Guillaume ODRIOSOLO, CEO Le Vote

“Le Vote est une solution anonyme et sécurisée de démocratie participative”

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6 min readJan 31, 2019

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En décembre dernier, le PDG d’Orange présentait un nouveau système de vote en ligne baptisé Le Vote, et sécurisé grâce à la blockchain. Qu’une entreprise privée propose un outil de vote consultatif pour les entreprises et les collectivités n’est pas anodin. Pourtant, aucun des médias ayant relayé l’information ne s’est interrogé sur les possibles problèmes d’un tel projet. Nous sommes donc allés interviewer le CEO de Le Vote pour lui poser les bonnes questions.

ndlr : nous n’avons pas vérifié techniquement les propos tenus ici. La véracité des informations présentées dans l’interview sont la responsabilité d’Orange.

Qu’est-ce qu’un vote en ligne sur une blockchain apporte de plus qu’un vote physique pour les collectivités et les entreprises ?

Notre solution permet avant tout d’offrir une flexibilité et de la sécurité pour les collectivités et de révolutionner la participation des citoyens dans le cadre de votes consultatifs. Cette solution 100% mobile leur permettra de voter sur des sujets de leur vie quotidienne, même s’il ne leur est pas possible de se déplacer physiquement.

Dans les collectivités ou dans les entreprises, les votes sont normalement secrets et les dépouillements se font devant témoins. Comment garantir qu’il y ait une totale confidentialité et aucune fraude lors d’un vote en ligne sur une blockchain via votre service ? Le dispositif est-il open source et totalement auditable ?

Il est important de souligner que dans un premier temps, Le Vote est une solution de démocratie participative, citoyenne consultative.

La solution que nous proposons avec Orange garantit totalement et immuablement l’unicité et l’anonymat du vote. Nous ne conservons aucune donnée personnelle ; la seule et unique personne qui aura la connaissance de « qui vote pour qui » reste l’électeur lui-même.

Ce que nous garantissons d’autre part, grâce à la mise en place du certificat Blockchain délivré à la fin des scrutins, c’est que les bulletins de vote pris en compte dans les résultats n’ont pas été modifiés. Nous sommes en mesure de proposer cette garantie grâce à la certification des informations sur notre solution blockchain. Un vote qui serait modifié sera donc immédiatement identifié.

L’offre de « vote consultatif » que nous proposons donc garantit une vérification individuelle sur l’authenticité et la prise en compte de son vote et donc un dispositif open source et totalement auditable.

Sur une blockchain, la clé privée des utilisateurs leur permet de valider les transactions ou, dans votre cas précis, les votes. Cette clé correspond au code secret du votant qui ne doit donc surtout pas être divulgué au risque de perdre le contrôle de son compte. Au sein de votre service, les votants sont-ils les seuls propriétaires de leurs clés privées ?

Pour répondre à la situation économique de ces dernières ainsi qu’aux contraintes de montée en charge des blockchains publiques, nous avons dû faire des choix technologiques. La raison d’être de ces choix est avant toute chose de protéger nos utilisateurs afin de maintenir le lien de confiance qui nous unit depuis de nombreuses années.

Dans le cadre de la mise en place de cette offre de « vote consultatif », nous avons donc opté pour une solution différente de celle des clés privées en nous basant sur une solution de regroupement « off-chain » des bulletins de vote, associée à un chiffrement par « arbre de Merkel » ou « arbre de hachage », dont la racine sera à la fin du scrutin enregistrée sur la Blockchain. Avec l’émission d’un certificat individuel pour chacun des participants nous pouvons vérifier que l’ADN des bulletins de vote est bien respecté dans l’ADN des résultats.

Certains diront qu’il est incongru voire inconcevable — bien que cela soit le cas dans d’autres pays — qu’une collectivité fasse appel aux services et produits d’une entreprise privée pour organiser un vote citoyen. Que leur répondez-vous ?

Comme vous le rappelez très bien, certains pays s’orientent déjà vers ce type de solution. Cependant, je tiens à rappeler que l’offre que nous proposons actuellement s’oriente dans un premier temps sur la question de « vote consultatif » et donc dans l’optique de prendre le pouls des populations sur certains sujets bien précis. Nous respectons bien sûr toutes les régulations en vigueur dans les États où nous développons notre solution — et notamment bien sûr le RGPD.

Orange est une marque de confiance et un opérateur multi-services : au même titre que les entreprises privées qui organisent des scrutins en fournissant les urnes ou qui impriment les bulletins de vote. Orange propose un service qui permet la même chose, la différence est que nous proposons un service en ligne.

L’objectif au cœur du procédé Le Vote est de fournir tous les arguments et les garanties nécessaires afin que nos utilisateurs puissent être assurés du bon déroulement du scrutin. Nous sommes convaincus que l’offre que nous proposons va dans le sens du temps et répond à de nombreux enjeux contemporains.

Même avec une blockchain, le vote en ligne peut-il vraiment garantir la sécurité et l’authenticité des votes ? Sans le secret de l’isoloir, l’achat de vote ou la menace d’un tiers sont des pratiques plus faciles à mettre en œuvre. Rien ne garantit également que le téléphone ou l’ordinateur du votant n’ait pas été infecté par un logiciel malveillant. Comment répondez-vous à ces limites ?

C’est un sujet qui dépasse largement la question du « vote consultatif » et qui concerne à part égale la manière dont le vote est pratiqué aujourd’hui. Les services de sécurité que nous mettons en place visent cependant à assurer le bon déroulement des scrutins.

Pour participer au vote, il faut s’identifier et donc envoyer une copie de son passeport. Il y a quelques semaines, un internaute a réussi à falsifier son passeport pour créer une fausse identité. Avez-vous réussi à régler ce problème ?

Je me permets d’apporter une petite précision, aucune copie de passeport ou pièce d’identité n’est envoyée sur nos serveurs. Seuls les éléments de la pièce d’identité sont lus et notre API (interface de programmation) transforme ces éléments en un hash, unique et anonyme, qui lui est conservé sur nos serveurs.

Concernant cet individu qui a réussi à falsifier son passeport, nous reconnaissons que l’internaute a en effet créé une fausse identité à partir d’un document officiel — pratique strictement interdite par la loi. Mais il y serait parvenu de la même manière en présentant un faux passeport dans un isoloir physique… Sans nier le sujet, d’autant que nous améliorons au jour le jour notre système d’identification pour répondre à ces enjeux, il s’agit donc d’un problème qui dépasse largement le sujet du vote électronique.

Cela étant dit, ce type de retours nous permet de progresser et proposer un service toujours plus sécurisé.

Quels sont les prochains projets qu’Orange envisagent de mettre en œuvre avec la technologie blockchain ? Est-ce qu’un OrangeCoin est en préparation ?

Dans un premier temps, notre volonté est de continuer d’avancer sur la solution Le Vote et qu’elle soit utilisée à grande échelle par les collectivités. Nous avons hâte de voir cette solution de vote consultatif appliquée à grande échelle.

Concernant la mise au point d’un « OrangeCoin », le sujet n’est pas d’actualité.

Un mot pour les entreprises qui s’intéresseraient à votre service ?

Nous avons ouvert l’accès au service de « vote consultatif » aux organisations privées telles que les entreprises, banques/assurances ou les associations de vote consultatif. Nous sommes à leur disposition pour leur présenter notre service et sommes déjà fiers de voir le nombre d’acteurs déjà venus à notre rencontre et l’ayant même, pour certains, adopté. C’est le cas par exemple de la ville de Fort-de-France ou de la région Normandie.

Propos recueillis le 28 Janvier 2019 par Renaud Loubert-Aledo.

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