Laisser faire la nature — 1/4

La médecine parmi les animaux et l'intuition perdue chez l'homme

Hugo C.
Auto Thérapeute
5 min readMay 11, 2020

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Beaucoup de personnnes croient aujourd'hui que les remèdes naturels sont les plus sûrs et le mieux adaptés à l'homme, qui fait lui-même partie de la nature. Les animaux cherchent d'instinct les moyens de se soigner.

Les Aras d'amazonie, de grands péroquets colorés « s'auto-administrant un remède en choisissant les types d'argile les plus détoxiquants. Ils ne se comportent pas comme des automates ou des machines, mais comme des êtres intelligents. » — extraits de L'intelligence dans la nature, un livre de l'anthropologue Jérémy Narby.

Le Dr. D.C. Jarvis consacre un passage sur l'auto-médication animale dans le premier chapitre de Médecine populaire, son célèbre ouvrage sur les vertus d'un régime à base de miel et de vinaigre de cidre, publié en 1958.

Il écrivait :

J'en suis arrivé à m'émerveiller de l'instinct qu'ont les animaux à utiliser des moyens naturels pour se soigner. Ils savent, sans se tromper, quelles herbes guériront leurs maux. Les bêtes sauvages recherchent d'abord la solitude et la détente absolue, puis, elles font entièrement confiance aux remèdes naturels : la médecine par les plantes et l'air pur. Un ours qui déterre des racines de fougère ; une dinde sauvage qui, sous une averse, oblige ses petits à aller manger des feuilles de benjoin ; un animal mordu par un serpent venimeux qui mâche avec confiance du serpentaire… sont autant d'exemples typiques. Un animal fiévreux recherche rapidement un endroit aéré, ombragé, près de l'eau, où il restera tranquille, sans manger, mais en buvant souvent jusqu'à ce que sa sanchaudsté soit rétablie. A l'opposé, un animal atteint de rhumatismes trouve un endroit en plein soleil et s'y étend jusqu'à la disparition de ses douleurs. »

La capacité des animaux à chercher ce dont ils ont besoin peut paraître mystérieuse. Lord Ritchie Calder rapporte dans son livre La Médecine et l'homme :

« On sait que des moutons dont le régime manquait de chaux ont brouté, avec une précision géométrique, un carré de fourrage qui avait été chaulé, avant d'aller dans d'autres pâtures susceptibles d'apaiser leur faim mais dépourvues des indispensables substances médicales. Dans le veld sud-africain, le bétail mourait d'une épidémie mystérieuse ; un seul troupeau survécut et l'on découvrit qu'il mangeait l'écorce et les feuilles d'un arbre, dans le tronc duquel était planté un unique clou de cuivre. Le restant du bétail souffrait d'une carence de cuivre à dose infinitésimale. »

Intuition : un puissant outil

On ne sait pas comment l'homme a perdu cette aptitude instinctive à reconnaître ce dont il a besoin pour conserver la santé. On attribue généralement cette perte au développemnt de la substance corticale, cette partie du cerveau qui nous permet de raisonner. La croissance de cette partie du cerveau est responsable de la différence d'aspect entre l'homme de Néanderthal, au front bas et incliné, et l'homme contemporain au front haut et vertical. La raison nous permet de planifier notre comportement en choisissant parmi plusieurs variantes l'action qui nous semble la meilleure à long terme ; mais cette capacité provoque parfois des conflits entre la raison et l'instinct.

Pour échapper à un pillage, l'instinct nous pousse à courir en haut de la vallée tandis que la raison nous dit de nous jeter derrière un rocher proche et de faire un crochet. Les succès dus à l'usage de la raison nous incitent à compter de moins en moins sur l'instinct. Distinguer les bons aliments des mauvais, par exemple, est devenu affaire d'instruction et de savoir transmis de génération en génération.

« L’esprit intuitif est un don sacré et l’esprit rationnel est un serviteur fidèle. Nous avons créé une société qui honore le serviteur et a oublié le don. » — Albert Einstein

Le développement de l'humanité au cours des dernières décénnies est arrivé à un point que l'on doit considérer avec des sentiments divers. Un large évantail de maladie est dû à des traitements destinés à guérir d'autres maladies. On les appelle maladies iatrogènes, du mot grec iatros signifiant médecin. Telle maladie résulte par exemple d'un long traitement à la cortisone saluée comme le traitement miracle de l'arthrite. Ce médicament gonfle le visage, provoque des éruptions cutanées et des ulcères et diminue la résistance du corps à l'infection. Beaucoup de virus ont donné naissance à des variétés résistant aux médicaments employés pour les combattre et ces dernières exigent alors, soit des doses plus élevées, soit d'autres médicaments.

On a découvert que certains antibiotiques attaquaient le foie ou provoquaient l'anémie et que certains traitements de l'anémie provoquaient des tumeurs. Le médicament qui a le plus mauvaise réputation est la Thalidomide, la pilule prétendument sans danger, pour dormir, qui a été responsable pendant plusieurs années, il y a de cela quelques décennies, de la malformation de 15 000 fœtus, parmi lesquels 12 000 dans 46 pays sont nés avec des défauts congénitaux, remettant en cause l'innocuité de la pénicilline si largement employée.

Bien entendu, des scandales de ce type sont nombreux depuis les années 50 : Médiator, Distilbène, Vioxx, Diane 35, pour n'en citer que quelques uns ; et ne parlons même pas des effets dévastateur de la vaccination sur les enfants.

Une maladie, un état, un effet secondaire, etc., sont dits iatrogènes lorsqu’ils sont occasionnés par le traitement médical. Cela est la première cause de mortalité aux USA, et la troisième cause de mortalité en France.

Les dangers de ces médicaments modernes peuvent nous encourager à prendre en considération les arguments de ceux qui croient que tous les traitements médicaux devraient être aussi naturels que possible. Les naturistes sont de ceux-là. Ils croient que nous devrions mener une vie simple, exempte de tensions et de soucis et prendre plein d'air pur et d'exercice. Le régime se limiterait aux nourritures naturelles dont le corps a besoin, débarrassés d'engrais chimiques et d'additifs articiels. Ils prétendent qu'en suivant ces préceptes, nous acquerrons une forte et solide constitution qui ne succombera pas facilement à la maladie. Si toutefois elle devait survenir, le corps étant foncièrement résistant serait capable de guérir grâce à des moyens naturels sans l'aide de médicaments ni d'opérations.

La plupart des idées sur lesquelles repose le naturisme remontent loin dans le temps. Il y a environ 25 siècles, le médecin grec Hippocrate proclamait sa foi dans la force vitale, un pouvoir de guérir inhérent au corps, capable de rétablir l'équilibre de la santé. Certaines choses développent la force vitale ; d'autres comme la bonne chair l'affaiblissent. Pour la développer, Hippocrate et ses disciples recommandaient l'air pur, un régime simple avec seulement, à l'occasion, des épices pour « nettoyer la tête et les poumons » en éternuant, des massages, des bains, et pour boisson du vin ou de la décoction d'orge. Ces recommandations, à l'exception peut-être du vin, recueillent toute la faveur des naturistes contemporains.

Hippocrate a dit un jour que “manger quand on est malade, c’est nourrir la maladie”.

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Hugo C.
Auto Thérapeute

Quelle triste époque où il est plus facile de briser un atome qu’un préjugé ou une croyance. ― A. Einstein