L’évolution des applications mobiles

Ildebrando BERTANI
Blog de Capsens
Published in
6 min readMay 23, 2019
Photo by Saulo Mohana on Unsplash

Au début il y avait Simon. Sorti en 1992, le premier smartphone, livré avec 10 applications de base et une autonomie d’une heure, ne se sera vendu qu’à 50.000 unités. “Dispatchit” fut la seule application développée par un tiers pour Simon, commercialisée à 3.300$. Et il fallait héberger l’hôte sur son propre serveur pour l’utiliser. Difficile alors d’imaginer que le smartphone deviendra l’outil universel des professionnels et des particuliers, tellement personnalisable que le terme “outil” ne reflète plus la réalité.

IBM Simon — Wikimedia Commons

Désormais les applications sont devenues les outils, et les smartphones leurs plateformes. C’est Apple qui, avec son App Store lancé en 2012, permet aux utilisateurs de définir eux-mêmes le rapport qu’ils ont avec leur smartphone. Fini les ensembles de fonctionnalités pré-installées, chacun peut piocher dans un catalogue chaque jour plus étendu, et ainsi attribuer des usages différents à son appareil.

Bien évidemment, ce que constitue une bonne app n’est pas tout de suite identifié. Avant que le marché ne saisisse complètement l’intérêt des applications mobiles, deux écueils se sont développés parallèlement : la gadgetisation côté utilisateurs et la course à l’app vitrine côté entreprises. Pour les marques ce ne fut qu’un espace de communication supplémentaire, peinant parfois même à se substituer au site mobile “responsive”. Cependant depuis quelques années les apps sont devenues plus matures.

Le marché grand public : faiseur de tendances

A l’ouverture des stores, toutes entreprises voulaient leur “app” en ayant peur de louper le coche du mobile. Les applis mobiles furent considérées comme la nouvelle innovation immanquable et il fallait vite proposer quelque chose à ses clients, souvent en répliquant tout simplement le site internet existant. C’est ainsi que le nombre d’applications mobiles passe de 500 en 2008 à 200 000 mi 2010 (App store).

Nombre d’apps sur l’App Store iOS

A partir de 2015, on constate un essoufflement du marché des applis mobiles, et bien que leur nombre ne cesse d’augmenter, beaucoup d’utilisateurs en désinstallent pour gagner de la place, éviter les doublons ou simplement parce que les sites internet responsive sont devenus suffisamment bons. C’est ce que pointait cet article de Presse-citron en 2016. De même, les applications majeures ont perdu en notoriété comme l’a montré SensorTower dans son étude sur les téléchargements : en 2016 les 15 applications les plus populaire ont perdu 20% de téléchargement en 1 an.

Pourtant les applications mobiles sont loin d’être mortes et une grande partie de leur salut est dû à la longue traîne. C’est à dire que ce ne sont plus quelques applis leaders qui font le marché mais des milliers d’applications qui répondent chacune à un besoin spécifique.

La majorité de la première vague d’applications ne cherche pas vraiment à exploiter ce qui fait pourtant la force des apps, comme les capacités propres aux smartphones (géolocalisation en mouvement, appareil photo, …) ou l’accès hors ligne. C’est dans un deuxième temps que des apps pure player se taillèrent des parts de marché importantes. Les plus performantes sont celles qui se concentrent sur une proposition innovante, cherchant à créer de nouveaux usages chez les utilisateurs. C’est ainsi que se développent de nouvelles façons d’interagir comme Instagram (une sorte de Facebook mais pensé pour le mobile). L’application devient un concept à part entière.

La companion app Call Of Duty

Puis, avec les apps companions, Les marques décident d’aborder l’application d’une nouvelle manière, avec une proposition de valeur forte qui parle à leur public le plus engagé. Les apps proposent aux consommateurs des axes d’engagement alternatifs, pour des situations mobiles où le canal d’engagement primaire n’est pas accessible, en créant des expériences nouvelles. Le secteur du jeu-vidéo semble avoir le mieux compris cet enjeu. Dans un jeu de tir (“Call of duty companion app”), on prépare l’équipement qu’on utilisera à la prochaine session de jeu. Dans un jeu de course automobile, on prépare le véhicule avec pour la prochaine course que l’on fera en rentrant du bureau.

