Dans les SexTech, David est une femme
Pour ceux qui suivent les aventures de notre SexTech Gentle sur Medium, vous n’êtes pas sans savoir la difficulté qu’il y a à entreprendre dans les SexTech en France. Pour les autres, je vous engage à rattraper votre retard en lisant cet article précédent.
Et dans ce marché complexe, nous avons un précurseur.
Que dis-je ! Une précurseure ! Une nana qui en veut, et qui a décidé d’émanciper le plaisir des femmes en créant un sextoy innovant, mêlant plaisir physique et littérature érotique — le bien nommé Little Bird — au sein de la société qu’elle a fondé, B.Sensory. N’hésitez d’ailleurs pas en vous en procurez un, ou à en offrir un !
J’ai vu plusieurs entrepreneurs — et des balèzes - renoncer face à ce marché : l’impossibilité de faire du marketing web traditionnel, se prendre les portes des investisseurs frileux rien qu’à l’évocation du sujet, être refusé de parler de son produit dans les formats pub, être empêché de s’adresser directement à sa clientèle potentielle, le regard de ses voisins et de sa famille… Créer une boîte n’est déjà pas simple, avec ces écueils là, cela en rebute plus d’un. Et vraiment, pas les plus mauvais, vous pouvez me croire !
Mais pas cette femme-là: Christel Le Coq est une David face à un Goliath semi-invisible, qui se drape de la morale, de la décence ou du foutage de gueule hypocrite pour bloquer toute initiative dans le domaine. Pour la société, essayer de redorer le blason de la sexualité adulte, c’est comme tenter de racheter une virginité à la vente d’armes ou de drogues. Merci à elle de donner un exemple de courage à ceux qui peinent à tenir.
Dernière exemple en date — comme nous, elle aurait plein d’autres anecdotes à vous fournir— , alors qu’elle avait été acceptée sur dossier (où elle avait été claire sur son invention), elle s’est vue éconduite du concours Lépine pour ce que nous appellerons “pudibonderie”.
Par ailleurs, vous aurez noté que les femmes sont en pointe sur le renouveau du sujet “sexualité” :
- Chaîne youtube (Clemity Jane, Les chahuteuses …)
- Porno (Erica Lust, Lucie Blush …)
- Blog (Maïa Mazaurette, Eve de Candaulie, Agnès Giard …)
Ce n’est pas que les hommes ne soient pas là. D’une part, la communauté gay a fait énormément progresser la visibilité et l’acceptation de leur sexualité — mariage pour tous, application mobile au top — Hanky, Grindr…. Mais globalement, le “porno à papa par les papas” a plus de mal à se renouveler, restant dans leur pré carré, comme si tout avait été dit, tout avait été fait. D’ailleurs, lors des soirées Gentle, on sent bien que les hommes ont bien plus de mal à parler sexualité que les femmes.
Notons toutefois certains nouveaux supports portés par des hommes :
- Culture porn (Stephen des Aulnois pour LeTagParfait)
- Virtual Reality (Dorcel)
Mais globalement, ce sont les femmes qui prennent les risques actuellement sur ce marché, et Christel est un parfait exemple de ce qu’elles peuvent endurer de la part d’une société façonnée par une vision patriarcale de la morale, quand elle n’est pas religieuse.
A ce propos, il est à noter qu’on demande souvent aux trois co-fondateurs de Gentle de s’associer avec une femme, histoire de faire plus “soft”, de ne pas apparaître comme “trois queutards en mal de femelles”, parce qu’évidemment, aux yeux du marché, c’est ce que nous sommes… Comme on vous le dit, c’est pas facile.
C’est un marché usant, humiliant et féru de peur. C’est pourquoi Gentle s’est associé dès le départ au projet de SexTechLab les 19, 20 et 21 mai prochain à Paris au sein de l’école 42. Nous y serons, nous y mentorerons, et nous évangéliserons les sextechs dans le fantasme, la santé, l’amour, la loi et tout autre projet autour de la sexualité, histoire que les gens arrêtent de stresser pour ce qui peut leur faire tant de bien.
