On a fait du bénévolat dans une garderie Bolivienne

Jérémy Le Mardelé
Baithaka
Published in
8 min readSep 17, 2016

Nous arrivons à Sucre le 28/07, et on a dans l’idée d’y passer une semaine pour y suivre des cours d’espagnol et essayer de trouver un bénévolat.

On avait repéré une auberge, The Beehive, où l’on peut travailler contre une réduction du prix de l’hébergement, mais surtout où l’on pouvait intégrer un programme de bénévolat auprès d’associations locales. Malheureusement quand nous arrivons à Sucre l’auberge est complète jusqu’au 6 août et ils n’ont pas besoin de nouveaux volontaires avant le 10 août… Ils nous orientent vers un autre hôtel pas trop cher et où il y a des chambres disponibles : l’hôtel Santa Cecilia. Et bien finalement, on est très très heureux que le Beehive ait été complet !

Santa Cecilia est une pension familiale tenue par Claudia, une jeune maman de 2 enfants, et ses parents. Tous les trois sont adorables, toujours à l’écoute, souriants et dispos au moindre besoin. Dès notre arrivée, nous leur demandons s’ils connaissent un endroit où l’on pourrait travailler bénévolement. Quelques coups de fil plus tard, ils nous dégotent un orphelinat où l’on peut aller dès le lendemain. L’orphelinat Tata San Juan de Dios n’accepte en général que des volontaires qui restent au moins deux semaines, mais ils acceptent que l’on vienne au moment des repas pour aider les enfants les plus jeunes à manger. Dès le lendemain après-midi on se rend donc à l’orphelinat. Il y a une quinzaine d’enfants âgés de quelques mois à 3 ans. Nous les aidons à manger puis les mettons au lit. Finalement en 1h le travail est fini. On n’a pas l’impression d’avoir servi à grand-chose, les bénévoles sont assez nombreux sans nous. On pensait aider plus…

Le soir même, nous dînons au Condor Café et tombons sur une affiche : on recherche des bénévoles pour travailler dans une garderie. On rencontre alors Andrea qui travaille chaque matin dans une garderie communautaire, et l’après-midi et le soir dans les cuisines du restaurant. Ce soir-là, Andrea n’a pas vraiment le temps de nous expliquer en quoi consiste le travail, car elle doit retourner travailler, mais le courant passe tout de suite. Elle nous donne quelques indications sur comment se rendre à la garderie et on se donne rendez-vous le lundi, la garderie étant fermée le week-end.

Le lundi matin nous montons dans un micro (van de transport en commun), le « 12 rosado » comme nous l’a indiqué Andrea. On demande au chauffeur s’il va bien en direction du barrio Bajo Arranjuez, c’est le cas alors on s’installe parmi les Boliviens qui partent travailler. Au bout d’un moment, le chauffeur nous demande où l’on va exactement (il faut dire qu’on ne va pas dans la direction d’un coin touristique, alors ça doit les étonner de nous voir là). On lui montre notre bout de papier avec les maigres indications d’Andrea… Il ne sait pas où c’est, notre papier tourne parmi les passagers et finalement notre voisine voit où se trouve la garderie et indique la direction au chauffeur qui nous déposera juste devant. Sympa !

Oh la la c’est le bazar là dedans…

Il est 8h50, nous voilà devant la garderie. On entend que les enfants sont au rez-de-chaussée. Un peu timides, on entre dans le réfectoire, on se présente aux 3 « Tia » (tante en espagnol, c’est comme ça que les enfants appellent les dames qui s’occupent d’eux). Au bout de deux secondes, il n’y a plus place pour la timidité, nous avons chacun 5 enfants dans les bras qui nous réclament des câlins. Nous serons accueillis tous les jours suivants de la même façon ;-).

Les enfants arrivent en général vers 8h30–9h. De 9h à 9h30 ils déjeunent puis ils montent en salle de classe. Ils sont divisés en trois groupes en fonction de leur âge : les enfants de moins de 3 ans, les 3–6 ans puis les plus grands (qui sont dans un bâtiment à part). Pour cette première matinée, Andrea n’est pas là… Gabriella, une des Tia va s’occuper des plus jeunes et nous laisse les 3–6 ans. À la garderie ils sont censés faire leurs devoirs puis jouer à partir de 10h30. Nous avons 8–10 enfants à notre charge qui nous jurent ne pas avoir de devoirs… C’est notre premier jour, on ne parle pas parfaitement espagnol, on sent qu’ils ont plutôt envie de faire connaissance et de jouer alors on laisse tomber les devoirs, on capitule et on joue avec eux. C’est un peu le chaos, ça court, ça crie… On descend dans la cour pour qu’ils puissent se défouler.

