Charge et Surcharge mentale, clarifications et perspectives pour un monde serein.

Combier Camille
Bourgeon Agile
Published in
9 min readMay 2, 2024

La charge et la surcharge mentale sont des sujets omniprésents dans notre quotidien. Nous avons chacun de nous quelqu’un ayant été atteint par un épuisement professionnel. J’ai eu envie de mieux comprendre le sujet, donc j’ai creusé et je vous partage ici mes découvertes et mon point de vue.

Nous commencerons par définir la charge et la surcharge mentale, nous verrons ensuite les intrications avec la vie personnelle. Nous étudierons la relation entre un manager et son collaborateur et terminerons par quelques idées pour la réduire.

Si lors de la lecture de cet article vous vous sentez mal, préoccupé ou inquiet, n’hésitez pas à en parler a quelqu’un de confiance, votre service RH ? Votre médecin ? Un ou une spécialiste ? Ils seront à votre écoute et saurons vous aiguiller pour le mieux. Je ne suis pas médecin et pas habilité à poser un diagnostic, cet article a pour objectif de vous offrir des perspectives pour éviter au plus tôt des conséquences dramatiques.

Une pousse de plante dans un bocal, le sol autour du bocal est en sable sans vie, le fond est gris et les teintes mornes.

Cet article est rédigé pour Bourgeon Agile avec Stephane Bredy. Nous aimons apprendre, expérimenter, partager et collaborer. Vous retrouverez nos publications en suivant ce lien. Sentez-vous libre de ne pas être d’accord et de commenter ce texte. Nous souhaitons entendre la voix de chacun pour améliorer notre perspective et notre apprentissage.

Comprendre la Charge Mentale au Travail

La première étape de cet article sans aucun doute de comprendre la signification des mots “Charge mentale”. Ce concept a été défini pour la première fois par Monique Haicault en 1984 comme le fait de devoir penser simultanément à des choses appartenant à deux mondes séparés physiquement. Par exemple, vous pensez que vous devenez prendre un rendez-vous médical ce soir en rentrant après la journée de travail. Ou dans un autre cas, vous pensez ce matin en réunion qu’il faut que vous posiez une question importante à votre interlocuteur de cet après-midi.

Ces exemples sont extrêmement présents dans notre quotidien et ont un impact de performance et physiologique. Il est indispensable de les identifier, de changer des comportements pour moins les subir et de lever les alertes le cas échéant.

Plus en détail voici cinq piliers qui composent la charge mentale au travail.

  • Le volume de travail : Le nombre de tâches à accomplir et le rythme auquel elles doivent être réalisées.

Par exemple : Un chef de projet en informatique doit gérer simultanément plusieurs projets avec des échéances rapprochées. Il jongle entre les réunions, les rapports d’avancement et la coordination des équipes, ce qui entraîne une surcharge de travail et un besoin de priorisation constant.

  • La complexité des tâches : La difficulté et l’implication intellectuelle nécessaire pour effectuer certaines activités.

Par exemple : Une avocate spécialisée en droit des affaires internationales doit analyser des contrats complexes dans plusieurs langues et juridictions. La nécessité de comprendre des nuances légales subtiles et de conseiller efficacement ses client·es augmente la complexité de ses tâches.

  • Les capacités cognitives nécessaires pour traiter et analyser des informations, prendre des décisions et résoudre des problèmes.

Par exemple : Un médecin en salle d’urgence doit évaluer rapidement l’état de santé des patient·es, prendre des décisions vitales en peu de temps et traiter une grande quantité d’informations médicales, mettant à l’épreuve ses capacités cognitives.

  • Les interactions sociales : Les efforts liés à la communication et à la collaboration avec les collègues, les supérieur·es hiérarchiques ou les client·es.

Par exemple : Un·e directeur·e commercial doit maintenir des relations positives avec une clientèle diverse tout en négociant des contrats. Les interactions sociales constantes et la nécessité de comprendre les besoins spécifiques de chaque client·e peuvent être mentalement exigeantes.

  • Les conflits et les demandes émotionnelles : La gestion du stress, des émotions et des relations interpersonnelles au travail.

Par exemple : Une responsable des ressources humaines doit gérer les conflits entre les employé·es et les situations de crise, comme les licenciements. La gestion des émotions des autres et la prise de décisions difficiles contribuent à une charge émotionnelle importante.

Quand notre charge mentale atteint des sommets et de manière prolongée on parle de surcharge mentale. Elle a alors des conséquences désastreuses dans le quotidien, qu’il soit pro ou perso.

