Entrepreneur SexTech vs Entrepreneur OtherTech
Voilà quelque temps que ce sujet me trotte dans la tête. Et hier, j’ai eu encore l’occasion de sentir la différence d’approche et / ou de ressenti des gens vis à vis de mon projet Gentle, conçu autour du couple, afin de leur permettre de s’épanouir sexuellement en brisant leurs tabous.
En soi, être entrepreneur, ce n’est déjà pas simple. Personnellement, j’adore, cela me donne le poil brillant et l’œil vif; mais tout de même, on prend tout un paquet de baffes, et il faut vraiment en vouloir pour se lancer et persévérer.
Entre Dress-Me que j’ai lancé en 2010, et aujourd’hui, je pensais faire profiter de mon expérience à cette nouvelle startup. Et c’est bien le cas pour tout un tas d’aspects !
Mais le sujet a ceci de particulier qu’on ne peut pas l’aborder ou en parler de la même façon…
Les gens et le sexe
Comme j’ai pu l’évoquer il y a quelques semaines, vouloir faire avancer son projet avec du marketing web traditionnel est tout bonnement impossible. Et pour le coup, on est en train de créer nos propres techniques de growth hacking.
Mais au delà de cela, il y a les gens eux-mêmes à qui on parle.
Je suis très ouvert sur mon sujet. Si le CEO n’arrive pas à porter son projet, j’estime celui-ci totalement mort à terme (le projet, pas le CEO…). Et donc, à peu près devant n’importe quelle audience — en + de 18 ans néanmoins… — , j’évoque Gentle, son ambition, la vision que j’en ai, l’équipe, ce que l’on a réalisé, les prochaines étapes, je fais une démo…
Et là, deux cas de figure :
- je me trouve au sein d’un groupe, et suite à la première incrédulité, suivi de la curiosité de base, place aux blagues, grivoiseries, malentendus, exagérations et gênes simulées ou non (je n’ai pas eu de colère encore, mais je finirai bien par tomber sur un aficionado de Christine Boutin)
- je suis avec une personne seule, et suite à la première incrédulité, suivi de la curiosité de base, place à des questions fouillées, des mises en situation sur des cas personnels, des idées, un échange constructif sur un sujet important et délicat, histoire de le faire avancer. La plupart du temps, en one to one, la personne est intéressée ou intriguée de façon adulte.
Et vous connaissez la meilleure ? La plupart du temps, ce one to one se passe avec une des personnes d’un groupe précédemment goguenard.
Et tout cela pourquoi, en fait? Pour le paraître et la peur du “Quand dira t’on?”.
“Vous imaginez bien, si je commence à m’intéresser à ce sujet devant d’autres personnes, que vont-ils penser de moi?”
Et moi, je voudrais leur dire :
“Ils pensent peut-être que tu t’éclates sexuellement et que t’as encore plus envie de t’épanouir dans ce domaine, parce qu’il est funky, qu’il a des espaces intéressants à explorer ou que ton couple en a bien besoin”
Mais je pense que je ne peux pas compter sur un changement de mentalité immédiat. Je dois composer avec cela et ajouter des contraintes fortes à mon projet :
- Discrétion
- Sécurité des données
- Trouver un moyen pour récupérer des retours pertinents et utiles
Mais ça, c’est la partie facile. Le plus gros soucis selon moi pour une entrepreneur dans la SexTech, c’est celui qui suit.
La famille et le sexe
Et bien oui. Car souvent, vous n’êtes pas seul(e) et orphelin(e). Vous avez des parents. Peut-être un(e) conjoint(e). Et donc des beaux parents. Et le fin du fin, des enfants… Sans parler des cercles familiaux et amicaux qui vont avec tous ces liens.
Et là, ça devient sport ! Les repas de famille pourraient être animés et étant plutôt incapable de dissimulation par nature, je pensais naïvement que je n’allais pas y couper et j’allais prendre mon courage à deux mains. C’était sans compter sur mon premier soutien du startupper en couple : ma femme. Qui adhère au projet, qui me soutient dans toutes mes actions et qui croit à fond en moi.
Par contre, pour évoquer cela avec ses parents, c’est niet. Les raisons sont simples à comprendre et je ne m’étendrai pas. Sachez seulement que si vous n’avez pas des parents post-soixante-huitards, qui ont passé de bons moments à Woodstock en coma éthylique, cela va être difficile de raconter ce que vous faites. Donc pour le moment, on n’en parle pas, mais je sens intuitivement — et vous aussi je pense — que cette situation ne sera pas tenable si, comme je le souhaite, le projet réussit. Et je fais tout pour !
Bon, j’en ai parlé à mes parents de mon côté, et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas simple. Pour eux, je me lance dans le porno, et évidemment, pour en discuter avec la voisine le matin, tout se complique…
Enfin, les enfants. Bon, évidemment, là, c’est absolument impossible de parler de ce projet avec eux. Mais cela pose un autre soucis : je bosse actuellement de chez moi, et l’ordinateur se trouve souvent sur des sites pour plus de 18 ans, ou j’écris des choses qui ne sauraient être lues par leurs jeunes yeux. Du coup, tant qu’ils ne dorment pas — soit 22h00 souvent (oui, je sais, en plus de faire du porno, on est de mauvais parents… ) — , difficile d’être concentré ! Vivement que je puisse me mettre à temps plein sur le projet !
Dernière différence pour un startupper qui souhaiterait se lancer dans la SexTech, plus marrante en fait.
Les mots qui deviennent interdits
Alors sachez, qu’en effet, pour un projet qui va traiter de la chute des tabous, vous allez commencer à jouer davantage au fameux jeu “Taboo” qui, je vous le rappelle, consiste à essayer de faire deviner un mot sans en employer un certain nombre qui justement, le spécifie précisément.
Et c’est ainsi que, souhaitant entrer dans un incubateur parisien, j’évoquais le fait à une personne de notre board qui pouvait nous y aider. Je lui disais donc ceci :
“Je voudrais bien que tu nous introduises auprès de The Family”
Hilarité garantie… Depuis, on dit juste “intro”…
Et dans les faits, mes collègues actuels m’interdisent tout un tas de mot, tels que “prendre” ou “boules” car, prononcés par moi, sont pris systématiquement dans le sens hot…
Allez, sur ce, je vous laisse m’en proposer d’autres ;)
