“Mais pourquoi ?” : quelques réflexions suite au Web Summit 2019

Benoit Zante
TLDR by Benoit Zante
5 min readDec 3, 2019

“Mais pourquoi ?” C’est un peu l’état d’esprit dans lequel je me retrouve chaque année en parcourant les allées du Web Summit, à Lisbonne, lorsque je passe devant des startups qui cherchent à réinventer la roue et n’apportent rien de bien nouveau…

Car, oui, en 2019, dans les allées de ce concours Lépine 2.0, il y a encore des startups qui se présentent comme le “Uber de…” ou le “Airbnb de…” et des entrepreneurs qui pensent qu’ils peuvent être une alternative à Messenger, Booking ou Tinder, en proposant sensiblement la même chose que les leaders de leurs marchés…

On pourrait y lire un signe d’optimisme : dans la tech, aucune position n’est définitive, il y a toujours de la place pour un nouvel entrant ou une disruption… mais pour cela, il faudra apporter un peu plus qu’une innovation mineure !

Et ce, d’autant plus que l’histoire de ces dernières années montre bien qu’en dépit de toutes les belles théories et les grands discours, le monde de la tech est un marché “winner takes all”, où il est très difficile de déloger les acteurs qui y ont acquis des positions hégémoniques, à moins d’apporter quelque chose de vraiment unique et différenciant (et encore, ça ne suffit pas, il faut aussi avoir une exécution parfaite et pas mal de chance).

Heureusement, le Web Summit n’est pas qu’une source de frustrations : parmi les milliers de startups alignées en rang d’oignon — qui, au passage, sont de moins en moins “tech” — il y avait quelques tendances intéressantes à repérer, même s’il est toujours difficile de faire le tri dans tout ce chaos.

La première évolution majeure de cette année est le boom du “green”. Le salon lui-même s’est décidé à promouvoir le recyclage, tandis qu’un nombre croissant d’entrepreneurs présentaient des innovations autour du développement durable, que ce soit pour agir au niveau individuel ou à celui des entreprises. Évidemment, le “green washing” n’est pas absent des stands de multinationales comme de Coca-Cola, Volkswagen ou PVH (Tommy Hilfiger & Calvin Klein), mais l’intention est louable.

Parmi les startups du “green business”, Almond, une application gratuite qui se promet de nous aider à “Buy Better, Act Better and Offset the rest”, grâce au calcul de son bilan carbone et des possibilités de compensation. Dans le même esprit, UMPA utilise les principes du “nudge” pour nous orienter vers des choix plus durables.

Dans la mode, le collectif londonien The Trace Collective propose des collections “substainable” et les Espagnols de Springkode des vêtements “upcyclés”, tandis que la marque parisienne New Brands défend “un juste équilibre entre création mode, consommation et survie de la planète” (mais n’a pas encore de produits à proposer).

Dans un tout autre genre, les Portugais de Eco2block veulent rendre les trottoirs neutres en carbone, grâce au recyclage de gravats, pendant que les Suédois de Peafowl inventent des panneaux solaires “révolutionnaires” (et “beautiful”). Heureusement, sur ce sujet de l’innovation urbaine, la French Tech n’est pas en reste : elle était représentée par Tohar, qui propose des lampadaires qui assurent aussi la purification de l’air.

Dans le secteur du tourisme, le “green” est là encore une tendance. Mais il est intéressant de noter aussi que tout un écosystème continue à se développer en marge de l’”économie du partage” : on connaissait les conciergeries pour Airbnb ou les offres de stockage de valises, il y a désormais un service de décoration standardisé et clé en main pour les appartements de location (Fulhaus, mais aussi Drape), des serrures connectées pour donner accès à son appartement à distance (Keymitt) ou encore Beyond Pricing, un outil pour optimiser les prix de ses chambres.

Dans la Fintech, la thématique du Bitcoin, des cryptomonnaies et des “crypto-assets” en général reste particulièrement porteuse : il y a maintenant une plateforme d’achat qui s’adresse spécifiquement aux “millennials” (YoungPlateform), une assurance pour ces actifs virtuels (Kn0x) ou des portefeuilles de luxe (bien réels, eux), venant de Suisse.

Du côté des buzzwords, la blockchain est semble-t-il toujours aussi populaire (tout comme l’IA, bien évidemment), avec des champs d’application très divers. On avait cette année notamment :
- Treejer, pour adopter des arbres
- MedicalVeda, pour simplifier les relations médecins/patients
- Finexity, pour l’investissement immobilier
- Fincor, dans les services financiers
- Vestigia, pour la supply chain
- Virse, pour les mondes virtuels en VR…

Mais attention : la thématique du “Quantum” pourrait bien prendre la place de la blockchain. Boosté par les annonces récentes de Google, l’adjectif “quantique” émerge de plus en plus dans les pitchs des startups. On pouvait ainsi croiser les inventeurs du “premier taxi quantique” ou encore l’entreprise française Cryptonext qui promet de protéger nos données contre “l’ordinateur quantique” (rien que ça)… Pas de doute : le “quantum” est promis à un bel avenir, côté marketing, au moins. Nous verrons l’an prochain si la tendance se confirme…

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Benoit Zante

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