French toast et pain perdu : le temps retrouvé

Lorsque j’étais jeune, pendant mes années d’école primaire, ma mère nous gardait ma sœur et moi.

Kyle Yue
au bout du monde
4 min readDec 2, 2023

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D’habitude, nous sortions à midi de l’école, ensuite nous déjeunions, puis nous faisons nos devoirs. Entre le déjeuner et le dîner il y avait le « tea time », le goûter, en fonction de nos activités de loisirs. Pour prendre le thé il y avait un grand choix de restaurant pas chers. Par exemple à Hong Kong il y a une chaîne de restaurant, un peu comme McDonald’s, qui s’appelle le Café de Coral que vous pouviez trouver partout. De temps en temps, nous y prenions des nouilles, des œufs frits, du saucisson, du poulet frit, du porridge, etc.

Café de Coral (image prise sur internet)

Je ne sais pas s’il est habituel pour les français de prendre le thé entre 15h et 17 heures mais, pour les hongkongais, c’est commun. Quand j’ai vu pour la première fois du pain perdu en France, je me suis souvenu des « afternoon tea time » de mon enfance à Hong Kong. Il nous arrivait aussi de prendre des « french toasts », mais quand j’étais jeune, j’étais tellement ignorant que je ne savais pas pourquoi on les appelait des « french toasts », Je ne voyais pas le rapport entre la France et des tranches de pain grillé ! Cependant comme cela faisait partie de notre vie quotidienne, je ne trouvais pas ça si étrange.

Pour moi, les french toasts sont associées à l’Afternoon tea time, généralement un moment doux, léger et joyeux. Nous prenions le thé après avoir fait nos devoirs, sans stress, et goûtions ces nourritures simples et sucrées sans aucune culpabilité. Nous apprécions ces moments précieux, espérant les revivre encore et toujours. Mais les meilleures choses sont éphémères et le temps s’est enfui, précipitamment, avec notre jeunesse.

Préparer des french toast, c’est très facile mais, malheureusement, je n’ai jamais réussi à le faire une seule fois avant d’être en France. Pour ma mère, la cuisine, c’est avant tout parce qu’il faut bien se nourrir. Elle ne m’a jamais encouragé à réaliser des desserts car pour elle ce n’était pas une nécessité. Ma mère considère la nourriture comme un moyen de subsistance, pas comme une occasion de se faire plaisir. Dans sa génération, les personnes comme elle ont connu la pauvreté et les privations, le fait de cuisiner n’était pas du tout associé au plaisir. Cela m’interroge : pourquoi si la vie est dure, ne pas au moins profiter un peu de la cuisine pour se faire plaisir ?

French Toast à Hong Kong (image prise sur internet)

La recette du french toast à la mode de Hong Kong : des tranches de pain, tartinées de beurre de cacahuète à l’intérieur et nappées de sirop d’érable, de miel et de beurre à l’extérieur. D’ailleurs, dans mon souvenir, c’est en mangeant un french toast que j’ai la première fois utilisé une fourchette et un couteau. Avec ma sœur, nous adorions ce moment du goûter, nous l’attendions toujours avec impatience.

La première fois que j’ai goûté du pain perdu à paris, j’ai été très surpris. En effet, Hong Kong étant une ancienne colonie britannique, je retrouvais à Londres beaucoup de choses similaires, alors qu’en France, je ne voyais rien qui me rappelait Hong Kong. Je ne sais pas comment le pain perdu, a été importé à Hong Kong, ni comment il est devenu une nourriture familière que l’on peut trouver dans les snacks. Le pain perdu est assez différent ici en France, ce n’est pas celui auquel j’étais habitué : il est souvent fait avec de la baguette et il est servi comme dessert, par exemple avec des fraises ou de la glace. La différence de goûts m’ouvre à des sensations uniques. Il est intéressant de noter que le pain perdu était considéré comme une nourriture du pauvre en France, alors que dans les années 70 à Hong Kong, il faisait le plaisir des bourgeois. Après, il a évolué, il s’est adapté et tout le monde pouvait en manger.

Quand je suis nostalgique, j’ai toujours envie de manger du pain perdu. J’imagine le temps joyeux où j’étais un enfant, avec ma mère et ma sœur. Tout particulièrement, lorsque je suis triste, c’est pour moi une nourriture réconfortante qui je me donne un sentiment de sécurité et me remplit.

Pain Perdu (Image prise sur internet)

Aujourd’hui, je vis en France, où j’ai rencontré mon compagnon. Parfois, nous faisons le pain perdu ensemble, cela nous paraît facile. Nous trempons le pain dont du jaune d’œuf et le cuisons. En partageant cette expérience avec lui, je découvre de nouvelles impressions, je m’approprie de nouveaux souvenirs en lien avec le pain perdu : c’est une chance de pouvoir ainsi réinventer des moments heureux à vivre avec des personnes proches ici, là où je vis.

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