J’ai accéléré mes travaux de recherche grâce au financement participatif

Le jeune chercheur tourangeau Julien Marlet (CHU de Tours, Université de Tours et Inserm) nous raconte son expérience réussie du crowdfunding sur Thellie.

Jean-Christophe Descieux
Bienvenue sur Thellie
7 min readMay 13, 2020

--

Julien Marlet au Centre Hospitalier Universitaire de Tours

Julien Marlet est virologue au CHU de Tours et Doctorant à l’Université de Tours au sein d’une équipe de recherche de l’INSERM spécialisée dans l’étude du VIH et des virus des Hépatites B et C.

En plus de son activité principale de recherche, il assure une activité d’enseignement auprès des futurs professionnels de santé ainsi qu’une activité hospitalière en tant que virologue au CHU de Tours.

Julien a lancé sur Thellie une campagne de financement participatif pour développer un nouveau test biologique permettant de mieux détecter et prendre en charge les patients en échec de traitement de l’hépatite B. Une approche cruciale afin d’éviter que les patients évoluent vers un cancer du foie, maladie grave difficilement traitable.

Grâce à la mobilisation d'une grande communauté de soutiens issue en particulier de son réseau personnel , sa campagne de crowdfunding intitulée, “Mieux comprendre les échecs de traitement du virus de l’hépatite B grâce aux tests phénotypiques”, a réussi à collecter près de 12 000 €, dépassant ainsi son objectif de départ fixé à 7 500 €.

Il nous témoigne son expérience du financement participatif évoquant des aspects positifs tel que la diffusion de la recherche scientifique et le lien créé avec le public, et d’autres aspects comme son investissement consacré à la promotion d’une campagne.

Thellie, une alternative de financement de la recherche innovante et adaptée à mes besoins de jeune chercheur

La recherche scientifique dans le domaine des sciences naturelles et de la santé repose sur l’utilisation de technologies innovantes et coûteuses. L’achat de ces réactifs est un des postes de dépenses principales des équipes de recherche.

Mon poste de chercheur sur le projet « Hépatite B » était financé pendant 2 ans par l’INSERM (poste d’accueil INSERM) mais l’achat des réactifs n’était pas compris dans le financement. Dans ce contexte, nous avons cherché à obtenir des financements régionaux ou nationaux. Ce type d’approche consiste à répondre à des appels à projets d’organismes ou de tutelles (Région, ANRS, Ligue contre le cancer, …). Cette recherche de financement est chronophage pour les chercheurs, et sans garantie de succès.

Dans cette phase préliminaire de recherche de financement, nous avons été contacté par notre tutelle (INSERM) pour participer à un projet « pilote » de financement participatif de la recherche médicale via Thellie. Cette approche, inédite pour l’INSERM, était proposée aux jeunes chercheurs.

Nous avons choisi le financement participatif pour financer notre projet car cette stratégie nous semblait innovante, compatible avec nos besoins (environ 10k€) et avec des chances de succès comparables avec les stratégies classiques.

Mais, l’avantage est de pouvoir augmenter la visibilité locale de notre équipe de recherche et de fournir à un public ciblé (patients, usagers de l’université ou du CHU, proches, citoyens locaux) la possibilité de financer un projet de recherche.

Une campagne structurée en 3 phases durant laquelle la promotion de mon projet auprès des médias locaux a joué un rôle déterminant

La campagne a débuté par la création et la publication de la vidéo du projet sur la page de campagne diffusée auprès de différents médias pour orienter le public vers le projet, avec la possibilité de devenir acteur du projet et de son financement.

Le résultat de la campagne était imprévisible (pour nous chercheurs) et nous avons avancé pas à pas, avec les conseils de nos référents chez Thellie.

