Laisser faire la nature — 4/4

L’homéopathie

Hugo C.
Auto Thérapeute
4 min readMay 11, 2020

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L’homéopathie, en tant que traitement médical, a beaucoup de points communs avec la naturopathie, bien qu’elle utilise des médicaments à dose infime. Elle fût créée par Samuel Hahnemann, né en 1755, à Meissen, en Allemagne ; c’était à la fois un érudit, un croyant, un linguiste, un médcein et un chimiste. Il lui arriva, à l’âge de 35 ans, d’essayer sur lui-même l’efficacité de la quinine. A sa surprise, il éprouva des symptômes de fièvre qui lui parurent identiques à la fièvre que la quinine était censée guérir. Il effectua quelques expériences avec d’autres substances, et arriva à la conclusion que le « mal guérissait le mal ».

Extraite du quinquina, un arbuste originaire d’Amérique du Sud, la quinine était utilisée pour la prévention du paludisme (ou « malaria ») avant d’être supplantée par ses dérivés : quinacrine, chloroquine, et primaquine.

« C’est uniquement grâce à leur aptitude à rendre malade que les médicaments peuvent guérir la maladie : un médicament peut seulement guérir l’état maladif qu’il est capable de provoquer quand on l’expérimente sur des gens bien portants », disait-il.

Hahnemann, croyait que le médicament adéquat agissait en provoquant une fièvre qui combattait la maladie. En 1796, il nomma sa nouvelle technique homéopathie d’après deux mots grecs : homios, « semblable », et pathos « maladie ».

Hahnemann se méfiait des doses élevées et des mélanges étranges de médicaments administrés aux malades par les médecins de son temps. Ses remèdes étaient simples, à base de substances animales, végétales ou minérales. Comme chacun ne comprenait qu’un seul médicament, on les appela « des simples ». Il essayait avec soin ses médicaments sur des gens bien portants avant de les donner aux malades. Ce faisant, il découvrit avec surprise qu’en réduisant la dose administrée, l’efficacité du médicament ne s’en trouvait pas diminuée. Au contraire, plus la dose était faible et plus l’effet semblait important, même si la dose était réduite à presque rien. Cette découverte fut connue sous le vocable de loi des atténuations, et se révéla l’un des grands obstacles à la propagation de la théorie homéopathique. Beaucoup trouvèrent impossible de croire que des doses aussi faibles, diluées et rediluées, puissent avoir un effet quelconque sur un malade.

L’homéopathe a plusieurs centaines de médicaments à sa disposition, mais il n’en utilise que douze pour l’usage courant. Ils sont choisis selon le principe de similitude. La morsure de la tarentule provoque une pustule enflammée qui devient un abcès et ressemble à un furoncle. Par suite, selon un récent recueil de pratique homéopathique, « si vous découvrez des furoncles sur un malade, vous pouvez être tout à fait sûr de les faire disparaître rapidement avec quelques doses infinitésimales de poison de « veuve noire », ou tarentule.

De même, puisqu’une piqûre d’abeille a pour effet de provoquer des symptômes « semblables à ceux du rhumatisme, des maux de reins, de la péritonite et de la méningite », les homéopathes croient que ces affections peuvent être soignées avec des doses infimes d’apis, ou virus de l’abeille. Dans un autre cas encore, les baies noires vénéneuses de la belladone, ou Atropa belladona provoquent quelques symptômes désagréables dont une peau tendue écarlate… « par suite, certaines variétés de scarlatine… sont guéries en un jour ou deux avec de la belladone ».

Hahnemann était incapable d’expliquer pourquoi ces doses infimes de médicaments agissaient. Il pouvait seulement le prouver en citant les guérisons qu’elles obtenaient. Il croyait, comme les naturopathes, qu’une part importante de la tâche du médecin consiste à développer la force et la confiance de ses malades, puis à se fier au pouvoir guérisseur de la force vitale (le Qi en médecine traditionnelle chinoise). Il croyait qu’il valait mieux traiter le malade que la maladie et essayer d’en savoir le plus possible sur le tempérament, la constitution, le passé et les besoins de chaque patient. De nos jours, les médecins homéopathes encouragent leurs nouveaux malades à parler de leur vie, de leur famille, de leur travail et de leurs sentiments.

En cherchant pourquoi les gens devenaient malades, Hahnemann en vint à croire que la maladie est, pour eux, une façon d’exprimer quelque chose et que le docteur a pour tâche, non seulement de faire disparaître les symptômes mais encore de trouver la cause profonde. En ce sens, comme le souligne Brian Inglis dans son livre En marge de la médecine, « il était très en avance sur son temps et anticipait les découvertes de Freud ».

Même quand on a découvert la cause d’une maladie et proposé un remède, il faut encore du temps pour que le traitement soit accepté. Un cas bien connu est celui du scorbut. Cette maladie douloureuse et mortelle est causée par le manque de vitamine C, substance que l’on trouve dans divers fruits et légumes, et notamment le citron. Dès 1593, l’amiral anglais Sir Richard Hawkins, le fils de Sir John Hawkins, pirate et explorateur de la reine Elisabeth, disait du scorbut : « Ce que j’ai trouvé de plus efficace contre cette maladie, ce sont les oranges vertes et les citrons. »

Personne ne fit attention à cette observation judicieuse et des dizaines de milliers de marins moururent encore avant qu’un chirurgien de la marine anglaise, James Lind, démontrât qu’on pouvait facilement soigner cette maladie à l’aide d’un régime comprenant du cresson, des fruits de tamariniers, des oranges ou des citrons. L’amirauté n’y fit pas attention ; c’était en 1733.

Vingt ans plus tard, le capitaine Cook fit le tour du monde sans un seul cas de scorbut à bord parce qu’il suivit les conseils de Lind et embarqua des fruits frais. Ce n’est que trentre ans plus tard qu’il devint obligatoire dans la flotte anglaise de boire du jus de citron.

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Hugo C.
Auto Thérapeute

Quelle triste époque où il est plus facile de briser un atome qu’un préjugé ou une croyance. ― A. Einstein