Les SexTech, l’intimité et les réseaux sociaux
Le 31 mars 2016 dernier, notre équipe — JB, Romain et moi — a officiellement révélé l’existence d’une SexTech dans l’écosystème français : depuis notre landing page www.gentleapp.com, nous parlons de Gentle, notre application conçue pour des couples en désir de plus de fantaisies dans leur vie érotique.
Développée à la base pour répondre à des situations libertines, en consolidant des fonctionnalités existantes chez d’autres acteurs restés sur de bien vieilles technologies, nous avons cependant perçu un vrai besoin au sein d’une large frange de couples désireuse de se lancer, mais pleine d’à priori et de doutes sur une certaine image qui peut coller, vu de loin, à la pratique libertine.
Et nous avons étendu l’application afin de répondre à ces désirs, à cette qualité, à cette exigence que méritent les personnes et les couples dans le domaine de l’intimité sexuelle. Nous développons actuellement les fonctionnalités autour de l’accompagnement des couples, bien que l’application actuelle ne les possède pas.
Mais notre principale interrogation 3 semaines après l’annonce de notre arrivée est ailleurs. Elle concerne directement le sujet : l’intimité de la personne ou du couple.
Lorsque vous créez une application web ou mobile, il semble évident qu’une partie de la diffusion de votre projet doit se faire par des canaux digitaux. A ce stade, avec nos compétences et notre budget, la voie royale semble être les réseaux sociaux, le blogging et l’emailing.
Gentle est présent sur Facebook, Twitter et Google+. Nous avons un éditorial de plutôt bonne qualité, écrit par trois sources, qui nous permet de ne pas laisser le blog sans mouvement au delà de 4 jours. Et la landing page récupère les emails pour diffuser la newsletter en préparation, en respectant les critères établis par les acteurs mails du web, ce qui n’est déjà pas évident comme vous l’expliquait JB récemment.
Or, tout ce contenu a bien du mal à être diffusé.
Certes, pour le moment, nous restons très informels dans notre diffusion, mais ce qui nous saute aujourd’hui aux yeux, c’est que l’on ne peut pas traiter un tel projet comme on traite la FoodTech, la FinTech ou le dating traditionnel.
Nous avons recueilli des mails, et ces personnes inscrites se sont mises à nous parler directement, fortement, avec beaucoup de passion et de verve. Mais jamais ils ne diffusent nos contenus, qu’ils disent pourtant aimer, valider et comprendre.
Je reçois, chaque jour, des mails, des discussions Skype ou Messenger en one-to-one de personnes ou de couples qui m’expliquent qu’ils attendent grandement notre solution. Je n’ai jamais vu de retours aussi qualifiés que depuis que nous menons ce projet. Mais côté usage du marketing web, c’est totalement mort…
Le fait est que le sujet est complexe à diffuser sur son mur Facebook, Google+ ou Twitter. Forwarder une newsletter de Gentle à des amis n’est pas plus aisé.
Comment ? Tu voudrais qu’on entre avec vous dans cette application ??? Tu veux te taper Ludivine ?
J’ai vu ton retweet sur une appli qui s’appelle Gentle… Ça a l’air bien cochon ton truc. Vous comptez y faire quoi avec Ludovic ?
Maman a vu passer sur ton mur un article sur un site de rencontres pour couple. Vous êtes comme DSK avec Sabine ?
Grosso-modo, c’est le genre d’application qui doit demeurée discrète, …
Vous me rétorquerez que Gleeden ne l’est pas, mais pour avoir cherché, globalement, la seule source de diffusion massive est la leur et est très peu relayée à part par les experts ou blogueurs sexo. D’ailleurs, ce week-end, c’est leur Journée de l’Infidélité — contre laquelle nous “luttons” — et on ne peut pas dire que leurs utilisateurs s’égosillent sur les réseaux sociaux à ce propos.
Toutefois moins polémique que le concept assumé de Gleeden, Gentle n’en est pas moins gênant à liker, retweetter ou forwarder. Le couple reste une entité qui n’a pas droit à s’amuser dans le lit conjugal, même pas avec des sextoys, alors imaginez avec les personnes seules ou en couple qui viendraient les y rejoindre.
Et pourtant, nous allons le faire. Nous allons disrupter la rencontre de couples avec Gentle, et faire entrer le dating de couples dans les mœurs. Notre SexTech vient d’ouvrir les yeux sur un écueil, mais ce que nous disent les gens qui nous écrivent nous encourage encore davantage car, sans concertation, tout le monde nous parle du même besoin et rencontrer le même genre de blocages. Nous n’avons pas 36 produits à créer, mais un seul, bon, solide, sécurisé et de qualité.
Tout cela me fait penser à l’aventure de B.Sensory — une autre belle entreprise dans la SexTech — qu’expliquait sa fondatrice Christel Le Coq au sujet de la recherche d’un prêt bancaire : lorsqu’une banque, dont le métier de base est de prêter en sécurisant ses profits, n’assume pas ce genre de projets, c’est que notre pays a un sérieux problème avec ce qui se passe dans le lit des gens, et a même l’outrecuidance de vouloir donner son avis.
Alors bon, d’accord, niveau marketing web, nous n’allons pas pouvoir compter sur la viralité des sujets que nous diffusons actuellement. Mais nous ne nous avouons pas vaincu et saurons très vite rebondir là-dessus.
Alors, accrochez-vous à vos draps, car nous venons disruptiner le secteur ;)
