L’appel de l’Etre
Pour un nombre grandissant d’entre nous, la période troublée que nous traversons est l’occasion d’une profonde transformation intérieure où les évènements extérieurs agissent comme des déclencheurs de forces plus ou moins en sommeil. Nous sommes activés par un processus d’évolution de conscience que le caractère dramatique de la fin de civilisation dont nous sommes à la fois témoins et acteurs semble accélérer.
Malgré les bouleversements déstabilisants que nous vivons, nous avons la conviction intime d’être à notre place à ce moment précis de l’Histoire humaine.
Nous répondons présent à l’appel du destin ou plutôt à l’appel de l’Etre qui apparaît comme un acte naturel auquel toute notre vie nous a préparés de manière plus ou moins consciente.
Soudainement tout prend sens : les épreuves passées, l’incompréhension des proches, les difficultés à intégrer la vie du monde, les perceptions, les expériences, les compréhensions, les découvertes difficiles à partager. Notre différence par rapport à la norme est aujourd’hui une bénédiction qui nous offre un espace de relative sérénité au milieu du chaos, des ruptures et des effondrements.
Dans cet espace de souveraineté affirmée, le bruit et la fureur du monde ont moins de prise sur notre psychisme.
Enracinés dans la Lumière, les derniers spasmes d’un monde à l’agonie sont pour nous les contractions indispensables à l’avènement d’une nouvelle réalité.
Libérés de la peur et des emprises de la matière, il nous faut alors développer notre capacité à laisser s’exprimer cette Vie qui nous porte, nous transforme et nous protège, cette Lumière qui ne demande qu’à briller toujours plus fort.
Les ressources nécessaires pour traverser les tumultes à venir sont en nous et au-delà de nous. Cette force et cette sécurité se révèlent et se développent à travers une démarche de dépouillement existentiel et non dans un effort d’accumulation de protections matérielles. Encore une fois, il faut aller non seulement à contre-courant des prescriptions de la société, mais aussi de nos propres tendances naturelles. Il s’agit de cesser de s’accrocher à ce qui finalement nous enchaîne et entrave la progression de la Vie. Prendre conscience des jeux de l’ego et des désirs, des peurs et des espoirs, et sans cesse revenir à l’essentiel, au subtil, à cette nature profonde et immanente qui est le seul refuge véritable que l’ombre la plus épaisse ne saura jamais atteindre.
Dans le vacarme grandissant d’un monde accélérant sa course vers le précipice, nous ne trouverons pas de salut dans l’agitation stérile et les combats futiles. Il s’agit davantage de cultiver tout ce qui nous permet d’être plus présents, plus conscients, plus alignés, plus cohérents, plus vivants, plus libres. Toujours revenir à l’éternelle fraîcheur du moment présent et prendre conscience de l’intention véritable qui nous anime instant après instant. Le silence, la nature, la méditation, la prière sont autant de moyens d’agrandir sans cesse l’espace d’une conscience plus universelle à partir de laquelle la pensée et l’action justes trouveront naturellement et sans effort le chemin de leur manifestation dans la réalité.
Répondre à l’appel de l’Etre, c’est laisser la Vie s’exprimer le plus librement possible à travers nous.
Ce faisant, nous cheminons sur la même route, nous racontons la même histoire avec nos mots à nous, nous sommes connectés à la même Source, nous partageons des synchronicités, nous finissons par nous rencontrer et tout simplement reconnaître dans le regard de l’autre cette Lumière qui brille dans nos cœurs. Ces rencontres nous placent dans le miracle, le mystère et le sacré du grand ballet cosmique que notre mental occulte trop souvent.
Répondre à l’appel de l’Etre, c’est faire l’expérience du Réel et entrer dans cette dimension subtile superposée à la réalité commune, dont les merveilles contemplées avec le cœur échappent aux limitations de l’esprit.