Rencontre avec le fondateur d’Alyra : 1ère école 100% blockchain en France.

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6 min readOct 18, 2018
Photo de Jérémy Wauquier.

Pouvez-vous d’abord vous présenter aux lecteurs de Blocs ?

Je suis Jérémy Wauquier, ancien responsable parisien de Simplon, école solidaire de code informatique. À Simplon, j’organisais les formations, je coordonnais les équipes pédagogiques, je gérais les relations avec nos partenaires, et je m’assurais des financements. J’ai organisé l’ouverture du centre dans le 18e arrondissement de Paris, sur la hall Pajol, consacré à la formation « référent digital ». C’est une expérience que j’ai adorée et dont j’ai beaucoup appris.

Vous allez ouvrir une école de formation à la blockchain alors qu’en parrallèle on réalise aujourd’hui — après la hype — que beaucoup de projets n’ont pas besoin de blockchain ou de token, et que la plupart des ICOs ont perdu 90% de leur valeur. Vous y croyez encore ? Pourquoi ?

Haha, c’est une excellente question. Effectivement, il y a clairement eu une grosse hype sur le sujet, qui était essentiellement une phase d’hypermanie spéculative. Honnêtement, je suis content que cette fièvre soit un peu retombée, cela nous permet de nous concentrer sur les fondations et sur la technologie. Cela va nous permettre d’aller vers une phase de plus grande maturité, et de travailler sur les thématiques qui importent vraiment comme la scalabilité et le prix des transactions. La viabilité de beaucoup de projets dépend de ces paramètres.

Quant à la perte de 90% sur les cours des cryptos, c’est un phénomène complètement normal après les excès de la fin 2017. Ça nous en dit plus sur la nature de la psychologie humaine que sur les fondamentaux technologiques.

Il est écrit que vous fournissez une formation de grande qualité. Qui sont vos formateurs ? En quoi sont-ils crédibles et légitimes pour former des développeurs à la blockchain ?

Pour le contenu, nous avons établi un partenariat avec l’ECAN, qui forme en entreprise les développeurs sur les technologies blockchain depuis bientôt trois ans. Xavier Lavayssière a une double compétence, légale et technique, et a participé à la rédaction du rapport de France Stratégie, auprès du Premier Ministre, sur la blockchain et à celle d’un rapport sur les ICOs. Notre idée est de donner des compétences technique en l’état de l’art, mais aussi les bases théoriques et la connaissance de l’écosystème et de ses acteurs.

Vous avez sûrement fait une étude de marché, combien de développeurs blockchain la France aurait besoin dans le futur ?

Ces chiffres évoluent très rapidement, aussi il est difficile de le prévoir. D’après Joblift, le nombre d’offres a été multiplié par 10 en 2016 et par trois en 2017. On peut imaginer que la tendance va se poursuivre, après par exemple un fois deux pour 2018. Actuellement, on est à un peu plus de 500 offres non pourvues. Il faut néanmoins avoir conscience de trois choses sur le marché de l’emploi de la blockchain :
- ça reste un marché de niche, un sous-marché du marché plus général du développement informatique.
- c’est un marché qui est en tension : les entreprises peinent à recruter des talents. Les annonces concernant la blockchain restent plus longtemps en ligne que les autres, parce que presque toutes les personnes compétentes sont déjà employées.
- les offres que l’on peut voir en ligne ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Les entreprises cherchent des développeurs et des développeuses vraiment compétents et se reposent beaucoup sur leur réseau et sur les recommandations directes pour les trouver.

Si la blockchain doit devenir une forme de « nouvel internet », c’est plusieurs dizaines de milliers de personnes qui devront être formées, au bas mot.

Une partie des dizaines de milliers de developpeurs blockchain.

Vous dites que Pôle emploi est un partenaire de votre école. Quel est le lien qui vous lie à eux ? (sachant qu’un organisme de formation enregistré en préfecture peut proposer de facto un financement Pôle emploi.)

Nous avons signé un partenariat avec Pôle Emploi, qui intervient sur deux aspects : nous faire connaître auprès des demandeurs et demandeuses d’emploi qui pourraient être intéressés par notre offre et aussi intervenir en cofinancement. Ce cofinancement est bien entendu conditionné par l’accord de la conseillère ou du conseiller Pôle Emploi du candidat.

Après, il faut avoir conscience que nous restons un organisme naissant et que les procédures de reconnaissances institutionnelles prennent du temps.

L’école promet à ses élèves d’acquérir des compétences, mais qu’en est-il des diplômes ? Par qui sera reconnue la formation ?

Cette question me permet de compléter la réponse à la question précédente. En France, pour qu’un organisme de formation comme le nôtre puisse délivrer un titre ou un diplôme qui soit reconnu par l’État, il faut qu’il donne la preuve que la formation qu’il délivre permet effectivement de trouver du travail dans le secteur visé. On ne peut pas obtenir le droit de délivrer un diplôme reconnu par l’État avant d’avoir effectivement eu des promotions. Nous lançons notre première formation en janvier, et donc nous ne pourrons pas délivrer de diplôme reconnu par l’État. En revanche, nous travaillons à obtenir cette reconnaissance, qui devrait pouvoir arriver d’ici un an ou deux.

Il est écrit que vous êtes jongleur de cryptomonnaies sur votre compte Twitter. Qu’est ce que cela signifie ?

Cette mention date un peu, je l’ai notée au moment où j’avais pas mal de cryptos différentes en portefeuille. La mention qui vient après sur mon compte Twitter est plus d’actualité : « Regarde les systèmes, pas juste les joueurs ». Aujourd’hui, pour moi, c’est là que la blockchain peut avoir tout son intérêt : elle nous permet de concevoir des systèmes qui soient plus justes et plus efficaces.

Vous êtes conscient qu’il existe énormément d’arnaques et de scams sur le marché de la blockchain et des crypto. Que diriez-vous à une personne qui souhaiterait s’inscrire à votre école mais qui aurait dans le même temps peur de se faire escroquer ? Notamment par une formation qui ne serait pas au niveau ?

La formation est conçue pour amener une personne qui a déjà des notions en développement sur un niveau opérationnel développeur blockchain et développeur smart contracts. La formation est sur 10 semaines, elle donc est assez dense. Durant la formation, nous accompagnons nos apprenants pour qu’ils réalisent leurs premiers projets, ce qui leur permet de se constituer un premier portfolio. Ce dernier point est primordial puisque cela leur permettra ensuite de trouver un travail dans cette industrie.

Propos recueillis par Renaud Loubert-Aledo, le 16 Octobre 2018.

L’avis de Blocs sur cette école pour celles et ceux qui souhaiteraient s’inscrire :
Nous ne vous conseillons pas d’aller dans cette école si vous n’avez pas de formation préalable en code. Nous voyons cette formation comme l’opportunité d’acquérir une compétence supplémentaire en programmation informatique. La blockchain est une technologie encore jeune, il serait déraisonnable de tout miser dessus ou de s’endetter gravement pour payer le prix de cette formation.
Si vous êtes déjà développeur et avez les moyens de vous offrir ces compétences, il est fort possible que les contenus pédagogiques soient de qualité car réalisés par ECAN, une entreprise sérieuse sur le marché français de la blockchain et des smart-contracts. Pour le reste, c’est à vous de voir, réfléchissez bien et faites des recherches avant de vous engager !

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