L’émotion, au cœur des Napoleons 2023 à Val d’Isère

Benoit Zante
TLDR by Benoit Zante
4 min readJan 17, 2023

Alors que le monde doit affronter de nombreuses crises simultanées — environnementales, politiques, sociales, etc. — les (bonnes) réponses s’avèrent difficiles à trouver. De la recherche d’un consensus accepté par le plus grand nombre jusqu’à la radicalité de certains activistes, le spectre est assez large… Après avoir dressé le constat cet été à Arles, Les Napoleons avaient choisi le thème de l’“Action” comme fil rouge de leurs rencontres hivernales, à Val d’Isère, la semaine dernière.

Pendant trois jours, il a donc été question des initiatives qui font bouger les choses et du passage à l’action, avec une forte présence du monde associatif, dans la lignée du mouvement amorcé lors des précédentes éditions.

Du boulanger Rodolphe Landemaine désormais figure de proue du mouvement vegan à Alexandre Tcherkassov, Prix Nobel de la paix 2022, en passant par Arthur Auboeuf de Time for the Planet ou Christopher Guérin, le DG de Nexans qui a sauvé son entreprise avec une approche “décroissante” (j’y reviendrai sûrement), les modalités possibles pour passer à l’action sont nombreuses.

Mais plus encore que l’Action, le sommet de Val d’Isère aurait pu prendre pour thème l’Émotion.

Je pense notamment à quatre temps forts — parmi beaucoup d’autres — qui ont marqué les participants.

  • L’introduction de l’activiste Camille Etienne et du maire de Val d’Isère. L’été dernier, Camille Etienne arrivait en conclusion dans les Arènes d’Arles. Cette fois-ci, elle faisait introduction des rencontres, le premier soir, à 2400 m2 d’altitude. Cette enfant des montagnes est venue parler des conséquences exacerbées du changement climatique dans les Alpes, un des plus beaux paysages, mais aussi l’un de ceux qui vont le plus souffrir. Avec elle, Patrick Martin, le maire de la station, reconnaissait avec réalisme toute la difficulté de sa situation : “une station de ski, ce n’est pas très vertueux, mais ce sont des emplois. Il va falloir trouver avec nos richesses d’aujourd’hui les moyens de construire l’avenir. On vivra encore longtemps en montagne, mais on vivra différemment”.
  • La présentation du projet Hopes de Yannick Monget. La Mairie de Val d’Isère organisait justement une exposition “hors les murs”, avec l’installation de différentes œuvres de Yannick Monget à travers la station. Scientifique, auteur et prospectiviste, celui-ci utilise les images pour transmettre ses messages. Avec ses visuels travaillés sur ordinateur, il imagine notamment les conséquences du changement climatique sur les villes et les paysages. Loin d’être défaitiste, il cherche avant tout à “faire rêver” et à “ouvrir les possibles”, en présentant des villes végétalisées ou des environnements résilients face à la montée des océans. Difficile de rester indifférent face à ses projections du futur.
  • Shirin Ebadi et le violoncelliste Pejman Memarzadeh. L’avocate iranienne qui a reçu le Prix Nobel de la paix en 2003 pour son engagement pour les droits humains est venue sensibiliser le public des Napoleons à la cause des femmes iraniennes — et au-delà, à celle de tout un peuple en pleine révolution. Un peu avant son intervention, j’ai eu la chance d’avoir un moment en tête à tête avec elle, pour une interview que vous pouvez lire ici. Sur scène le dernier soir, elle a tenu à recontextualiser (dans sa langue natale) le mouvement actuel, en remontant jusqu’aux premiers jours de la révolution islamique, avant de souligner la violence de la répression. Mais c’est aussi l’intervention de l’artiste iranien Pejman Memarzadeh, qui l’a rejoint sur scène pour la conclusion des échanges, qui a bouleversé les participants, avec son interprétation de l’hymne du mouvement, “Baraye”.
  • La rappeuse Fanny Polly. Dans un tout autre genre, la gagnante du prix Urban Shaker organisé par la Fondation L’Oréal avait déjà marqué l’assemblée la veille de l’intervention de Shirin Ebadi et Pejman Memarzadeh. Avec son flow et ses mots très crus, elle décrit sans fard la vie de nombreuses femmes, en banlieue, mais pas uniquement. Forcément à contre-emploi dans le cadre des Napoleons, elle avait finalement toute sa place pour bousculer les participants et faire réagir.

Car c’est bien là tout l’intérêt de jouer la carte de l’émotion : provoquer a minima une réaction… qui poussera au passage à l’action.

Benoit Zante

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En coulisses…

Avec Shirin Ebadi et sa formidable interprète, Maryam

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