Coup de coeur

Benoit Zante
TLDR by Benoit Zante
5 min readFeb 6, 2019

Pour la 4e édition de leur Maddy Keynote, les équipes de Maddyness remplissaient une nouvelle fois les murs du 104 à Paris, en attirant 7 200 participants…

Autant l’avouer tout de suite : même si j’y ai passé une bonne partie de la journée, je n’ai eu le temps de ne voir aucune des “keynotes”, préférant multiplier les interviews en salle de presse pour un nouveau projet dont je vous tiendrai bientôt au courant. De toute façon, comme feu LeWeb, l’intérêt de ce genre d’événement est avant tout le networking, a fortiori lorsque les vidéos des interventions sont aussi diffusées en ligne.

Ce principe du “replay” est d’ailleurs un gain de temps incroyable : il permet d’aller directement à l’essentiel, en se fiant à l’applaudimètre. Et à l’applaudimètre, l’une des grandes gagnantes est Carole Juge-Llewellyn, la fondatrice de la marque Joone. J’ai eu la chance d’échanger avec elle pendant un petit moment (merci Roxane) : une bouffée d’air frais.

Son parcours est plutôt atypique dans l’écosystème start-up française : pas de passage par HEC ou l’ESCP, mais un cursus en littératures américaines et un poste de prof à la fac. Ce n’est donc pas une entrepreneuse biberonnée aux tableaux Excel, mais une littéraire, qui compte plusieurs romans à son actif. Elle a aussi une botte secrète, qui explique son succès sur la scène du 104, et sa capacité à embarquer les gens dans son aventure : un passé de comédienne.

Pourtant, on a envie d’espérer que Carole Juge-Llewellyn ne joue pas la comédie et de croire qu’elle est sincère lorsqu’elle dénonce un modèle de la grande distribution à bout de souffle. Surtout qu’elle ne se contente pas de dénoncer, elle agit. Sa solution ? Des produits pour bébé sans chlore, ni parfum ni parabens ou phtalates.

Car Joone fabrique des couches. Mais aussi du linge et des produits de soin. Pourquoi faire simple ? Là où les autres “DNVB” (l’acronyme pour “Digital Native Vertical Brands”) sont mono-produits, ou du moins mono-verticale (à l’exception peut être de la marque américaine Brandless), Ce “Slip Français de la couche” attaque trois secteurs à la fois.

L’approche n’a bien sûr rien à voir avec celles des P&G et autres Unilever. Joone produit en France, déjà. En s’appuyant sur un cahier des charges ultra-strict. Et elle vend exclusivement en ligne, sur son site, sur abonnement. A chaque livraison de couches, les parents sont invités à ajouter un lait hydratant ou une cape de bain. Malin.

Le plus difficile pour une perfectionniste comme Carole Juge-Llewellyn n’a pas été de convaincre les clients du bien fondé de sa démarche (la presse s’en charge très bien, cf. cette mise en garde récente du gouvernement sur la toxicité de certains produits du marché), mais plutôt de trouver des fournisseurs capables de jouer le jeu et de revoir les process industriels établis.

D’autant plus que “travailler avec une start-up, c’est très compliqué pour un fournisseur : soit on commande de toutes petites quantités et ça ne les intéresse pas, soit on ‘scale’ et il y a tout d’un coup de très grosses montées en charge” explique-t-elle. Pour les couches, elle a finalement trouvé la perle rare, à Epinal.

L’autre combat de Joone est la transparence. Tous ses fournisseurs sont listés sur son site. La marque est aussi fière d’annoncer qu’elle est la première à publier les résultats de ses analyses toxicologiques. “La transparence est au coeur de nos process, elle doit être un vecteur de vente” affirme-t-elle, en espérant bien initier un mouvement qui dépasse sa seule entreprise…

Malgré ses prix 20 à 25% supérieurs à ceux du leader du marché, elle a séduit les parents (2 millions de couches livrées en décembre dernier) et expédie déjà ses produits dans une quinzaine de pays… le début d’une success-story ?

// Auto-promo //

Si ce sujet des marques “digital native” (ou “DNVB”, “Direct-to-Consumer” ou encore “Vertical-Commerce) vous intéresse, je viens de publier un article sur le sujet sur le site du HUB Institute, en anticipation du rapport “Future of Retail” qui sort prochainement. Pour le lire, c’est ici.

// En bonus //

Cette semaine, je vous propose deux autres coups de coeur, en podcasts :

1️⃣ L’aventure entrepreneuriale de Shanty Biscuit, dans Génération Do-It-Yourself

[TL;DR] Shanty Baehrel n’avait rien pour monter une entreprise, elle se retrouve pourtant aujourd’hui aux manettes d’une start-up de 13 personnes, qui produit 30 000 biscuits personnalisés par jour et compte 63 000 abonnés sur Instagram, grâce à des posts humoristiques mettant en scène ses produits. Au-delà de ces chiffres encourageants, c’est surtout la fraicheur et l’enthousiasme de la créatrice qui marque : pendant 1h20 (quand même…), elle ne cache rien de ses galères (la rupture avec ses associés, les premières grosses commandes à assurer…) et partage sa vision pour l’avenir (“scaler”, s’implanter aux Etats-Unis…). Et dire que tout cela est né d’un cadeau d’anniversaire : un kit de pâtisserie, avec un emporte pièce en forme de biscuit et l’alphabet en tampons..

La punchline : “Je ne me suis pas dit : je vais monter un business. Je me suis juste dit : il faut que ça existe. Et je l’ai fait.”

Ecouter le podcast

2️⃣ Ivan Gaudé, co-fondateur de Canard PC, avec le Tank Média

[TL;DR] Une autre belle aventure entrepreneuriale (décidément…) mais côté média, avec l’histoire du titre Canard PC, qui comme son nom ne l’indique pas, parle de jeux vidéos, depuis 15 ans maintenant. Là aussi, il est question de galères (des plus anciennes, avec la recherche du modèle économique, aux plus récentes, avec Presstalis), et, encore une fois, de beaucoup d’insouciance. Mais ça marche, grâce au lien créé avec les lecteurs. Je vous conseille en particulier les 5 dernières minutes, si vraiment vous n’avez pas le temps et que le sujet vous intéresse.

La punchline : “On n’est pas marchands d’eau tiède, ça ne peut pas marcher sur un média aujourd’hui. L’avenir des médias est dans la presse de caractère.”

Ecouter le podcast

// Avant de nous séparer //

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Benoit Zante
@bzante

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