Plus vite ! 🐰🐢

… “Avant, les gros mangeaient les plus petits. Maintenant, ce sont les plus rapides qui mangent les plus lents”…

… cette métaphore est revenue à de nombreuses reprises dans la bouche des intervenants du Web Summit, à Lisbonne, comme un leitmotiv… Le plus étonnant est que cette expression se retrouvait aussi bien dans la bouche d’un alcoolier, d’un banquier que d’un leader de la mode…

Si on se concentre sur le seul sujet de la banque-assurance, que je viens de couvrir pour le HUB Institute avec un “FocusReport” sur le sujet et l’animation d’une soirée “HUBTALK”, cet enjeu de la vitesse est particulièrement criant…

D’un côté, des groupes bancaires empêtrés dans leur “legacy” (réseau d’agences, systèmes d’information,…) qui pendant longtemps se sont crus protégés par les barrières de la régulation.

De l’autre, des “Fintechs” ou autres “néo-banques”, qui partent de zéro et sont près à prendre certains risques avec la régulation, pour capter des parts de marché.

Ces nouveaux entrants placent très haut la barre en termes de services et d’expérience : “en partant d’une page blanche, ces nouveaux acteurs ont l’avantage de proposer une expérience utilisateur bien plus séduisante” résume Gabrielle Thomas, du fonds d’investissement spécialisé BlackFin Tech, que j’ai interrogé pour le rapport.

Certes, en France, l’impact des “neo-banques” est encore faible : celles-ci gèrent seulement 3,9% des comptes courants en France d’après l’ACPR, en incluant les banques en ligne. Mais ces acteurs “digitaux” représentaient plus d’un tiers des ouvertures de comptes en 2017… “Par leur dynamisme commercial, [ces nouveaux entrants] sont devenus des acteurs incontournables de la banque de détail en France” explique le rapport de l’ACPR. Surtout, ils habituent les clients à de nouveaux standards bancaires : réactivité, instantanéité, expérience fluide et sans couture…

Pour accélérer, les acteurs existants, peinant à se réformer de l’intérieur, n’ont d’autres choix que de mener une transformation à deux vitesses : l’activité traditionnelle évolue doucement, à coup de refontes de sites et de lancement d’applications et de nouveaux services (biométrie chez Société Générale, “Instant Payment” chez BPCE…), quand la vraie révolution de l’expérience client s’effectue en marge, par des rachats plus ou moins complexes à intégrer (Fidor par BPCE, Compte Nickel par BNP Paribas…) ou des lancements “from scratch” (Max chez Arkea, Ma French Bank chez La Poste).

Ma French Bank, qui sera lancée par La Banque Postale au printemps 2019, après une lente gestation (elle a été annoncée début 2017), est à ce titre emblématique : plutôt que de se réformer totalement, la banque a choisi de s’affranchir de l’existant, pour obtenir son propre agrément bancaire et s’appuyer sur un “core banking system” externe, comme l’expliquait Héloïse Beldico-Pachot, Directrice Marketing et Communication des nouvelles activités digitales de La Banque Postale, lors du Symposium Adobe à Paris (lire mon article ici, si ça vous intéresse).

Autre exemple frappant : le rachat en cours de Treezor, la “bank-as-a-service” par la Société Générale. Reposant sur des logiques d’API, Treezor propose des solutions “clé en main” pour les néo-banques et Fintechs, mais aussi les banques traditionnelles : émission de cartes bancaires, service de tenue de compte, paiement SEPA, etc. Autant de services que la Société Générale pourrait naturellement développer de son côté, mais pour lesquels les startups se montrent plus agiles.

Ce rachat montre que les plus gros peuvent encore se payer les plus rapide…

Mais pour combien de temps ? En embuscade, Google, Apple, Amazon ou Alibaba se positionnent sur des sujets clés de la banque-assurance, comme le paiement, la distribution de services bancaires ou la création de services innovants…

Benoit Zante

// Avant de nous séparer //

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Benoit Zante

@bzante