Dans les pas d’un designer, facilitation d’un atelier d’initiation au design

Retour sur le workshop animé lors de La Conf SchoolofPO et sur la façon dont il a été pensé

Aurélie Rolland
8 min readApr 7, 2019

Retour sur le déroulé du workshop

En février 2019, j’ai été invitée à animer un talk lors de la Conf School of Product Ownership à Paris.
Durant 1h30, avec des participants curieux de découvrir ce que la profession de “ux designer” cachait, nous nous sommes attelés à ré-organiser les informations d’un site, produire des wireframes et faire tester nos maquettes à des utilisateurs enthousiastes.

J’ai construit mon atelier autour de trois points qu’il me semblait important de transmettre : que les participants comprennent que l’on construit autour d’un besoin, que le feedback utilisateur est important et que le design n’est pas “une méthode”.

J’ai découpé mon atelier en 3 parties.
1. Theorie -15min
2. Mise en partique -60min
3. Questions/réponses -5min

Introduction, qu’est ce que le métier de product designer ?

L’atelier était trop court pour que nous puissions balayer toute la palette de compétences d’un UX. Je me suis donc recentrée sur des notions très concrètes : la production de maquettes et le test utilisateur.

A noter : dans mon quotidien, cette facette de “réaliser des maquettes” ne représente pas la majorité de mon temps et varie beaucoup selon le produit sur lequel je travaille. Je passe beaucoup plus de temps en atelier, avec les utilisateurs, à regarder les chiffres, comprendre le besoin etc. Je m’en voudrais de véhiculer l’image du designer “producteur de maquettes” à laquelle je n’adhère pas :)

Dans la première partie du workshop plus théorique, j’ai essayé de donner une vision globale du métier de designer.

Je vous encourage vivement à lire cet article qui fait le parallèle entre design industriel, product design et fait un macro-mapping des différents metiers que vous pouvez rencontrer en design :

Déroulé de la mise en pratique

Pour la deuxième partie du workshop, j’ai “crée” un faux case study autour d’une startup proposant la livraison à domicile de pain chaque matin. Le pain provenant d’une boulangerie de quartier. Il y avait 3 offres. J’ai partagé la vision produit, les personas, nos KPI (mauvais malgré de nombreuses visites sur notre site et une adhérence forte au concept).
J’avais également conçu le site internet de la startup, très verbeux.

Le contexte de base était donc que la phase de recherche en amont était pensée de façon cohérente malheureusement le site ne convertit pas !
Il fallait donc travailler sur le site pour améliorer et facilité l’expérience des utilisateurs.

1. Définition des rôles
Pour cette première partie, chaque participant a rejoint une équipe de 6 personnes : ils seraient les designers. Pour ma part, j’ai endossé la casquette de Product Manager. Je pouvais également changer de place et devenir “utilisateur” si les participants avaient besoin d’aide.

2. Commencer par l’expression du besoin

Ma première demande fut de réclamer l’ajoute d’un bouton clicable sur la Homepage du site. A cet instant, j’imagine que certains participants ont souhaité quitter l’atelier…
Heureusement une première voix timide s’est fait entendre :

Je ne suis pas sûre que cela change grand chose de mettre un bouton, on ne comprend rien à ce site !

Exactement, j’avais commencé par émettre une solution plutôt qu’un besoin.

“Quel est le besoin ?
- Convertir et avoir plus d’inscrits
- Et tel quel, pourquoi le site ne va pas ?
- Trop verbeux / il ne donne pas envie / pas d’info etc.”

Nous avions la base, nous pouvions commencer à travailler !

3. Trier les informations et les hiérarchiser
J’ai séparé cette partie en deux temps . Tout d’abord, les participants ont été invités à trier les informations présentes sur le site en grandes catégories (type de service / “mode d’emplois” / offres / informations liées à l’entreprise etc.) puis les équipes devaient regarder chacune des informations et décider si elles avaient de la valeur sur la première page du site, pour ensuite les ordonner de façon à ce qu’elles donnent envie à l’utilisateur de souscrire à une offre (le besoin).

4. Wireframing
Ensuite, les participants ont commencé à mettre en forme sur papier le scénario de leur landing page. J’avais prévu des aides types “zoning cards” si certains groupes se sentaient plus à l’aise.

5. Test utilisateur
A la fin de temps “wireframing”, les équipes avaient chacune une esquisse de landing page avec un zoning et le bon wording. Pour le quatrième atelier, un membre de chaque groupe passait dans un autre et devenait l’utilisateur du site. Les membres de l’équipe devaient énoncer clairement quel état l’objet de leur test (si l’offre était comprise par l’utilisateur et si il avait envie de souscrire). Ils avaient des post it rouges et verts pour y noter les réactions des utilisateurs négatives et positives.

