Laisser faire la nature — 3/4

La naturopathie : le pouvoir inné et naturel

Hugo C.
Auto Thérapeute
5 min readMay 11, 2020

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L’hydrothérapie, telle que la pratiquait Preissnitz (voir le billet précédent dans cette série), n’apportait aucun espoir de guérison aux malades des poumons. Ils plaçaient leur espérance dans la découverte d’un climat favorable. Pendant longtemps, les riches pulmonaires anglais suivirent le soleil en hivernant dans le midi de la France, en Italie ou à Madère. Mais, au milieu du XIXe siècle, les médecins découvrirent que l’air sec et froid était bien meilleur pour les malades des poumons et ces derniers se rassemblèrent dans les Alpes.

On préscrivit à l’Anglais Robert Louis Stevenson, l’auteur de l’Ile au trésor, d’hiverner à Davos en Suisse en 1880. Il y passa six mois d’ennui et de tristesse qui lui inspirèrent ces mots :

« Enfermé dans un sacré hôtel
Découragé par Dieu et les hommes ;
La nourriture ? — Monsieur, vous feriez mieux
De vous remplir le ventre de son. »

Le milieu de XIXe siècle vit également le guérisseur suisse Arnold Rikli administrer des bains de soleil et d’air à ceux qui cherchaient à recouvrer la santé. Dans son établissement, au bord du lac, à Veldes dans les Alpes, les malades passaient la nuit dans des huttes à trois côtés ouvertes à tous les vents. Le jour, ils marchaient pieds nus, habillés de vêtements amples et poreux pour prendre des « bains d’air » et s’étendaient presque nus au soleil, ce qui constituait un évènement tout à fait inhabituel à cette époque. A Veldes, le régime était strict ; on ne tolérait ni médicaments ni alcool, thé ou café. Tout reposait sur l’air pur. La plus célèbre de ces cures de retour à la nature, au XIXe siècle, fut cependant prescrite par le père Sébastien Kneipp, le corpulent curé au regard perçant de la ville de Wörishofen en Bavière. Le père de Kneipp s’insipira des méthodes de Preissnitz (voir le billet précédent dans cette série) ; il utilisait un arrosoir pour asperger l’eau froide sur toutes les parties du corps. Il imposait aussi à ses malades de marcher pieds nus tous les matins dans les champs humides ou dans la neige.

Il faut parfois faire un effort pour admettre que ces terribles cures d’air pur et d’eau furent les prédécesseurs immédiats des cliniques hydrothérapiques d’aujourd’hui, établissements du luxe à des tarifs de luxe où des femmes et des hommes d’affaires obèses, des vedettes de cinéma surmenées se remettent grâce à un régime amaigrissant, des enveloppements froids et des saunas brûlants. Mais cela ne constitue que le côté onéreux de la méthode.

Les naturistes ont repris beaucoup des idées exposées dans la section précédente, et la naturopathie prétend offrir plus que deux semaines de détente sans nourriture. C’est une façon de vivre et une doctrine pour prévenir la maladie aussi bien que pour la guérir. Ses théories sont diamétralement opposées à celles de la médecine classique.

Les naturopathes parlent avec admiration d’un Français bien oublié, le professeur Antoine Béchamp, né en 1816 et qui vécut jusqu’en 1908. Ils prétendent que ses travaux sur la microbiologie, dans les année 1860, furent plagiés par Louis Pasteur qui se méprit sur ses découvertes et égara la médecine classique dans la mauvaise direction.

L’erreur cruciale de Louis Pasteur

Pasteur apporta à la médecine une théorie qui rendait compte de l’extension de la maladie. Il isola certains microbes dans les tissus malades, notamment ceux de l’anthrax et de la rage, et en conclut que ces germes avaient envahi les tissus et causé la maladie. Béchamp, au contraire, affirmait que ces organismes n’étaient pas des germes mais des « nettoyeurs » qui avaient « envahit le corps pour essayer de le débarrasser des déchets accumulés et autres substances malsaines qui diminuaient la vitalité ». Le corps sécrétait la maladie et ensuite apparaissaient les nettoyeurs.

source : Une médecine pour la Vie entretien avec le Dr Alain Scohy. [Version audio ici]

La plupart des gens, aujourd’hui, sont faits à l’idée que des germes produisent la maladie, et, pour eux, la théorie de Béchamp donne tout à fait l’impression de mettre la charrue avant les boeufs. Mais …

… Pasteur lui-même, vers la fin de sa vie, admit volontiers que l’état du corps humain dans lequel les germes peuvent ou non se développer a tout autant d’importance que les germes pour causer les maladies.

Pourquoi certains corps humains sont capables de résister aux pires maladies infectieuses ou de n’en souffrir que légèrement tandis que d’autres y succombèrent rapidement ?

L’explication la plus plausible semble être que certains sont en meilleure forme pour combattre le mal.

La science confirme cela (voir la vidéo d’introduction de ce billet) depuis 2018.

Les naturopathes croient que la maladie se développe parce que le corps est devenu incapable d’évacuer ses déchets. Des toxines ou poisons s’accumulent dans les cellules, le sang remplit mal son rôle et des déchets s’entassent dans les organes. Cela produit des fièvres, inflammations et autres troubles. Il ne faut rien donner à un malade pour diminuer l’action de la fièvre car elle est la manifestation des efforts du corps pour se guérir tout seul. Elle représente la crise de guérison.

Si cette crise est soignée à l’aide de médicaments, les symptômes seront seulement supprimés mais non guéris. On aura alors contrarié les efforts du corps pour se débarrasser des poisons et les conséquences à long terme seront des maladies chroniques telles que rhumatismes et arthrite. D’un autre côté, on peut donner certaines substances naturelles pour favoriser la guérison.

James Hewitt-Parsons, dans un manuel populaire intitulé Pratique de la naturopathie, fait ce commentaire significatif :

« Très souvent, un malade atteint des maux chroniques que nous avons décrits s’apercevra très rapidement qu’il se sent beaucoup plus mal qu’avant de commencer le traitement. C’est à ce moment qu’il est important d’obtenir la coopération du malade. Il faut lui expliquer les faits, le prévenir de ce qui l’attend, et ne pas le laisser faire tout seul l’expérience de symptômes dépressifs qui, dans son ignorance et par peur, pourraient l’inciter à interrompre le traitement sans revenir consulter le praticien. Un bon traitement naturopathe fera remonter à la surface les maux chroniques et il faut y préparer le malade. Des symptômes aigus peuvent apparaître sous forme de fièvres, d’éruptions cutanées… Il aura des maux de tête et des troubles internes, or, tout cela le malade doit le supporter avec courage s’il a été mis en confiance au préalable par son médecin. »

En d’autres termes, le praticien doit, d’une manière ou d’une autre, convaincre ses patients qu’ils détiennent le pouvoir de se guérir.

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Hugo C.
Auto Thérapeute

Quelle triste époque où il est plus facile de briser un atome qu’un préjugé ou une croyance. ― A. Einstein