Pour moins pomper avec le prix de l’essence

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4 min readMay 3, 2018

Stéphanie Grammond, 2 mai 2018. Cette chronique est parue dans La Presse+

Pendant une quinzaine d’années, je m’en confesse, je suis venue travailler à La Presse en voiture. La garderie, les courses… il y avait toujours une bonne raison pour ne pas me débarrasser de cette vieille habitude bien incrustée.

Mais à force de perdre mon temps dans les rues bloquées par les cônes orange, j’ai troqué le confort de mon véhicule contre le métro, le vélo et un rutilant scooter rouge dont je fais le plein pour la modique somme de 6,08 $. En prime, ça se gare n’importe où. Le bonheur !

Désormais, je suis davantage préoccupée par les averses de fin de journée que par les sautes d’humeur du prix de l’essence à la pompe, qui a touché 1,48 $ hier à Montréal, à quelques cents d’un record. Cela ne m’empêche pas de sympathiser avec les automobilistes qui ont vu le prix de l’essence bondir d’environ 35 cents par rapport à 2016.

Cette hausse va faire un gros trou dans le budget des familles, surtout celles qui demeurent en banlieue éloignée. Par exemple, un conducteur qui parcourt 30 000 kilomètres par année dans un véhicule utilitaire sport devra absorber une facture additionnelle de 1200 $ par année, selon les calculs de CAA-Québec.

Et l’essence n’est que la pointe de l’iceberg. Quand on additionne le prix d’achat, les intérêts, l’assurance et l’entretien, un véhicule coûte une vraie petite fortune. À vrai dire, l’automobile est devenue la deuxième dépense en importance des Québécois.

Même que l’auto passe avant le frigo ! En 2016, les ménages québécois ont consacré 9652 $ au transport, soit 14 % de leur budget. C’est davantage que leur facture d’épicerie (12 %).

Il n’y a pas de magie. Les ménages devront diminuer leurs dépenses discrétionnaires pour remplir leur réservoir, à moins de changer leurs habitudes pour réduire leur budget de transport. Voici de quoi les inspirer…

Payez au plus vite

N’embarquez pas dans un plan de financement qui s’étire sur 72 ou même 96 mois. Trop long ! Si vous achetez une voiture deux fois plus chère, disons 32 000 $ au lieu de 16 000 $, vous pourriez avoir des mensualités semblables en remboursant sur six ans au lieu de trois. Mais vous allez payer quatre fois plus d’intérêts, selon l’Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACFC).

Visez plus petit

En achetant un véhicule plus petit, vous économiserez non seulement sur le prix d’achat, mais sur tous les autres frais. Ainsi, une sous-compacte vous coûtera près de 7500 $ par année, tandis qu’un VUS vous reviendra à presque 10 000 $, selon l’outil de calcul de CAA-Québec. En prime, vous émettrez 35 % moins de gaz à effet de serre.

Pensez électrique

Ne vous laissez pas freiner par le prix d’achat d’un véhicule électrique. Il est vrai qu’une Nissan Leaf coûte facilement deux fois plus qu’une Nissan Sentra. Mais à la longue, son coût d’utilisation est 20 % inférieur, soit 8250 $ par année pour un conducteur qui roule 30 000 kilomètres par an, pendant cinq ans.

Dénichez un bonheur d’occasion

Contournez la forte dépréciation des deux premières années (de 30 à 40 %) en achetant un véhicule d’occasion. Ou encore, achetez une voiture neuve et conservez-la très longtemps. Les voitures sont plus durables et plus fiables qu’avant. Même si l’entretien vous coûte plus cher, vous serez gagnant.

Faites vos entretiens

Un véhicule mal entretenu gaspille 15 % d’essence, prévient Pierre-Olivier Fortin, porte-parole de CAA-Québec. Alors, ne tournez pas les coins rond. Par contre, vous pouvez économiser en faisant entretenir votre bolide chez un garagiste de confiance plutôt que chez le concessionnaire.

Magasinez vos assurances

L’assurance représente 20 % des coûts d’utilisation d’un véhicule. Comme les primes peuvent varier du simple au double d’un assureur à l’autre pour le même dossier, il est impératif de magasiner en demandant des soumissions à plusieurs assureurs. N’oubliez pas de refaire l’exercice régulièrement.

Devenez un écoconducteur

Oubliez les démarrages en trombe et les freinages brusques. Une conduite trop agressive vous fait gagner 4 % de temps, mais gaspiller 39 % d’essence, rapporte M. Fortin. En plus, ça donne mal au cœur à vos passagers ! Et n’oubliez pas d’éteindre votre moteur quand vous êtes arrêté. C’est un mythe de croire que le redémarrage consomme encore plus d’essence.

Soyez plus léger, moins pressé

L’hiver est enfin terminé ! Enlevez votre support à ski ou votre porte-bagages sur le toit. Retirez vos pneus du coffre. Bref, roulez plus léger. Et roulez plus lentement. En circulant à 100 km/h plutôt qu’à 120 km/h, on diminue sa facture de 20 %. Et on économise 2 $ tous les 100 km.

Faites le plein au bon endroit

Allez savoir pourquoi, le prix de l’essence est plus élevé dans l’île de Montréal. En ce moment, la marge de profit des stations-service y est de 12,8 cents, par rapport à 7,4 cents en moyenne dans la province et à seulement 3,8 cents dans la ville de Québec. Si vous pouvez faire le plein ailleurs, sans faire de détour, ne vous en privez pas.

Laissez tomber l’auto

Enfin, pourquoi ne pas faire une utilisation plus rationnelle des transports ? Train de banlieue, métro, autobus, covoiturage, location, auto en partage, scooter, vélo, planche à roulettes, marche… ce ne sont pas les options qui manquent. La hausse du prix de l’essence sera peut-être le déclic nécessaire pour encourager les conducteurs à revoir leur conduite, qui sait ?

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