weedcoder, co-fondateur de l’association des Bitcoin maximalistes francophones.

“Je dédie ma vie à Bitcoin.”

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5 min readMay 11, 2018

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Photo de weedcoder, fournie par ses soins pour illustrer l’entretien

Pour concevoir Bitcoin, Satoshi Nakamoto s’est largement inspiré du mouvement cypherpunk qui lutte pour le strict respect des libertés individuelles et de la vie privée sur le Web. Ce mouvement est toujours actif aujourd’hui et continue de participer au développement du projet Bitcoin. Nous sommes allés à la rencontre d’un cypherpunk à Paris, pour mieux comprendre la philosophie de ce mouvement.

Quelle est la nature de votre participation au projet Bitcoin ? Que faites-vous concrètement ?
J’ai connu Bitcoin fin 2011. J’ai depuis contribué au projet en faisant de la revue de code, en minant des bitcoins et en ayant quelques nœuds complets connectés au réseau, mais aussi en participant aux combats politiques internes au projet. Dernièrement, je me suis engagé sur Lightning Network, qui fait aussi partie de la technologie Bitcoin, et la rend moins chère et plus rapide. Enfin, je construis une entreprise pour rendre Bitcoin plus accessible.

Que répondez-vous à ceux qui vous disent que Bitcoin n’est pas décentralisé ?
Si tel était le cas, Bitcoin ne fonctionnerait pas.

Certains avancent par exemple qu’une grande majorité des transactions sont validées par seulement 3 coopératives de mineurs. Ce n’est pas un problème pour un projet qui se veut décentralisé ?
Dans le consensus de Satoshi Nakamoto, concepteur du Bitcoin, il y a 4 choses : les développeurs, les mineurs, les échanges et les utilisateurs.

Lors de la proposition de segwit2x, supportée par près de 90 % des mineurs, les utilisateurs ont refusé et ça ne s’est pas fait. Les mineurs seuls n’ont aucun pouvoir. De plus les coopératives ne sont que des rassemblements de mineurs et il est très facile pour un mineur de changer de coopérative (ndlr : plus couramment appelées “pools” en anglais).

Que répondez-vous à ceux qui disent que Bitcoin n’est pas écologique ?
On produit tellement de lumière la nuit qu’on ne voit plus la voie lactée. Ceci est une utilisation inutile, voire néfaste de l’électricité. Bitcoin contribue à l’émancipation des individus en échange d’un coût électrique. Ce qui est une utilisation intelligente de l’électricité.

Quel regard portez-vous sur le fait que Bitcoin soit aujourd’hui utilisé principalement à des fins spéculatives ?
Tous les produits financiers comme l’euro ou le dollar sont utilisés à des fins spéculatives.

Bitcoin a cela de particulier que sa création monétaire est fixe, prévue et a un terme. Cela rend le bitcoin déflationniste, c’est à dire que son pouvoir d’achat augmente mécaniquement dans le temps, contrairement aux monnaies fiduciaires comme l’euro ou le dollar qui sont inflationnistes et donc perdent mécaniquement du pouvoir d’achat. Les hausses violentes du cours du bitcoin existent parce que ces propriétés sont justes et vérifiables. Les baisses violentes du cours du bitcoin existent parce que les hausses violentes existent. Les marchés des tokens d’ICO ou des altcoins sont manipulables parce que plus petits. On observe le schéma « pump and dump » principalement sur ceux-là.

Photo prise au bar “Sof’s”, lors du Paris Bitcoin meet-up

Que pensez-vous d’Ethereum — que certains présentent à tort comme le concurrent de Bitcoin et qui sert de base à 90% des ICO aujourd’hui ?
A mon avis, Bitcoin répond au consensus humain de ce qu’est une monnaie : rare (masse monétaire fixe, réserve de valeur), que l’on peut compter avec précision (unité de compte, divisibilité) et qui est facilement transmissible (liquide, moyen d’échange). C’est aussi la définition aristotélicienne de la monnaie.

Ethereum n’est tout simplement pas une monnaie, en ce sens où les ethers n’ont pas vocation à être rares. Pour moi Ethereum est un gros ordinateur global capable d’exécuter des contrats.

Selon vous à la fin il ne restera que Bitcoin, pourquoi ?
Bitcoin est un projet cryptoanarchiste et à ce titre, il n’a pas de chef. C’est le seul. Bitcoin est le seul projet purement monétaire sans gouvernance qui fonctionne sur un consensus global. Je pense que Bitcoin est le projet politique le plus sérieux pour l’acquisition de liberté au XXIème siècle.

Iriez-vous jusqu’à sacrifier votre propre vie pour la réussite de Bitcoin ?
Je dédie ma vie à Bitcoin, c’est déjà pas mal! Je me bats pour le droit à l’anonymat et pour ça je me sacrifierais.

Quel regard portez-vous sur l’écosystème « blockchain & crypto » en France ?
Je répète : je pense que Bitcoin est un projet politique sérieux. L’ambiance “blockchain not Bitcoin” que l’on voit dans l’écosytème en France est le résultat de deux facteurs. Un : le fait que tout le monde veut faire un bitcoin mieux que Bitcoin. Deux : la phobie des entrepreneurs à l’égard du champ politique, dans lequel se trouve Bitcoin.

C’est pour apporter un point de vue important à l’écosystème que nous avons créé l’association des maximalistes francophones.

Pourquoi selon vous les banques doivent-elles disparaître ?
L’usure ne disparaîtra jamais. Le terme banque est un mauvais terme. Il y a des établissement de compte, de paiement et de crédit. Pour les comptes et les paiements, il est évident que la technologie mènera à la disparition de ces activités au sein des banques. En ce qui concerne le crédit, le système financier et bancaire va devoir apprendre à se passer de toute possibilité de création monétaire ex nihilo, à revoir à la baisse leurs tarifs, à exprimer leur capital en jeton et à compter en satoshis (ndlr : fractions de bitcoins, que l’on peut grossièrement assimilées à des centimes d’euros).

Si vous souhaitez devenir membre de l’association, vous trouverez la clé PGP de weedcoder ici, pour le contacter.

Propos recueillis le 08/05/2018 à Paris.

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