Les DAOs et les smart contracts expliqués à ta mère (2/2)
**La première partie de l’article est ici**
DAO. Un concept solide mais à l’état embryonnaire
Si vous vous demandez où lire ces contrats, comprenez bien que pour l’instant le concept n’en est qu’à son stade embryonnaire. Il n’est pas possible de trouver des smart contracts qui vous demandent par exemple de préparer 10 quiches lorraines et de les livrer à une adresse précise contre paiement. Il faudra d’ici là construire des objets connectés équipés de capteurs adéquats et de les lier aux smart contracts (capteurs qui vont vérifier la cuisson, la fraicheur, les ingrédients de la quiche lorraine etc). Sans compter qu’il faudra une interface facile à lire pour afficher et traduire les smarts contracts en langage humain. Énormément de travail reste à faire avant de voir les DAOs concurrencer les organisations traditionnelles du travail comme cadre de choix pour nos emplois et plus globalement nos activités économiques et contractuelles. En effet, plein d’autres métiers comme celui de juriste vont devoir évoluer pour s’adapter à l’arrivée des smart contracts.
Comment peut-on être sur que le smart contract va nous payer ?
Dans le cas d’un contrat de travail traditionnel l’employé signe le contrat tout comme l’employeur. Cependant, rien ne garantit à l’employé que l’employeur possède ou possédera le montant nécessaire au paiement de son salaire à la fin du mois. Tout est une question de confiance et au pire, en cas de litige l’employé peut contacter une autorité juridique pour forcer l’entreprise à le payer en présentant le contrat de travail signé par l’employeur et lui-même.
Dans le cas des smart contracts, avant même de travailler directement pour le smart contract, vous allez pouvoir vérifier directement dans le code que le contrat possède l’argent pour vous payer. C’est un peu comme si vous voyez devant vous une boite en verre dans laquelle se trouve de l’argent, mais que le seul moyen d’ouvrir cette boite pour prendre l’argent est de faire le travail demandé par le smart contract. Il n’y a pas non plus dans le smart contract de clauses cachées. Tout le code du smart contract peut être lu et vérifié par tout le monde. Tout le fonctionnement du contrat est transparent à 100%. Il ne s’agit plus d’avoir une confiance aveugle dans une personne ou une entité juridique et de signer un document pour se parer de toutes mauvaises éventualités, il s’agit de savoir lire le code source du smart contract et de constater qu’il s’exécute d’une façon déterminée.
Paiement en bitcoins, en ethers, en crypto-monnaies
Une autre différence avec les contrats de travail, c’est qu’avec les smarts contracts vous allez être payés non pas en euros, dollars, yuan, yen, livres sterling mais vous allez être payer en bitcoins, en ethers ou par le biais d’autres monnaies 100% digitales qui vont apparaître par centaines et par milliers dans les années à venir. A ce niveau-là, vous vous dites certainement: ‘Minute papillon! Bitcoin c’est une farce, je n’y crois pas une seconde, ce n’est pas de l’argent!’ Vous êtes sceptiques parce que vous ne comprenez pas comment ça marche? Eh bien vous avez raison. Cependant je ne vais pas vous expliquer ici pourquoi les bitcoins constituent de l’argent car cela nécessite un article en soi (voire plusieurs).
Pour bien comprendre la suite de l’article, partez donc du principe que les bitcoins représentent bien une forme de monnaie. Si nécessaire faites vos propres recherches à ce sujet. Néanmoins, sachez que Bitcoin est une structure financière, monétaire décentralisée et transparente; et que c’est sur ces même principes que s’appuient les DAOs. On peut d’ailleurs faire le même parallèle avec nos organisations centralisées (entreprises, gouvernements, association…) qui s’appuient sur des structures financières, bancaires toutes autant centralisés.