Les autres ne sont cependant pas en reste. Moulinex, par exemple, propose une application qui peut contrôler ses modèles plus sophistiqués, mais qui propose également des recettes qui exploitent au mieux les fonctionnalités de l’appareil, avec même une liste de course. Dans tous ces cas, l’expérience client est enrichie et l’application companion devient le vecteur d’une plus-value conséquente.

Et quand ce genre de synergie est placé au centre de la proposition de valeur d’un produit, on entre dans le monde merveilleux de l’Internet of Things : les objets connectés. A terme, chaque élément de notre environnement pourra être équipé de composants électroniques lui permettant de se connecter en réseau.

L’application d’entreprise / métier

Un nombre toujours croissant d’entreprises engagées dans la transformation digitale développe des outils propres, sous forme d’applications mobiles. Chaque type d’outil ainsi créé, intégrant des solutions digitales aux processus ordinaires de l’activité, offre également un axe de développement supplémentaire, la data. L’entreprise va générer et collecter un très grand volume de données, qu’elle pourra ensuite analyser et exploiter pour améliorer ses services

L’application HostnFly pour ses prestataires

Un exemple d’application interne très efficace est celle développée pour les services de HostnFly. Cette conciergerie Airbnb gère notamment le ménage de milliers d’appartements en France. C’est pourquoi, ils ont fait appel à CapSens pour développer une application de gestion opérationnelle. Téléchargée par les prestataires de ménage, celle-ci leur présente sous forme de liste “to do” quotidiennement les appartements dont ils ont la charge. Elle présente toutes les particularités d’accès (code d’entrée, étage). Le module d’état des lieux permet de prendre des photos qui seront automatiquement classées en fonction de l’adresse, et permettent même de signaler tout type de désagrément rapidement. Côté gestion des opérations, les chefs d’équipes peuvent ainsi superviser plus facilement les collaborateurs sur le terrain.

HostnFly n’utilise qu’une app mobile en interne mais d’autres entreprises en utilisent une multitude, c’est pourquoi des “stores intra-organisations” ont vu le jour. Gérer le déploiement et la maintenance de ces applications à grande échelle devient alors un véritable défi logistique. C’est dans cette optique que des services tels que proposé par Appaloosa s’insèrent.

Filiale d’Octo Technology, née sous la forme d’outil interne, la firme propose une solution simplifiée pour gérer un parc d’applications d’entreprise. Elle travaille ainsi pour BNP Paribas, Leroy Merlin ou encore Vinci. Il suffit d’uploader ses propres applications sur la plateforme, qui, une fois installée sur les appareils mobiles des collaborateurs, leur permettra d’interagir comme avec un app store traditionnel. L’installation et la mise à jour des applications se fera de manière autonome, et les usagers pourront même laisser des commentaires et notes. A l’instar d’Appdome, Appaloosa propose également de fusionner vos applications avec son SDK (kit de developpement) et des fonctions de MAM (acronyme anglais de gestion d’application mobile) complémentaires pour une expérience utilisateur optimale, rendant les applications plus stables et sécurisées. Ainsi, le collaborateur pourra même choisir d’installer ces applications sur son appareil personnel.

Le potentiel de développement des applications, dont la prochaine tendance sera sans doute l’IoT, est encore immense. A peine aurons-nous maîtrisé les enjeux et challenges des plateformes actuelles, que nous devrons en affronter de nouveaux tels que l’interopérabilité, la maintenance prédictive ainsi que d’énormes quantités de data. Quand nos brosses a dents filmeront l’intérieur de nos bouches, que nos frigos seront nos hubs domotiques, et que nos fourchettes nous diront si nous mangeons trop vite (bon ok j’exagère), les applis mobiles ne seront plus qu’un device parmi des dizaines d’autres.

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