Domaine Pérol : la polyculture au coeur du vignoble

Oé
Oé, faisons le bien par le bon !
3 min readJun 5, 2019

Paisiblement installée à Châtillon-d’Azergues dans le Beaujolais, la famille Pérol fait partie des premiers vignerons du coin a être passé en bio en 2005. Anthony, jeune viticulteur de 26 ans et 5e génération sur le domaine, nous a ouvert ses portes. Ce passionné de la nature nous transporte dans son univers et nous ouvre à la polyculture.

Qu’est-ce qui t’a motivé à reprendre le domaine familial ?

Depuis que je suis au collège j’ai toujours voulu être vigneron. J’ai suivi depuis tout petit mon père dans les vignes. J’ai fait un bac viticulture oenologie à Mâcon et je suis ensuite parti à Beaune pour faire un BTS Technico-Commercial des vins et spiritueux. Comme je voulais voir une autre région viticole, je suis allé à Montpellier pour une licence commerce des vins. Et je me suis installé tout seul en 2013 sur le domaine de 25 hectares en Chardonnay et Gamay, et je me suis associé avec mon père 2 ans plus tard. Je ne me serai pas installé ici si mon père n’avait pas été en bio. On a toujours été en polyculture, avec nos vignes et notre élevage de bovin salers.

“Cap” de relever le défi du bio ?

Le domaine a été bâti en 1806 et notre famille s’y est installée en 1912. On était depuis plus de 20 ans en Terra Vitis et on a tout passé en bio en 2005. Mon père voulait pousser la démarche plus loin. Pour passer d’un domaine en conventionnel à un domaine en bio, il faut 3 ans de conversion, et donc 4 ans de travail de la vigne sans que ce soit valorisé. C’est beaucoup d’investissement, mais on sait pourquoi on le fait. En 2017, on a eu du gel dans le sud du Beaujolais. Ça faisait au moins 20 ans que ce n’était pas arrivé. Et pour ce Beaujolais blanc, on a fait seulement 15 hectolitres par hectare sur cette cuvée.

As-tu un bonheur ou quelque chose dont tu es fier à raconter ?

Ce qui me plaît, c’est qu’on a de la chance d’avoir des vignes et des prés au même endroit et on n’est pas pollué par d’autres vignerons ou agriculteurs qui seraient un peu négligents on va dire (rires). On se sert du fumier de nos bovins salers pour traiter les vignes. Rien n’est perdu, c’est un cercle vertueux. Même le pailli de l’hiver, on s’en sert pour agrémenter la terre pour la saison. L’élevage nous permet d’apporter de la matière organique à la vigne et d’entretenir le territoire autour, les pâturages etc. La polyculture est assez rare dans la région. C’est un système qui marche bien et c’est d’autant plus intéressant en bio. On utilise aussi des “outils” de la biodynamie sans être certifiés : tisanes d’orties et de prêles pour le traitement de la vigne, on fait pas mal de prévention.

Qu’est ce qui te fascine au quotidien ?

La biodiversité. Un lever de soleil avec les truffes des lapins qui sortent de l’herbe et qui gambadent, les bovins qui coulent de doux jours dans les champs et les oiseaux qui volent de vignes en vignes sont fascinants. Et quand on voit le réchauffement climatique, on essaye de faire le maximum pour réduire les émissions de CO2 et apporter notre pierre à l’édifice pour préserver la planète. D’autant plus qu’on le ressent depuis une dizaine d’années ce réchauffement. La maturité des raisins est toujours au maximum, il n’y a plus de sous maturité au moment des récoltes.

Pourquoi votre bouteille est estampillée d’un lapin ?

On a choisi le petit lapin en petit clin d’oeil à la faune que l’on a dans les vignes. Depuis qu’on est en bio on a des lièvres, des lapins et des buses lorsque l’on marche entre les vignes. Et puis on trouvait le visuel très sympa (rires).

3 mots pour définir ton vin ?

Je dirai finesse, minéralité et fleurs blanches !

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