééquilibrer notre relation avec la planète.
  • En petite comité, nos dirigeants ont bien conscience que la croissance ne règlera rien.
  • Les hauts fonctionnaires européens qu’on rencontre veulent nous aider. Le problème maintenant, c’est qu’il faut qu’un ou une responsable politique prenne vraiment ce projet comme son bébé.
  • Ce qui m’inquiète surtout, c’est l’inertie.
  • Pendant 20 ans, l’Europe était très différente. Elle protégeait le revenu des paysans avec des quotas laitiers pour éviter la surproduction. Sans subventions, les paysans gagnaient correctement leur vie. Et puis des lobbys ont foutu ça en l’air. Depuis, il y a chaque semaine des hommes et des femmes qui se pendent dans nos campagnes.
  • On est en 2018, la planète brûle, on nous fait de grandes conférences mais le mot climat n’apparaît pas une seule fois dans les 3–4 pages qui présentent le budget de la commission européenne pour les 7 ans à venir.
  • Je suis un homme non violent mais il y a quand même des baffes qui se perdent.
  • Les mois qui viennent sont fondamentaux. Merkel et Macron ont dit que sans nouveaux projets, l’Europe allait mourir. Or, visiblement, ils ne sont pas capables de dire tout seul avec quel projet, on va rassembler tous nos pays. Pour nous, le climat peut y arriver.
  • Un des sujets qui est sur la table en ce moment, c’est l’union bancaire. Or, quand on voit les chiffres de la BCE sur le niveau de créances douteuse dans les banques italiennes et espagnoles, on peut comprendre objectivement que les Pays-bas ne veulent pas payer pour l’Italie ou l’Espagne. Par contre les Pays-bas ont autant à dire que les pays du Sud sur le climat car si les océans montent de 2m, la moitié du pays est submergé.
  • Dans les cercles européens, même les plus “technos”, tout le monde est d’accord que dans les 6 mois qui viennent, on reste à des sujets “technos”, l’Europe va à la catastrophe. Ce dont l’Europe a besoin, c’est d’un projet qui parle à la conscience des gens.

Générique

Composé par DJ Sofiane

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