Oona et Salinger, Frédérick Beigbeder

Marie Té
Bienvenue chez Booksquare
3 min readMar 31, 2016

Beigbeder étant un auteur incontournable du XXIè siècle, je vous propose de découvrir son dernier roman, Oona et Salinger, que vous pourrez acquérir sur Booksquare !

Au début du roman, Beigbeder décrit un monde séparé en deux camps : « D’un côté les individus sérieux, les bons élèves à cravate, les vieux bourgeois qui vont au bureau, se marient avec une ménagère superficielle, jouent au golf, lisent des essais qui parlent d’économie, acceptent le système capitaliste tel qu’il est (…). De l’autre, les adolescents immatures, les enfants tristes, éternellement en première année de lycée, les rebelles qui dansent toute la nuit et les désaxés qui errent dans les forêts, ceux qui posent des questions sur les canards de central Park, discutent avec des clochards ou des bonnes sœurs , tombent amoureux d’une adolescente de 16 ans, et ne travaillent jamais, restent libres, pauvres, solitaires, sales et malheureux »

C’est décidément ce dernier rang dont fait partie l’auteur ainsi que l’homme à qui il rend hommage dans ce livre : Salinger, l’éternel rêveur, et comme le dit Beigbeder, « l’écrivain qui a dégouté les humains de vieillir ». D’un coté, il y a un pauvre écrivain débutant, de l’autre une fille de dramaturge, issue de la jeunesse dorée new yorkaise, libre et insouciante, qui passe son temps à boire des coupes au Stork Club avec ses amies et qui a peur de vieillir, qui a peur de la vie en général : « j’ai peur de cette longue existence qui est devant nous, je ne sais pas quoi en faire. J’ai l’impression d’être devant un précipice ». Entre ces deux personnages iconiques, une idylle nait. Mais un fossé séparera cette jeune fille qui ne pense qu’aux paillettes et distractions éphémères de la nuit alors qu’une guerre déchire le monde et celui qui ira combattre au front en Europe et se confrontera aux dures réalités de la guerre.

Ce roman est comme une ode à l’éternelle adolescence : il y a Oona d’un côté, la douce enfant qui ne vit que par la fête et qui rêve d’être « la fille la plus heureuse du monde », de l’autre un poète torturé qui, à l’instar de son célèbre héros Holden Caulfield, se pose mille questions sur l’existence.

En évoquant l’histoire d’Oona et Salinger, Beigbeder aborde le thème de l’amour. « L’amour est l’utopie de deux égoïstes solitaires qui veulent s’entraider pour rendre leur condamnation supportable ». Il y aurait comme un fossé entre deux personnes qui cherchent à apaiser les tourments de l’existence en s’unissant à l’autre, et que l’amour, impuissant, n’arrive plus à lier, parce que l’amour en soi est défectueux à l’origine : « l’amour est une lutte contre l’absurde par l’absurde ». L’amour que l’on imagine salutaire est en fait une échappatoire vaine : il échoue à combler le manque existentiel qui nous incombe tous. Pourtant c’est bien un amour protecteur que trouvera Oona O’Neill dans les bras de Charlie Chaplin après son idylle ratée avec Salinger : « chez certaines jeunes femmes, l’amour consiste tout simplement à trouver l’homme capable de remplacer papa » explique Beigbeder ». Il y aurait donc un désir sous jacent chez les femmes de retrouver les bras protecteurs du père dans la quête de l’amour, comme pour échapper à la peur du vide.

Parler de Salinger, c’est évidemment parler de son oeuvre culte, L’attrape cœurs, dont Beigbeder dit que le message est : « soit vous vous conformez au mode de vie du cadre moyen, soit vous finissez à l’asile ». L’attrape cœur est en effet le livre des anti-conformistes, ceux qui se posent tant de questions sur la vie qu’ils finissent aliénés, ceux des idéalistes, ceux qui ne supportent pas l’hypocrisie du monde. Oona et Salinger, c’est l’occasion de découvrir la vie du fameux écrivain et ce qui l’a motivé à écrire l’une des œuvres les plus lues du XXè siècle.

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