Rétrospectivement, nous avons pu identifier 3 phases dans la campagne :

  • Une première phase de communication par mail et facebook aux amis, famille et collègues qui a permis de collecter 10–20 % de la somme demandée.
  • Une seconde phase orientée vers de gros donateurs potentiels (entreprises), ce qui nous semblait initialement indispensable. Nous avons ainsi contacté les industriels locaux et nationaux directement ou via des réseaux de philanthropie (Rotary, …) et personnalités philanthropes (Gates, …). Cette phase s’est avérée moins fructueuse que nous le pensions. Était-elle inutile ou trop précoce ?
  • Une troisième phase, en fin de campagne, où nous avons communiqué vers le grand public via des webradios puis la presse, TV et radio locale. Cette phase a eu plus de succès que prévu, avec une réponse rapide des journalistes et un retour du grand public. La notion d’urgence, avec le risque imminent d’échec de la collecte, a eu un impact positif majeur sur les dons. Par ailleurs, nous avons communiqué auprès de collègues médecins et pharmaciens, via les syndicats. Là encore, un très bon accueil des collègues et un gain sur le financement de la campagne. Sur la fin de la campagne, deux gros donateurs ont permis de dépasser le montant initialement demandé.
Graphique de la collecte de fonds de la campagne #hepatiteb de Julien Marlet. https://thellie.org/hepatiteb

Sur l’ensemble de la campagne qui a duré plusieurs mois, un investissement de 1h par jour était nécessaire. C’est un investissement important, qui a été compensé par le succès de la campagne et par l’établissement d’un lien étroit avec nos donateurs.

Toutefois, ce temps consacré à la recherche de financement (participatif ou non) est du temps qui n’a pas pu être consacré à la recherche.

Les échanges avec le public, la conception de la vidéo et la réalisation d’interviews médias ont été des moments importants pour moi

Si je devais retenir des événements marquants dans ma campagne, je retiendrai la conception de la vidéo du projet, les interviews TV/radio/presse écrite locale et le retour du grand public.

La conception de la vidéo était l’occasion de vulgariser mon projet de recherche. Cette vidéo restera comme un média permettant au grand public de prendre connaissance de ce projet et de l’équipe de recherche.

https://www.facebook.com/france3centre/videos/10156203524189518/

Les interviews m’ont permis de réaliser que la recherche pourrait occuper une place plus importantes dans les actualités locales. Pas besoin de découverte majeur. Au même titre qu’une troupe de théâtre qui se crée ou qu’un festival local, un projet de recherche qui débute ou qui se termine intéresse la communauté de journalistes et le grand public. Pour ceux qui le souhaitent, Thellie permet de prolonger l’expérience par un don défiscalisé par un lien privilégié avec le projet de recherche. J’ai compris qu’une partie de la population était en attente de cette main tendue de la part du monde académique.

Le retour du grand public a été très positif et rapide. Il ne faut pas sous-estimer l’importance et la visibilité de la presse locale dans le financement participatif pour la recherche.

Tout au long de la campagne, nous avancions dans l’inconnu, mais nous avons bénéficié de l’expérience et des conseils de nos collègues de Thellie, toujours très disponibles et positifs. Leur aide a été précieuse pour élaborer la vidéo, structurer la campagne et la dynamiser sur la fin. Nous n’aurions probablement pas pu collecter des montants compatibles avec un projet de recherche médicale sans leur aide.

Mon conseil pour vous aider à réussir votre campagne.

Avant de se lancer dans un financement participatif pour un projet de recherche, il faut vérifier quel est le besoin, la capacité d’investissement et les chances de succès :

  • Le besoin est toujours présent, sauf financement pérenne.
  • La capacité d’investissement est cruciale et doit être répartie sur toute la campagne, avec une accélération au début, une accalmie au milieu et un sprint à la fin.
  • Les chances de succès dépendent de la capacité du projet à susciter de l’empathie et de la qualité de la vulgarisation.

Si tous les critères sont réunis, alors il faut se lancer dans l’aventure, pour créer du lien avec la communauté de donateurs et permettre aux citoyens de devenir acteur de la recherche en leur permettant de contribuer au lancement d’un projet de recherche.

Re-découvrez le projet de Julien Marlet

En savoir plus sur Thellie :

  • Visitez notre site internet : thellie.org
  • Pour échanger avec nous : contact@thellie.org
  • N’oubliez pas de nous suivre sur : Facebook,Twitter

--

--