Metallica vs Napster, où l’art de passer pour un con

Hey Lars ! Ton Pyrrhus il te pique encore ?

Mathieu Pasquini
Boogieplayer
4 min readFeb 28, 2018

--

Par hasard que je moulais tranquille sur le web je m’arrête sur un article, enfin une interview, de notre bon ami Lars Urlich par RollingStone magazine, attiré par le titre comme une mouche par un étron : « les confessions de Lars Urlich ». Quand tu connais le gaillard et son rapport au bussin…. à la musique tu te dis que ça doit valoir le coup d’aller jeter un coup d’œil. Tu m’étonnes.

L’avantage de prendre de l’âge, enfin pas trop, c’est qu’on se souvient du temps passé, vu qu’on y était, et là pour le coup y’a un moment de la vie de notre bon Lars dont je me rappelle bien et qu’il voudrait sans oublier. Mais, avant d’aller plus loin, je vous invite à lire l’interview, c’est moins marrant sinon. En même temps notre bon Lars n’a pas grand-chose à dire ça ne va pas vous prendre beaucoup de temps. En attendant je vous propose un petit cartoon rigolo.

Un petit peu d’histoire pour tous ceux qui n’y était pas, en 1999. A cette époque le web n’était bien entendu pas du tout celui qu’il est aujourd’hui, l’ADSL commençait à fleurir mais la plupart des foyers n’avaient encore que des connexions RTC 56k (celle qui empêchait de téléphoner pendant qu’on surfait), google n’était encore qu’un moteur comme les autres et on payait nos factures d’internet en Francs… punaise… Le Metallica de notre bon Lars était alors le plus gros groupe de métal du monde, assis sur les dizaines de millions de dollars engrangés par le Black album plus de trente millions d’albums vendus et sa tournée monumentale. Ça va quoi. Et c’est aussi en ce beau mois de juin la sortie d’un logiciel légendaire : Napster. Qu’on qualifie ici de premier logiciel d’échange de musique même si ce n’est pas exact, scour exchange par exemple ayant existé avant, mais qui n’aura pas l’aura de Napster. Napster fût donc l’un des premiers logiciels d’échange de fichiers musicaux, il obtint, lui, un succès quasi instantané et planétaire. Pour se remémorer, en ce temps jadis il fallait plusieurs heures pour télécharger un mp3 de 3 Mo, et que si le téléchargement plantait ou que l’uploadeur se déconnectait il fallait reprendre à zéro. C’était une autre époque.

En ce temps là l’industrie de la musique était persuadée, et le claironnait sur tous les toits, que le téléchargement de musique « gratuitement » sur internet était :

  1. Du vol
  2. Organisé par une mafia sans foi ni loi
  3. L’assurance de la mort de musique

Primo, ce n’est pas vol, car il ne s’agit pas de prendre un objet à un quidam, mais de copier un fichier. Le quidam de départ possédant toujours le fichier. Deuxio, bah c’est sûr on est tous des internautes nazi-pedophile-terroriste-mafieux. Tertio, 18 ans plus tard on ne peut juste qu’en rire à gorge d’employé comme disait Alexandre-Benoît Bérurier.

Du coup, en 2002 notre bon Lars se décide à attaquer Napster, et à mettre en lumière de monde qui se télescopent : les internautes et les artistes. On eut pu croire qu’ils puissent s’entendre ces deux-là, et ce fût presque le cas mais pas complètement puisque des « gros » décidèrent d’éradiquer le téléchargement sur le web.

Pensant que Napster était le symbole des méchants et Metallica le symbole des gentils Lars poursuivi Napster devant un tribunal, et il gagna. Forçant Napster à la fermeture. Seulement voilà, sa victoire fut une défaite et la défaite de Napster devint une victoire.

Napster n’est pas mort, il existe toujours de nos jours en une plateforme de streaming de musique du même type de Deezer et Metallica entama un long déclin ne retrouvant jamais vraiment son étincelle d’antan.

Notre bon Lars, comme de nombreuses personnes à l’époque (et encore maintenant) avait la certitude de celui qui ne sait plus comment le monde fonctionne, comme il bouillonne et dans quel sens va l’histoire. L’image d’un groupe rebelle s’est pulvérisé, vaporisé dans la salle d’audience, montrant à tous les fans que Metallica aimait plus l’argent que la musique et qu’ils n’étaient plus en contact avec leur fan.

Plus de 16 années après le téléchargement est toujours aussi présent, la musique n’est pas morte, Metallica lui-même à fini par céder ses droits de diffusion à toutes les plateformes de téléchargements. A l’époque déjà tous les observateurs expliquaient que cela ne servait à rien de lutter contre internet mais qu’il fallait l’embrasser, l’utiliser et surtout de revenir les pieds sur terre et retourner au même niveau que leurs fans, ceux qui achètent les t-shirts et les places de concerts. On notera d’ailleurs que lors de la tournée du Black Album, il était possible d’acheter les mp3 du concert directement en ligne dès le lendemain.

C’est ainsi depuis toujours, le monde avance et il n’attend pas. Il est important de le comprendre pour l’appréhender et l’utiliser à son profit à son envie.

Metallica a depuis compris que cet épisode Napster avait largement terni leur image, n’avait strictement rien changé au téléchargement, et a pris le parti d’utiliser internet plutôt que de le combattre. Et tant pis si on passe pour un con, il faut mieux tard que jamais.

--

--

Mathieu Pasquini
Boogieplayer

Mathieu Pasquini, aka boogieplayer, is a piano player and https://Shadow-Moses.net CEO. L.A.M.P genie, NeuroHacker & BoogieWoogie drifter.