Sébastien Gouspillou, CEO de BigBlockDC

“Le minage de bitcoin est une question de souveraineté nationale”

Blocs
blocsnews
Published in
4 min readJan 17, 2019

--

Photo de Sébastien Gouspillou.

BigBlockDC, une entreprise française spécialisée dans le minage de cryptomonnaies, lance deux nouvelles offres. Le principe est simple : vous achetez le matériel de minage qui sera géré, configuré et placé dans un datacenter au Kazakhstan. C’est un grand pas pour la démocratisation de cette activité, réservée jusqu’ici à une poignée de connaisseurs doués en informatique. On est donc allé interviewer son CEO pour en savoir plus.

Le fait de miner une cryptomonnaie consiste à fournir un service au réseau de ladite monnaie en échange d’une récompense pécuniaire. Dans le cas le plus simple, le service rendu consiste à vérifier avec du matériel informatique la validité d’un ensemble de transactions.

Qui êtes-vous Sébastien Gouspillou ?

Je suis le co-fondateur de BigBlockDC, et je suis tombé dans la marmite Bitcoin en 2015. J’ai rencontré Robert Corby qui créait une mine en Ukraine, et j’ai pensé que c’était une opportunité en or pour participer activement à l’aventure bitcoin. Depuis janvier 2016, nous travaillons à Odessa sur les éléments techniques et technologiques et — en parallèle — nous cherchons dans le monde entier les bons emplacements pour créer une coopérative de mineurs de bitcoin. Un bon emplacement c’est là où l’électricité est la moins chère et la moins polluante.

Compte tenu de l’imprévisibilité du cours du bitcoin, peut-on dire qu’il s’agit là d’un investissement à risque pour vos clients ?

Certainement, toutefois les clients n’achètent pas un produit de placement mais du matériel physique. Notre engagement est de gérer ces matériels au mieux, pas de générer du profit. Nous avons une compétence minière, pas celle de conseil en investissement. Chacun peut connaître l’historique de la performance d’un matériel de minage sur internet et — en fonction de son idée de l’évolution du cours du BTC — se projeter financièrement et décider d’en acquérir ou non. Nous n’argumentons pas pour convaincre de la pertinence de l’achat, nous nous contentons d’apporter des réponses aux questions techniques. Se lancer dans l’industrie du minage de bitcoin est donc bien sûr risqué : l’écosystème a pour habitude de prévenir « Bitcoin est une expérience, dépenser seulement ce que vous pouvez vous permette de perdre ». Nous validons cette sentence.

Vous dites que votre objectif ultime est de vouloir créer une coopérative de mineurs français. Pourquoi est-ce si important à vos yeux ?

Les principales coopératives sont chinoises, une coopérative française apportera à notre pays une compétence et une capacité en tant que mineurs à participer à la gouvernance du système monétaire Bitcoin ; c’est une question de souveraineté nationale, comme le confiait récemment le député Jean Michel Mis au journal « Les Echos ».

Comment gagnez-vous de l’argent avec votre entreprise ?

Nous prenons 25% des revenus des mineurs qui contractent avec nous. Cette commission couvre l’installation, la maintenance, la garantie, la continuité de service, l’amélioration de la puissance de minage et l’optimisation de la consommation d’électricité.

Le minage est peu compatible avec la vie domestique en France. En stockant les machines de minage au Kazakhstan, vous supprimez deux freins principaux que sont le coût de l’électricité et les difficultés d’hébergement. Toutefois, que se passe-t-il si les machines sont interdites, endommagées, détournées ou volées au Kazakhstan ?

La mine est gardée 24 heures sur 24 et elle est assurée. Une interdiction du minage semble improbable à l’heure actuelle quand il suffit d’augmenter le prix de l’électricité pour restreindre l’activité et fermer la porte à de nouveaux entrants. Là où nous sommes situés, notre capacité de consommation est une aubaine pour le producteur d’électricité. Je précise que l’on ne stocke pas en « entrepôts », on exploite dans des unités très techniques, spécifiquement conçues à cet effet.

Les fermes de minage sont souvent accusées d’être énergivores et par conséquent polluantes. Comment est produit l’électricité de vos unités au Kazakhstan ?

Aucune énergie fossile n’est consommée. Notre activité s’appuie sur une production 100% hydraulique.

Bitcoin, c’est quoi pour vous ? Une histoire d’amour ?

C’est d’abord une opportunité bienvenue pour l’humanité. Un système monétaire indépendant que chacun est libre d’adopter. C’est la possibilité d’une inclusion financière de masse (40% des adultes sur cette planète n’ont pas de banque), une nouvelle réserve de valeur et une révolution dans les paiements qui en fait « l’internet de la monnaie » bien plus que simplement la monnaie d’internet.

Pourquoi est-il selon vous nécessaire d’avoir un système monétaire indépendant ?

Parce que le système monétaire mondial a deux biais qui conduisent systématiquement — tôt ou tard — à des crises financières, à l’instabilité économique et donc in fine au péril social et environnemental. Le premier biais est la volatilité des différentes devises due à l’absence d’un étalon international, le second biais est une croissance forcée destinée à rembourser une dette sans cesse augmentée.

Un dernier mot pour nos abonnés qui souhaiteraient adhérer à votre offre ?

Il s’agit de saisir sa place dans notre mine et d’en obtenir l’usufruit à long terme, bien plus que de juste acheter un matériel. Le marché est baissier, notre prix d’électricité sont bas, c’est le meilleur moment pour se lancer dans le minage de cryptomonnaies.

Suivre Sébastien Gouspillou sur Twitter : https://twitter.com/SebGouspillou
Accéder au site de son entreprise :
https://www.bdatacenter.fr/

Propos recueillis le 17 Janvier 2019 par Renaud Loubert-Aledo.

Cliquez pour vous abonner à notre newsletter

--

--

Blocs
blocsnews

Ce que la blockchain change (ou pas) dans votre vie et dans le monde autour de vous.