Tenir jusqu’au bout !

Camerone, 30 avril 1863,

Je ne sais pas pourquoi cette histoire me touche autant.
Hasard, toujours lui me fait découvrir ce récit ce matin, d’une bataille que je ne connaissais que grâce à une chanson:

Sachant qu’ils allaient mourir …
Jusqu’au bout de leur mission,
fier de tomber pour l’empire.
Ils étaient 62 …
Le soleil baissa les yeux,
lorsqu’ils furent exterminés.

Je ne suis pourtant pas un “militariste” acharné. Mieux même, je déteste au plus haut point une industrie de la mort et ceux qui la pilotent, l’ordonne sans jamais s’engager au front, sans savoir ce que cela fait d’être de l’autre coté du canon. Ceux qui ne risquent jamais rien et qui en envoient d’autres tout perdre.

Est-ce un infini respect pour des gens qui ont fait de l’objectif commun un but supérieur à l’ensemble de leurs propres intérêts, à leur vie même ?

Et pourtant je sais la force de l’illusion, des croyances. Des erreurs que nous font défendre des idéaux qui ne sont pas les nôtres, mais qui le deviennent.
De la folie qui conduit à penser que “l’autre” est autre. Qu’il a moins de valeur, qu’il faut le civiliser, lui apprendre “la vie”. Qu’il faille sans cesse s’opposer pour faire passer avant notre humanité notre pré carré, notre rue, notre quartier, notre ville, notre région, notre pays.

Comment ces hommes, si différents d’origine de moeurs et de langage se trouvaient-ils partager les mêmes périls à tant de lieux du pays natal.

Pour moi, il n’y a pas de mystère:

par quel besoin poussé, par quelle soif d’aventure, par quelle série d’épreuves et de déceptions, nous ne nous le demandions même pas ! Mais la vie en commun, le voisinage du danger, avait assoupli les caractères, effacé les distances, et l’on du chercher vainement entre des éléments aussi disparates, une entente et une cohésion plus parfaite. Avec cela, tous braves, tous disciplinés et patients, tous sincèrement dévoués à leur chef et à leur drapeau.

L’homme a besoin de guides

Pour tenir debout. Il a besoin d’exemples. Il s’en fabrique d’ailleurs à tour de bras. Dieux, Sportifs, Entrepreneurs, Politiques, Chanteurs, présentateurs de TV, philosophes cathodiques, polémistes, … Certains plus admirables et intéressants que d’autres :

“il avait ces nobles paroles qui réchauffent le coeur et rendent moins pénible le sacrifice de la vie. Avec de pareils chefs, je ne sais rien d’impossible.”

À une époque où la “Légion d’honneur” avait un sens, prenait pleine valeur de la force de ses deux mots. Elle reconnaissait l’exceptionnel. Un geste de tous vers un.

Trois fois, il leur a été demandé de se rendre. Trois fois, la réponse a été la même.

Tu as bien fait lui dit l’officier … nous ne nous rendrons pas.

“Never give up”, comme nous le disons chez nous, dans une autre mesure.

Cette histoire m’en rappelle une autre, Pierre, Jésus: “avant que le coq chante aujourd’hui, tu m’auras renié trois fois”.
Trois, un nombre magique !

Les deux facettes de notre humanité.
Aucune leçon à donner.
Juste à comprendre.
Comment nous pouvons être si grand un jour et si petit un autre.
Dualité ?

Comment nous pouvons poursuivre des chimères et en oublier l’essentiel ?Illusions ?

On ne refuse rien à des hommes comme vous …

…

Ce sont des légionnaires, qui avaient prété serment à leur chef, le capitaine Danjou et qui ont résisté jusqu’à la mort.

62 légionnaires et 3 officiers.

Camerone, un nom qui sonne et qui résonne …

Respect !