Vincent Liegey — Diffuser la décroissance par l’exemple

Damien Detcherry
Atterrissage
Published in
4 min readJun 5, 2018

Avec le porte-parole du “Parti pour la décroissance”, nous discutons de la façon dont pourrait évoluer son mouvement.

Se repérer dans l’épisode

  • (02:02) Comment il a rejoint le mouvement de “la décroissance”
  • (10:39) Pourquoi tous ces conflits chez les partisans de “la décroissance”?
  • (15:27) Les relations compliquées entre “la décroissance” et “le pouvoir”
  • (21:56) Sur la possibilité d’échanger avec des décroissants venant d’autres horizons et ayant d’autres sensibilités
  • (27:38) Un monde qui se polarise de plus en plus.
  • (35:15) La mesure phare de Vincent: “le revenu de base inconditionnel”
  • (44:54) Le lien entre “distribuer un revenu de base” et “diminuer notre consommation matérielle”
  • (54:09) Les critiques du “revenu de base” et les réponses de Vincent
  • (1:00:02) Le prochain palier à franchir pour “la décroissance”
  • (1:17:30) Son conseil à ceux qui veulent s’impliquer pour diffuser les idées de la décroissance.

Références citées

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Extraits

  • Nicholas Georgescu Roegen était un grand penseur d’origine roumaine qui a totalement déconstruit la manière dont les sciences économiques sont enseignées dans les facultés d’économie.
  • Il a amené le paradigme de la thermodynamique alors que les sciences économiques restent enfermées dans le paradigme de la mécanique, ce qui est une aberration.
  • En arrivant au “parti de la décroissance”, j’ai découvert un “panier de crabes”.
  • Moi qui pensais rejoindre un mouvement convivial, de partage et de débats intellectuels profonds, j’ai surtout constaté qu’il n’y avait plus grand monde et que les gens ne se parlaient plus ou s’interpellaient par médias interposés.
  • En 2009, on a lancé l’appel “Europe décroissance” avec pour objectif d’occuper un espace de débat offert par les élections européennes et de donner de la visibilité aux idées de la décroissance.
  • En France, le mouvement a connu un pic médiatique dans ces années: 2009/2010/2011 car on a rencontré à nouveau quelques conflits avec la question des élections présidentielles.
  • En 2012, avec quelques amis, on eu l’idée de créer un centre de recherche et d’expérimentation sur la décroissance à Budapest qui n’a jamais vu le jour sous cette appellation mais qui est petit à petit devenu “Cargonomia”, un centre logistique de nourriture bio et locale autour de vélos cargos.
  • La décroissance s’inscrit dans une démarche très “anar”, très autonome, très décentralisé, très autogestionnaire, ce qui pose problème dès qu’on essaye de s’institutionnaliser à l’échelle nationale voire avant.
  • Au début, on n’avait pas pris conscience de cette ADN et on avait encore un imaginaire très centralisation, très ancré autour des pouvoirs présents.
  • Aujourd’hui, on réfléchit davantage sur comment changer la société sans prendre le pouvoir.
  • L’enjeu ce n’est pas de prendre le pouvoir mais ce n’est pas non plus de le laisser, notamment dans les mains de Macron et d’Orban.
  • Le mouvement de la décroissance a eu un impact beaucoup plus grand dans les débats que ce que laisserait penser son poids médiatique.
  • Les clashs les plus violents qu’on peut avoir aujourd’hui, c’est avec les techno-scientistes qui croient au transhumanisme, à l’intelligence artificielle, aux smart cities …etc.
  • On est face à des croyants et c’est très difficile de débattre face à des croyances.
  • Étant ingénieur de formation, j’aime bien regarder les choses en termes de dynamique, de dérivée première et de dérivée seconde.
  • La dérivée première, c’est le transhumanisme, techno-scientisme aux mains d’un oligarchie financière qui va continuer à gager du terrain, à bétonner et à pourrir nos vies.
  • La dérivée seconde, c’est à dire celle qui accélère, va dans le sens du monde dans lequel j’ai la chance de vivre ici à Budapest avec nos coopératives.
  • Moi qui ai un peu d’argent de côté, un réseau d’amis, une famille qui peut me soutenir, j’ai pu arrêter de travailler dans la logique du système pour expérimenter d’autres formes d’activités. Malheureusement, tout le monde ne peut pas le faire.
  • On a réfléchi à des outils économiques et sociaux qui permettent à un plus grand nombre de personnes de pouvoir se réapproprier leurs choix de vie.
  • Pour nous, l’enjeu ce n’est pas de savoir si on est pour ou contre le revenu de base. La question c’est plutôt: “un revenu de base pour quoi faire ?”
  • En France, quelqu’un au RSA a une empreinte écologique non soutenable non pas parce que la personne surconsomme mais parce que l’organisation de la société Française est telle que pour avoir un boulot, tu es obligé d’avoir une bagnole, donc l’infrastructure automobile qui va avec, …etc.
  • Dans nos réflexions, on dit que “même quelqu’un qui fout le bordel dans un collectif permet de resserrer les liens du collectif” donc il a droit à son revenu de base puisqu’il participe à la vie de la société.
  • Il n’y aura pas de grand soir. L’histoire n’est jamais linéaire, ni prévisible. Il y aura à la fois des avancées et des retours en arrière.
  • Moi je me bats au sein du collectif pour éviter systématiquement la crise de croissance. Je préfère travailler la qualité plutôt que la quantité. Si on a un projet qui commence à fonctionner, on pourrait faire un “business model” et faire de l’argent avec. Ben moi j’ai tendance à dire “on arrête tout et on passe à autre chose”.

Générique

Composé par DJ Sofiane

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