L’argent programmable
Sans l’avoir explicité, vous avez compris que les smarts contracts ne sont rien d’autre qu’un moyen de ‘programmer’ de l’argent. Ce concept d’argent programmable est lui-même extrêmement novateur. Jusqu’à présent il était impossible de programmer de l’argent. Vous pouvez certes programmer un virement bancaire auprès de votre banquier, mais dans ce cas là d’une part vous devez passer par votre banque qui peut décider ou non d’effectuer le virement et d’autre part la programmation du virement se limite à définir un montant, une date et un receveur. Dans le cas des smart contracts comme nous l’avons vu, vous pouvez définir une multitude de conditions, mettre de l’argent dans le smart contract et le laisser gérer le paiement si toutes les conditions sont réunis.
Mais où se trouvent concrètement ces smart contracts?
Pour le savoir, vous devez comprendre deux choses:
- ce qu’est une blockchain
- ce qu’est Ethereum
Une blockchain n’est rien d’autres qu’une ‘newsfeed’ des transactions d’argent. Vous pouvez par exemple voir la blockchain des transactions de bitcoins qui s’update en temps réel à cette adresse https://blockchain.info/
Les blockchains ont plusieurs propriétés:
- elles enregistrent toutes les transactions d’une monnaie digitale
- elles sont hautement sécurisé et infalsifiables: Une fois enregistrée, personne ne peut modifier une transaction qui y est inscrite
- elles sont publiques, tout le monde peut voir les transactions en temps réel
Ces blockchains sont maintenues par tout le monde, il suffit d’installer le programme associé. Par exemple pour contribuer au maintien de la blockchain de Bitcoin, il suffit d’installer le programme BitcoinCore https://bitcoin.org/en/bitcoin-core/ (précisons qu’il n’est pas nécessaire d’installer tout le programme Bitcoin pour pouvoir échanger des bitcoins) Personne ne contrôle donc ces blockchains. Tout les ordinateurs travaillent ensemble en suivant des règles mathématiques et algorithmiques pour vérifier les transactions sans avoir recours à un système centralisé.
La toute première blockchain est celle de Bitcoin. Cette invention en soi est une innovation extrêmement importante car elle permet entre autre à chacun d’envoyer de l’argent en se passant du système bancaire classique. Cependant elle est construite autour d’une seule fonctionnalité: envoyer et recevoir de l’argent en bitcoin. Parce que le code de fonctionnement du Bitcoin est publique, tout le monde peut dupliquer ce code, l’améliorer et le modifier à sa guise. Des développeurs ont donc développer un autre projet en se fondant sur les mêmes principes que Bitcoin mais en y ajoutant la possibilité de programmer de l’argent avant d’enregistrer la transaction.
Ce projet porte le nom d’Ethereum. Ethereum est donc un programme constitué d’une blockchain maintenue par des ordinateurs de particuliers à travers le monde. Cette blockchain enregistre les transaction d’une monnaie appelée ether. Ces transactions ont la particularité d’être activées de façon automatisée par les smarts contracts qui sont écrits et installés par les utilisateurs (VOUS, tout le monde) sur la blockchain d’Ethereum.
Ethereum est donc le support sur lequel des DAOs sont en train de voir le jour. Il peut donc aussi être défini comme un ordinateur global que tout le monde peut activer pour faire fonctionner les smart contracts des DAOs. Avec cet ordinateur ‘global et décentralisé’ vous pouvez faire 3 choses:
- écrire et installer des smart contracts sur la blockchain d’Ethereum
- activer des smarts contracts en mettant de l’argent dedans
- accomplir les tâches des smarts contracts qui sont activés et recevoir une rémunération
Bitcoin est considéré par beaucoup et à raison comme l’invention la plus importante depuis l’internet. C’est une technologie qui est révolutionnaire justement parce qu’elle permet l’émergence d’innombrables innovations encore plus révolutionnaires comme les DAOs et les smarts contracts.
Aujourd’hui, nous constatons à quel point l’informatique et l’internet sont devenus des outils incontournable dans notre quotidien. Mais en permettant à tous le monde d’écrire des smarts contracts, de les financer et de les exécuter avec un minimum de friction, les DAOs ont le potentiel de changer une fois de plus et de façon encore plus profonde non pas notre façon de communiquer mais cette fois-ci notre façon d’interagir économiquement les uns avec les autres.