6. Restitution des groupes
Pour la dernière phase, les équipes se reformaient et debrieffaient des tests. Ensuite, une personne de chaque équipe venait présenter à l’ensemble de l’assistance leur maquette en commentant la réaction des utilisateurs.

7. Le design n’est pas une méthode
Enfin, j’ai montré aux participants un gabarit très classique de landing page que l’on trouve un peu partout. Classique, normalisé et qui fait bien le “job”. La normalisation du design est intéressante (j’envisage d’écrire prochainement un article à ce sujet), elle permet de réaliser des choses de manière efficace dans des délais courts. Mais le design ne peut-être que normalisation, on s’ennuie.

Je leur ai alors montré le site https://youarethestylist.imm-g-prod.com. Il est dynamique, surprenant et entrainant. Parfois, il faut savoir ne pas être exactement là où on vous attend pour créer une expérience utilisateur mémorable !

Envie d’animer un atelier similaire ? 2–3 choses avant de se lancer !

Certains des participants souhaitaient animer un atelier similaire dans leurs entreprises pour les familiariser à une approche plus “UX”. Je vous livre la façon dont j’ai procédé.

Que transmettre ?

J’ai une obsession pour le “sens”. Ainsi, lorsque j’anime un atelier je me force à répondre à “pourquoi est-ce que je le fais / qu’est-ce que je veux que les personnes présentes à mon atelier apprennent ?"

Dans le cas de ce workshop, je voulais transmettre plusieurs choses:

- la première étant, sans doute, de démystifier, l’idée collante du designer “qui fait seulement des maquettes.
Je passe plus de temps à réfléchir en amont, animer des ateliers, comprendre le vrai besoin, rencontrer des utilisateurs, échanger avec les équipes tech et produit, tester nos propositions et itérer qu’à faire des wireframes.

- J’espérais aussi rallier les participants autours du besoin fondamental des retours utilisateurs : ma vision n’est pas forcement celle de nos utilisateurs.

- Enfin (et surtout ?) que le design n’est pas une méthode et il n’est pas forcement normatif (l’idée de la normalisation du design me passionne depuis le mois dernier, j’espère avoir le temps d’écrire un article bientôt). Il y a des étapes importantes qui permettent de structurer une pensée mais le résultat n’a pas besoin d’être forcement la réponse que l’on attend tous.

Bien choisir le study case

Personnellement j’ai inventé un concept, mais créer un cas pour ce genre d’ateliers “run” n’est pas nécessaire. Vous pouvez prendre un site existant dont le concept vous parait pertinent mais l’architecture de l’information déroutante.

Quelque soit l’option que vous privilégiez, cela ne va pas vous priver de travailler en amont la phase de recherche : créez la vision produit, pensez les personas, veillez à ce que les informations principales soient présentes, cela aidera vos participants à rester focus sur la partie qui nous interesse :)

Séquencer l’atelier, et minuter chacune des parties

Pour un souci d’efficacité, j’ai découpé chaque action à réaliser emicro-ateliers auxquels j’ai donné une durée.
Cela permet aux utilisateurs de rester concentrés sur la tâche sans anticiper celle d’après.

Ensuite, il m’a fallu jouer au time-keeper pour faire “respecter les durées”. Je prévenais les groupes systématiquement 2 min avant la fin de chacune des étapes. J’ai aussi l’habitude de prévoir 10min en plus sur l’atelier global (cela me permet de laisser un peu plus de temps si je vois qu’une étape demande 5min de plus).

Mixer les groupes et passer les voir fréquemment

J’essaie que les groupes ne comptent pas moins de 5 personnes et pas plus de 8.

J’essaie aussi de faire des groupes mélangeant les compétences pour éviter d’avoir des groupes uniquement composés de personnes sensibilisées au design et d’autres beaucoup moins.

Préparer le matériel nécessaire aux participants

J’avais préparé en amont des documents à remplir pour faciliter le travail des personnes présentes ainsi que des aides (des parties des documents pré-remplies, des gabarits pour les maquettes etc.) si jamais les participants étaient en difficultés.
Le jour J, j’avais pris avec moi des feuilles blanches A3, des feutres et des post-it.

Et surtout, n’oubliez pas votre matériel ! Cela parait évident mais je préfère le préciser (j’ai fait imprimer les supports la veille à 19h, j’avais oublié! Et le jour J, je n’ai évidement pas pris mon adaptateur…)

Se lancer

Je crois que je n’ai rien oublié de ma préparation, vous voilà prêts pour animer un atelier de ce type :)

Certains d’entre vous m’ont demandé les slides, n’hésitez pas à me contacter par mail. Nous pouvons organiser un BBL ou une nouvelle session dans les locaux de beNext.

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Aurélie Rolland

Passionate product designer working with startups | ex @francetelevisions | Ready for the future