À 11h30, Gabriella fait rentrer tout le monde dans le réfectoire, c’est l’heure du déjeuner ! Là encore c’est le carnage, les enfants ne veulent pas s’asseoir, crient, courent partout… Le bordel ! Finalement quand la soupe arrive tout le monde s’assoit et mange ;-). On aide les tout petits à manger leur plat principal, même si sans nous ils se débrouillent très bien avec leurs mains !

Le premier jour, nous quitterons la garderie juste après le déjeuner. Les jours suivants, nous resterons dans l’après-midi pour peindre les clôtures du jardin. Pour notre dernier jour, Andrea autorisera les enfants à ne pas faire leurs devoirs, et nous peindrons tous ensemble. Tous veulent nous aider, même les petits de 3 ans. Certes, ce ne seront pas les plus belles planches, mais peu importe quand on voit avec quels enthousiasme et bonheur ils peignent !

Nous travaillerons une semaine à la garderie, les enfants sont toujours hyper heureux de nous voir, et c’est réciproque ! Les jours suivants seront quand même plus simples grâce à la présence d’Andrea. Les enfants la respectent vraiment comme une mère. Et c’est sûrement ce qu’elle est un peu pour eux. Sans la garderie, les enfants seraient livrés à eux même tous les matins. N’ayant école que l’après-midi et leurs parents travaillant, ils n’auraient personne pour les garder et traîneraient dans les rues. Les garderies communautaires ont été créées pour lutter contre l’abandon infantile. D’après ce qu’on nous a expliqué, pour les enfants c’est une structure où ils reçoivent de l’éducation, mais surtout beaucoup d’amour. Amour qu’ils n’ont pas toujours chez eux, leurs parents pouvant être épuisés par leur travail et ne pas avoir toujours la force de s’occuper des enfants le soir.

Pour nous ce fut 10 jours incroyables, fatigants, mais enrichissants. On a finalement passé 12 jours à Sucre. On n’aura pas beaucoup visité la ville, mais ces journées passées avec nos petits monstres valaient bien plus que 10 musées. C’est le cœur lourd qu’on quitte Sucre, mais il faut bien continuer le voyage.

Petites péripéties micro

Andrea nous avait donné les infos suivantes pour rejoindre la garderie :

  • Prendre le bus 12 rosado (rose),
  • En direction du quartier bajo Arranjuez,
  • Descendre là où il y a à la fois un terrain en ciment, le poste de santé Santa Rosa, la garderie et un salon multifonctions.

Bref on savait seulement qu’on devait prendre le micro numéro « 12 rose ». Et là, attention, ça n’est pas si simple ! Le numéro 12 on le repère facilement, il y a une affiche à l’avant de chaque bus. Par contre le rose, ce n’est pas la couleur du bus qu’il faut regarder, mais celle de l’affiche avec le numéro. Ça vous paraît logique ? Oui ben nous on regardait la couleur du bus ! Ils sont tous blancs avec une ligne soit rose soit verte. Ça nous a donc paru logique de chercher un bus rose. Donc le premier jour on est monté dans un bus 12 avec une ligne rose. Par chance l’affiche était rose, aussi donc on est arrivé à destination. Le lendemain on a donc refait la même chose… Sauf que cette fois-là le bus avait bien une ligne rose, mais l’affiche était jaune… On était donc monté dans un bus 12 amarillo et non dans le 12 rosado… On s’en est rendu compte quand le bus est revenu à notre point de départ et qu’on n’avait pas du tout pris le chemin de la veille… Les boulets… Au moins on aura fait rire le chauffeur !

Le samedi, plein de bonne volonté on se dit qu’on va aller continuer à peindre nos barrières même si la garderie est fermée. Ce jour-là était férié, c’était le jour de l’indépendance, il y avait des défilés dans la ville, la rue où l’on prend le bus était fermée à la circulation. Pas de problème, on voit que les bus passent dans la rue perpendiculaire. On y va donc, on repère un bus 12 avec l’affiche rose. Bingo, on monte ! Là on est sûrs de notre coup, c’est le bon numéro et la bonne couleur ! Bizarrement, ça fait 45 minutes qu’on est en route (il y a pas mal de bouchons ce jour-là), et on ne reconnaît pas du tout les endroits où il passe… On demande au chauffeur si on est bien dans le 12 rosado, des fois qu’on aurait encore manqué une subtilité… C’est bien le bon bus sauf que ce jour là il ne fait pas le même itinéraire… Décidément, on a la poisse avec les micro de Sucre !

Merci Andrea pour ces beaux moments passés ensemble !

--

--