Connaissez-vous la MaaS ?

Benoit Zante
TLDR by Benoit Zante
5 min readOct 12, 2018

Pendant quelques jours, j’ai arpenté les halls de la Porte de Versailles, à l’occasion du Mondial de l’Auto…

Pour ses 120 ans, le salon était en pleine ebullition : avec les équipes du Hub Institute, je viens de réaliser un rapport sur les tendances du marché de l’automobile et de la mobilité, versant Tech (il est accessible gratuitement ici), ainsi qu’un article (ici). Véhicule connecté, semi-autonome ou autonome, solutions de mobilité “as a service”, services de “car-sharing” en “free-floating” : tout bouge très vite !

Car, non, la chose à retenir de ce Mondial de l’Auto n’était pas “AEX”, l’offre de podcasts présentée par Renault, dans la foulée de son entrée au capital du groupe Challenges : l’opération ressemble davantage à un concept monté à la va-vite, pour surfer sur les mots clés du moment (“voice”, “artificial intelligence”, “personnalisation”, “contextual”…) et susciter un mini-buzz, qu’à une révolution pour le secteur. Face à Google/Youtube, Facebook/Instagram, Amazon/Alexa, Apple/Siri ou Netflix, les chances des constructeurs de gagner la bataille de l’habitacle sont bien maigres…

Il y avait plus intéressant à observer et à analyser, comme les différentes innovations dans le domaine de la mobilité. Pour les constructeurs, c’est un changement total d’approche : certes, ils continuent à vendre des véhicules aux particuliers et aux entreprises, mais ils préparent la suite, en créant des offres de mobilité innovantes (Free2Go chez PSA, Moov’in chez Renault, Car2Go chez Daimler), dont les flottes seront les débouchés de demain pour leurs modèles.

En parallèle, un concept est en train d’émerger, à mesure que le monde de l’automobile passe de l’ère de la possession à celle du partage : celui de la “Mobility as a Service” (MaaS).

Dans sa forme la plus aboutie, la MaaS repose sur une approche similaire à celle des forfaits téléphoniques : chaque mois, les usagers du service sont prélevés d’un montant fixe, qui donne droit à des crédits utilisables auprès des différents modes de transport (bus, train, tramway, vélo partagé, voiture de location…). A la clé : flexibilité, simplicité et économies, aussi bien pour l’usager que pour la collectivité.

Les défis de la mise en oeuvre d’un système de MaaS sont énormes : il faut que les différents prestataires de transports se mettent autour d’une même table, partagent leurs données et leurs informations clients, et mettent en place un système de compensation pour se rémunérer. Seules quelques municipalités pionnières ont déjà expérimenté sur le sujet, dans les pays scandinaves, notamment.

Une première étape est déjà d’avoir un système d’identification client et de paiement unique, un peu comme lorsque le pass Navigo permet aussi bien de voyager sur le RER ou le métro, ou de débloquer un Vélib. Le chemin à parcourir pour unifier tout l’écosystème est encore loin, mais à la clé, chacun devrait s’y retrouver…

// En bonus //

1️⃣ Mark Zuckerberg arrivera-t-il à “réparer” Facebook avant qu’il ne soit trop tard ?

[TL;DR]* : Au détour de ce portrait du New Yorker, on découvre ses passions pour les jeux de société, l’histoire romaine (et le latin…) ou son esprit de conquête. Mais on passe vite aux faces sombres de Facebook : la volonté de maximiser la croissance et l’engagement des utilisateurs à tout prix, les multiples expériences menées sur les utilisateurs et leurs données, l’impact dramatique de la diffusion de fake news et de discours de haine, notamment en Birmanie, l’aide apportée directement par les équipes de Facebook à Trump pendant sa campagne, etc. Surtout, en face, il semble bien que la culture de l’entreprise et les valeurs de ses dirigeants sont peu propices à une remise en cause radicale…

La punchline : C’est un homme qui a bâti sa fortune en exhortant ses employés à ‘faire en sorte que le monde soit plus ouvert et transparent’. Mais son appétit pour l’ouverture est limité. […] Ses efforts pour protéger sa vie privée attirent inévitablement l’attention.”

Une seconde pour la route ? “À chaque fois que l’entreprise parlait de ‘connecter les gens’, il s’agissait en fait d’un nom de code pour ‘faire croître la base d’utilisateurs’.”

2️⃣ L’interview d’Eli Pariser, l’inventeur des “bulles de filtres”

[TL;DR] Ce militant et entrepreneur américain est aussi le théoricien du concept de “bulles de filtres”, élaboré dès 2011. Pour lui, la solution n’est pas forcément d’exposer volontairement les internautes à des contenus qui vont à l’encontre de leurs convictions, pour casser la “bulle de filtre”. Les plateformes ne sont pas les mieux placées pour résoudre le problème qu’elles ont-elles mêmes créé, car il est presque impossible de construire un même algorithme qui fonctionne pour des milliards d’utilisateurs issus du monde entier. “Ce n’est pas une tâche qu’une poignée de personnes est capable d’accomplir. Il n’y a pas ‘un algorithme pour les diriger tous’ qui fonctionne pour 192 pays, sans écraser tout ce qui fait la richesse et l’individualité des pays.” Sa solution : créer des espaces d’échange et de discussion… Mais il conclut de lui-même que la tâche est un brin complexe.

La punchline : “Restera à savoir si un modèle économique qui repose sur la publicité, et donc une forme de manipulation, est compatible avec ces aspirations.”

3️⃣ Six scénarios d’un monde sans travail..

[TL;DR] : Gilles Saint-Paul, chercheur en économie, envisage 6 avenirs pour une société où la majorité du travail est robotisé… Spoiler : aucun ne fait vraiment rêver. Le moins pire est l’un des moins réalistes (un Etat-Providence, où les propriétaires de robots payent une taxe… mais quid des délocalisations et du dumping fiscal de certains Etats ?). Sinon, on a le choix entre un retour à l’Empire romain, (avec ses plébéiens oisifs profitant du clientélisme d’une oligarchie), un monde de guerres, famines et épidémies, ou une plongée dans la “matrice”. Le plus probable reste celui d’un modèle “néo-fordien”, où les entreprises maintiennent des emplois humains, peu utiles mais bien payés, afin de s’assurer une base de consommateurs et une certaine paix sociale…

La punchline : “Dans mon scénario néo-fordien, les gens ont des revenus élevés pour des emplois purement formels au sein d’une hiérarchie prétendument productive. Ils font des présentations Powerpoint accessoires et de longues réunions oiseuses.”

// Le mot de la fin //

Toujours en forme après ces visions orwelliennes du futur ? N’hésitez surtout pas à partager ce post… Pour recevoir les suivants par e-mail, un formulaire d’inscription est disponible ici.

Je continuerai à vous donner des nouvelles de temps en temps !

Au programme des prochaines semaines : le HUBFORUM, puis la Dutch Design Week et Amsterdam Dance Event (oui, c’est éclectique !) Faites-moi signe si vous y serez aussi ;)

Benoit Zante

*Pour exprimer que la section qui suit le sigle est un résumé du message initial, pour les personnes qui ne veulent pas en lire l’entièreté.

--

--