3 phrases typiques de la start-up

Laurine Peyrard
Aboutgoods Company
Published in
6 min readMar 15, 2017

La vraie expérience start-up se cache dans les petites looses du quotidien

Nous quand on entend une de ces phrases dans l’open space

Designer et intégratrice dans une start-up, (pardon, jeune entreprise innovante) de la région annécienne, je vous propose un série d’articles très sérieux (non) sur la vérité vraie des petites entreprises.

Aujourd’hui, on va revenir sur trois phrases qui nous font bien rire avec les collègues (prononcer “co-llè-gueux”, parce que NOUS, en tant que provinciaux, on peut se moquer de nos pairs), illustrées par des petits badges fait-maison, c’est vous dire comme on prend le fait de râler au sérieux.

“On va faire ça en tâche de fond”

Quand on travaille dans une start-up, ce ne sont pas souvent les idées qui manquent pour améliorer notre produit ou service : conception, production, communication, analyse, management, et j’en passe. De nouveaux outils révolutionnaires et de belles idées visionnaires s’imposent à nous toutes les semaines comme l’opportunité qui nous fera passer au niveau supérieur.

Le problème, c’est que l’effectif est souvent réduit. Il faut contenter les clients en priorité, et surtout faire avancer le projet de l’entreprise. Par contre, les jours ne sont pas extensibles, il faut penser à manger, et à dormir, Jean-Mi fait déjà de la compta en plus de son poste de manager, et Monique de la se débat avec After Effect pour boucler une de ses deadlines en temps et en heure (les noms ont été changés pour préserver leur vie privée).

Alors on remplit des tableaux Trello piteusement intitulés “Tâches de fond” pour se donner bonne conscience, et on les ressort quand on a une heure à tuer entre deux projets, quand le serveur est down ou quand le manager est parti 3 semaines Bahamas sans te donner assez de travail (ahaha, je suis virée).

Mais un jour, on finit par y arriver, à mettre en place ce système de supervision incroyable, à refaire nos cartes de visites dépassées, à faire du A/B testing sur le logo de l’application. On y est arrivés, on l’a enfin fait (et bien fait !), on est heureux comme si on avait levé un million d’euros et on a une larme de joie qui coule au coin de l’œil. Mais là, il y en a toujours un de nous (toujours) qui lâche :

Wow mais c’est génial ! Pourquoi on l’a pas fait avant ?

La vie vaut-elle vraiment la peine d’être vécue ?
“C’était pas marqué sur l’agenda”

Une start-up se construit souvent en open space, qui est généralement synonyme d’efficacité. Il permet de travailler en équipe et de faciliter les échanges, de rapprocher les différents pôles et de renforcer la synergie. On débat, on place des blagues (très) nulles, on chante (on travaille quand même aussi) et on avance dans la bonne humeur.

Par contre, quand on commence à être un peu nombreux (ce qui veut dire qu’on n’a pas coulé déjà… Champagne !), même si la surface s’étend, si les murs ne se multiplient pas, ça devient forcément un peu compliqué. L’intérêt de l’agenda commun, c’est de pouvoir tenir au courant toute l’équipe de qui et de ce qui est susceptible d’impacter son travail ou son environnement de travail (Bernadette est en formation, Jacques a un rendez-vous important à 10h, la banquière vient vendredi donc rangez-moi ce bordel tout de suite).

Alors quand tu lis de la documentation en anglais, avec à ta gauche un conf-call pour un des clients qui nous maintient à flots, que derrière toi se déroule la définition houleuse des spécifications fonctionnelles d’un projet technique pointu avec ce collègue qui a la voix très grave (j’accepte ta différence Paulo), et que 8 personnes arrivent dans le couloir pour une réunion-débat surprise de 3h, tu tapes nerveusement sur ton outil de chat interne :

Il se passe quoi ? Y’a rien sur l’agenda ?!

Qui sont tous ces gens ? Que viennent-ils faire dans mon espace vital ?
“On passe encore pour des blaireaux”

La base de la start-up, c’est le bootstrapping (comprenez : se débrouiller avec ce qu’on a sous la main). La version officielle, c’est qu’il n’y a pas besoin de moyens démesurés pour faire des projets solides (et c’est pas faux). Mais la réalité, au fond, c’est juste qu’on n’a pas de thunes les gars.

Dans le numérique (le premier qui dit digital finira au fond du lac lesté par une pierre) ce n’est pas bien grave. Beaucoup de connaissances, d’outils et de contenus sont accessibles pour peu ou pas de moyens, et il y a toujours possibilité de faire quelque chose de vraiment impressionnant si on est débrouillards (et là dessus, on a la dream team).

La partie plus difficile, c’est plutôt le matériel de la vraie vie. Et comme on est plutôt exigeants concernant le sens du service, quand on reçoit des clients on est à la limite de la crise d’angoisse. Pas assez de tasses (y’a celles que Paulo a ramenées de chez lui), plus de thé (on tape dans celui de Monique), la table en bois abîmée et les chaises en paille du grenier du patron (on a changé depuis), le vieux frigo du bon coin qui agonise à chaque ouverture de porte (on n’a pas changé depuis), on est vraiment pas sereins.

Alors quand je vois que dans la précipitation, personne n’a proposé de boisson (c’est la panique je vous dis) à ces personnes qui ont pris le train depuis la capitale (merci messeigneurs) pour venir discuter du service qu’on pourrait leur offrir, j’ai une mini crise cardiaque.

Je peux vous proposer un café ? Ou un thé peut-être ?

Je dois y aller, mon peuple a besoin de moi.

Tous les éléments que j’ai cités sont vraiment partie intégrante du charme de la start-up. Je ne mentionne bien sûr pas du tout les points forts de ce type d’entreprise, tout simplement parce que je suis de très mauvaise foi (mais ce sera fait dans mon prochain article, promis). J’espère en tout cas que vous vous serez retrouvés dans mon texte, ou au moins qu’il vous aura fait sourire un peu :).

Je vous laisse avec cette photo de notre équipe (absolument pas à jour, mais on va faire ça en tâche de fond, promis) visiblement traumatisée par nos conditions de travail, et je vais aller de ce pas négocier mes indemnités de licenciement.

Si vous avez aimé, laissez des petits claps pour nous encourager ! ;)

Regardez ces regards éteints et ces visages sombres

Tous les liens qu’il te faut (et même ceux dont tu te fous complètement) :

Le site de l’entreprise et celui de nos applications, la page facebook de l’entreprise et celle de nos applications, le twitter de l’entreprise et celui de nos applications, et enfin notre application de liste de course.

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