Quand l’IA écrit à notre place…

Benoit Zante
TLDR by Benoit Zante
3 min readJun 11, 2021

Je me souviens de la première fois que j’ai “vu” internet (ou plutôt deux machines reliées entre elles qui se sont mises à communiquer), de la première fois que j’ai touché une interface tactile (le Palm Pilot de mon père), de ma première recherche Google (quelques jours après que tous les PC de la salle informatique du collège aient mystérieusement adopté ce drôle de logo coloré en page d’accueil), de mon premier “smartphone” (un Samsung Galaxy Jet), ou encore de la première fois où j’ai pris un iPad en main, quelques jours après sa sortie en grande pompe aux Etats-Unis.

Je pense que je me souviendrai aussi de la première fois où j’ai pu accéder à la beta du modèle GPT-3, cette IA qui écrit des textes à notre place…

Après avoir écrit quelques mots, ou quelques lignes, l’effet est quasi-immédiat : la machine complète avec un texte de son cru, très convaincant. En tout cas bien plus convaincant que les textes produits par les modèles antérieurs. Et ce, y compris en Français, alors que le modèle est, a priori, optimisé pour l’anglais.

La prouesse est possible grâce aux algorithmes développés par l’entreprise OpenAI (soutenue par Microsoft). Ceux-ci sont “nourris” par des millions de textes. L’outil peut également être “entraîné” avec des contenus spécifiques pour des usages précis, dans le médical, le marketing ou l’informatique, par exemple.

Les usages potentiels de ce champ d’application de l’intelligence artificielle (le NLP pour “Natural Language Processing) sont vertigineux. Et les conséquences aussi. De l’invasion du web par des contenus optimisés pour le référencement sur les moteurs de recherche, produits dans des quantités inimaginables, jusqu’à des opérations de désinformation et de fabrication de fake news d’une ampleur inégalée.

Pour l’instant, l’accès à ces modèles est limité et reste relativement coûteux — les capacités de calcul nécessaires pour faire tourner les algorithmes étant encore importants. Mais tout ça pourrait se démocratiser assez vite.

De nombreux usages “grand public” de GPT3 ont déjà émergé : vous pouvez générer des titres, des idées et des paragraphes entiers pour alimenter vos blogs et réseaux sociaux avec des outils comme ceux de Copy.ai ou Adflow. Vous pouvez trouver des idées de business grâce à l’IA. Vous pouvez aider l’IA à battre les lecteurs du New Yorker dans le légendage de cartoons. Vous pouvez même dialoguer avec des “virtual beings” ou vous faire coacher pour réussir sur les sites de rencontre.

J’animais justement récemment un cours d’écriture (en ligne) pour l’école du storytelling Hero… Les travaux des participants m’ont rassuré : pour l’instant, eux seuls étaient capables de raconter leurs histoires, partager leur vision ou défendre leurs opinions. Mais demain ? Lorsque la machine aura réussi (aussi) à mimer l’émotion et l’empathie, elle n’en sera que plus puissante.

PS. Cette newsletter est garantie sans IA.

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Benoit Zante

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