entretien avec Rand Hindi, co-fondateur de Snips

“Aux mains des GAFAs, les assistants vocaux représentent le pire de l’Internet.”

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4 min readJun 14, 2018

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Rand Hindi lors d’une conférence (comme vous pouvez le constater assez aisément)

Rand Hindi est un entrepreneur français très médiatique, reconnu pour être un “super cerveau” de l’intelligence artificielle. Aujourd’hui, il se lance avec Snips dans l’aventure risquée des ICOs. On lui a posé quelques questions.

Pouvez-vous simplement nous expliquer ce qu’est Snips à l’heure actuelle ?

Snips est un assistant vocal open source, décentralisé et qui garantit la confidentialité des données des utilisateurs. Il permet de parler à des objets comme on parlerait à des humains, pour leur demander par exemple d’éteindre la lumière, de mettre le foot à la télé ou encore de faire fonctionner sa machine à café. On peut quasiment tout leur demander.

Quelle est votre stratégie pour être compétitif face à des monstres comme Amazon et Google ?

Je l’ai dit plus haut, nous respectons la vie privée de nos utilisateurs, notre produit est open-source et décentralisé. Les assistants vocaux traditionnels représentent le pire de l’Internet : ils centralisent les données dans le cloud et ouvrent la porte aux pires abus, de la surveillance de masse aux risques de piratage des données personnelles. Je rappelle que les assistants vocaux sont des services que vous utilisez au quotidien, au sein même de votre foyer. A mon sens, c’est une violation déguisée de notre vie privée. Par ailleurs, ils exploitent et monétisent nos données personnelles sans contrepartie.

Sur un plan qui me touche de manière plus personnelle, ces grandes entreprises maltraitent aussi les développeurs qui passent du temps et dépensent de l’argent pour construire des applications et les rendre accessibles en ligne. Et ce sans savoir si elles pourront continuer à exister dans le futur. On le sait, beaucoup d’applications se font bannir du jour au lendemain sans explication. Ce monopole est inacceptable.

Pourquoi voulez-vous utiliser la blockchain pour votre service ?

Nous lancons un nouveau produit grand public l’année prochaine : Snips AIR. Nous décentralisons absolument tout : l’analyse de la voix des utilisateurs se fait directement dans l’objet avec lequel ils parlent, sans qu’aucune donnée ne soit envoyée dans le cloud. Cela garantit de facon systémique la vie privée des utilsateurs de Snips.

Snips Air Concept

Afin d’ameliorer la qualité des assistants, nous utilisons une technologie de Deep Learning decentralisée, qui apprend à partir des données des utilisateurs sans jamais y accéder directement ni les centraliser où que ce soit. Cette technique qui s’appelle le “Federated Learning”, combinée avec la blockchain, nous permet également de rétribuer financièrement les utilisateurs qui partagent leurs données.

Aussi, les applications que vous pourrez installer sur votre assistant sont accessibles sur une plateforme totalement décentralisée (comme un appstore), basée sur la blockchain et auto-gérée par la communauté qui choisira quelles applications ils veulent avec leur assistant. En somme, contrairement aux GAFAs, nous ne savons rien de nos utilisateurs, nous n’avons accès à aucune de leurs données, on ne décide pas de ce qu’ils peuvent faire avec leurs assistants.

Snips Air Concept

En 2014, Snips était une start-up spécialisée dans la data prédictive. En 2015, vous avez pivoté et levé 5,6 millions de dollars pour travailler sur un clavier dopé à l’intelligence artificielle. En 2017, vous avez levé 12 millions de dollars pour travailler sur ce service d’assistance vocale. Aujourd’hui, vous lancez une ICO pour lever au moins 30 millions. Pourquoi ? Qu’avez-vous fait des 17,6 millions de dollars que vous avez déjà levés ?

Nous n’avons en fait jamais pivoté. Notre but a toujours été de mettre un assistant dans chaque objet afin de faire disparaître la technologie. Nous avons simplement sauté l’étape du mobile, car il etait trop difficile de faire concurrence aux assistants de Google et Apple sur leur propre plateforme. En se focalisant sur les objets connectés, nous avons le contrôle de notre propre destin, et ne sommes donc plus victime de la concurrence déloyale. Nous avons levé déjà plus de 22M € avec des investisseurs privés lors de précédents tours de table, et notre ICO nous permettra de développer notre propre blockchain, ainsi que de décentraliser notre assistant et lancer notre objet connecté. Mais avant tout, lancer une ICO est surtout une façon pour nous de rallier une communauté de développeurs et consommateurs soucieux de leur vie privée.

Sur votre site il n’y a pas de whitepaper. On ne sait pas non plus comment seront utilisés les fonds que vous allez récolter ? C’est volontaire ?

L’ICO n’a pas encore été ouverte, nous sommes en train de préparer tout ça ! Il est cependant déjà possible de s’inscrire pour participer à l’ICO lorsqu’elle sera ouverte dans quelques semaines. Ainsi vous avez la garantie de pouvoir y participer.

Toutes les infos seront communiquées sur notre compte Telegram t.me/SnipsAIR et sur notre site ico.snips.ai

Propos recueillis le 13/06/2018 à Paris

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