De retour du grand nord…

Benoit Zante
TLDR by Benoit Zante
5 min readOct 5, 2018

La semaine dernière, j’ai eu la chance de participer à l’Oslo Innovation Week

Pendant une semaine, plus d’une cinquantaine d’événements avaient lieu à travers la ville, sur des sujets pour le moins variés : urbanisme, éducation, Fintech, alimentation… et même la vie sous-marine !

Le parti pris des organisateurs m’avait intrigué: “il ne s’agit pas seulement de parler du monde qui change, mais de contribuer au changement du monde dans lequel nous vivons.” Hackathons, conférences destinée à inciter à l’action et co-création étaient donc au programme…

Mais ça c’est sur le papier… car pour des questions d’agenda, je n’ai pu assister qu’à la toute fin de l’événement. En arrivant le jeudi, j’ai eu l’impression d’arriver après la bataille. Mais l’accueil, l’organisation et les conférences auxquelles j’ai assisté m’ont semblé bien en phase avec les ambitions affichées.

J’ai principalement suivi les conférences dédiées aux médias et au journalisme. L’occasion d’écouter notamment le témoignage d’une des gagnantes du prix Pulitzer cette année, dans la catégorie “Information Locale”, avec le projet “7 days of heroin” mené par le Cinncinati Enquirer.

Pendant une semaine, une bonne partie (60 journalistes) de la rédaction a enquêté sur les ravages de l’héroïne dans sa région, avec une ambition : montrer son ampleur et faire prendre conscience qu’elle ne touche pas seulement les pauvres et les exclus. Au fil de la semaine, reportages, interview et récits poignants se sont succédés, avec des angles différents, presque 24h/24.

Le dispositif intégrait aussi une dimension “data-journalism”, sur le terrain : en l’absence de données sur le sujet, les équipes du journal ont écumé les hôpitaux et les commissariats pour compiler des données jusqu’alors inexistantes. En une semaine “lambda”, ils ont ainsi comptabilisé 18 morts, 200 consommateurs d’héroïne en prison, 180 overdose et 15 naissances de bébés ayant des problèmes liés à la consommation de drogue de leur mère…

Y-a-t-il meilleure illustration du rôle fondamental des journalistes dans nos sociétés, que ce soit à l’échelon mondial ou ultra-local ?

“Fun” fact : impossible pour les lecteurs européens d’accéder aux contenus du Cinncinati Enquirer… Comme pour USA Today et les autres titres du groupe Gannett, sous couvert du RGPD, son site redirige vers une “European Union Experience”, avec seulement quelques articles, mais aucun cookie.

// En bonus //

Dans l’avion de retour d’Oslo, j’ai lu deux articles et regardé une vidéo qui devraient vous intéresser : bonne lecture !

Vice, une entreprise construite par le bluff

[TL;DR]* : Vice est l’illustration parfaite d’une règle en vogue chez les start-up : “fake it until your make it”… Autrement dit, ce n’est pas grave d’enjoliver un peu les choses, si cela vous permet d’arriver à vos fins. Du gonflement des chiffres de diffusion de son magazine à l’installation dans de faux bureaux pour rassurer des clients, on découvre ainsi que depuis ses débuts, le média s’est construit sur des bluffs et des coups de poker plus ou moins gros, jusqu’à lever plus d’un milliard de dollars au total. Mais combien de temps un tel modèle peut-il faire illusion ?

La punchline : Si ces mensonges ont si bien fonctionné, c’est parce qu’à la fin, on finissait par y croire” explique Suroosh Alvi, l’un des co-fondateurs du groupe, version magazine, en 1994.

Le sens du timing des fondateurs d’Instagram

[TL;DR] Le départ de Kevin Systrom et Mike Krieger d’Instagram est l’occasion pour Wired de revenir sur l’histoire de l’entreprise et de son acquisition, en 2012, pour 1 milliard de dollars, une somme qui semblait folle à l’époque. Pour les co-fondateurs, cette vente, comme l’annonce de leur départ est intervenue au moment opportun : à l’époque, Systrom et Krieger comprenaient tout le potentiel de leur application, mais voyaient les limites de leur modèle de croissance. Avec Facebook, ils ont trouvé un partenaire qui leur a laissé une relative indépendance, tout en les aidant à recruter des utilisateurs, attirer des talents et séduire des annonceurs, pour mieux se concentrer sur ce qui les intéressait vraiment : le développement de leur produit.

La punchline : “Si Instagram continue sur sa lancée, et devient quelque chose d’encore plus important, Systrom et Krieger pourront toujours en avoir le crédit. Si, au contraire, Instagram connaît le déclin inévitable que tant de ses pairs ont connu, ils ne pourront pas en être tenus pour responsables.”

Yann Le Cun (Facebook) sur l’état de l’art de l’IA

[TL;DR] : Le développement des technologies d’intelligence artificielle connait une accélération notable, notamment grâce à la quantité de données désormais accessibles. Par exemple, les milliards de photos postées chaque jour sur Instagram constituent une matière formidable pour les chercheurs de Facebook. Lorsque vous en postez une, pas moins de 4 outils de reconnaissance visuelle la passent à la moulinette… À noter : la semaine dernière, je vous parlais des chinois de Baidu, qui considéraient le “Reinforcement Learning” comme l’avenir de l’IA… Un point de vue battu en brèche par Yann Le Cun, qui explique que c’est surtout utile dans le jeu, mais pas applicable à la vie réelle…

La punchline : “Une grande partie de l’intelligence artificielle aujourd’hui est inspirée de la biologie. Mais juste inspirée, pas copiée. Il faut se méfier de copier la biologie de trop près.”

// Le mot de la fin //

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Au programme des prochaines semaines : le Mondial.Tech, puis le Hub Forum ! Faites-moi signe si vous y serez aussi.

Benoit Zante

*Pour exprimer que la section qui suit le sigle est un résumé du message initial, pour les personnes qui ne veulent pas en lire l’entièreté.

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