Comment mesurer ma charge mentale ?

Pour mesurer la charge mentale vous pouvez déjà essayer de dénombrer les éléments avec lesquels vous interagissez.

  • Nombre d’emails reçus quotidiennement
  • Nombre d’emails envoyés quotidiennement
  • Nombre de projets en parallèle
  • Nombre de tâches en une journée
  • Nombre de réunions en une journée

Puis vous pouvez essayer de les classer par complexité, et impact émotionnel. Un grand nombre de tâches ou plusieurs tâches ayant une haute complexité ou un impact émotionnel peuvent être un indicateur d’une charge importante.

Nous n’avons cependant pas tous la même résistance et énergie pour traiter des charges complexes. Cela est dépendant de l’histoire, des compétences et de l’instant. Par exemple, si j’ai un sujet personnel qui me demande beaucoup d’attention je serai moins en mesure de prendre un nombre conséquent de tâches.

Surcharge mentale

Quand la charge mentale est trop élevée pendant une trop longue période, vous atteignez la surcharge mentale. Dans cet état, tout s’effondre, votre énergie et vos performances se dégradent. Il est important de porter attention aux symptômes d’une surcharge mentale.

  • Vous avez l’impression de ne plus vous rappeler de rien
  • Vous avez des difficultés à vous concentrer
  • Vous avez des difficultés à prioriser vos tâches et sujets.
  • Vous vous découragez facilement
  • Vous êtes en tension, et vos collègues/partenaires vous trouvent irritable
  • Vous avez une augmentation significative de douleurs (dos / migraines / …)
  • Vous avez une augmentation du trouble du sommeil

Les symptômes sont nombreux, je ne vous donne ici que les plus fréquents. Il existe un test, proposé par Mooncard ou le test MBI. Il vous permettra d’avoir une estimation simple de votre cas. Attention cependant, comme d’habitude avec les tests, prenez du recul et posez-vous les questions de ce que cela vous dit de vous-même et de ce que vous en faîtes.

Je ne pense cependant pas qu’un test en ligne peut diagnostiquer une surcharge, il peut vous amener à réfléchir à ce que vous vivez et prendre du recul sur la situation. Cela peut vous aider à changer votre organisation et être plus serein·e.

Si vous avez le moindre doute, je vous invite à consulter votre médecin ou un spécialiste de l’épuisement professionnel. Ils vous aideront dans l’identification de la surcharge et prendre soin de vous.

Vie pro / vie perso

Les charges mentales personnelles et professionnelles sont cumulatives, vous n’avez pas deux espaces bien distincts et la charge personnelle influe sur la charge mentale professionnelle, et vice versa. D’où l’importance de bien séparer au mieux les deux espaces.

On note, depuis le covid et la démocratisation du télétravail, un mélange des espaces, ce qui à tendance à augmenter les impacts.

Selon l’Insee les charges liées à l’espace personnel sont un fardeau porté en majorité par les femmes puisqu’elles assurent encore 71% des tâches domestiques et 65% des tâches parentales (1), ce qui n’est pas sans conséquence sur leur vie professionnelle

Toutefois, il est indéniable que l’accumulation de charges a un impact sur les deux côtés. Cela pèse autant sur la vie personnelle que sur la vie professionnelle.

C’est ce que démontre l’enquête nationale Yoopies menée en partenariat avec le LabRH auprès de 1300 répondants :

  • La quasi-totalité des salarié·es (94%) gèrent au moins un aspect de leur vie privée au travail, 86% le font au moins une fois par semaine, et parmi eux, deux tiers y passent entre 30 minutes et 3 heures. Ils sont même 1 sur 10 à consacrer plus de trois heures par semaine à ces tâches.
  • Les questions liées aux enfants (78%) et les problèmes personnels (73%), comme un divorce ou un déménagement, arrivent en tête des enjeux privés gérés au travail.
  • 67% des salarié·es considèrent que cette charge perturbe leur efficacité, 87% confirment que c’est une source de stress et 44% que leurs missions subissent du retard.
  • 1 salarié·e sur 5 a déjà eu des difficultés avec sa hiérarchie du fait de problématiques privées, et près d’1 sur 3 estime que ces impératifs ont eu une incidence négative sur son évolution de carrière.

On ne peut donc pas considérer seulement le travail comme source de charge mentale, il faut prendre en compte la situation dans sa globalité. Prenez le temps aussi d’évaluer votre charge mentale personnelle et essayez de conserver un équilibre, pour ne pas bruler la corde par les deux bouts.

J’observe aussi que dans un environnement de travail, en cas de surcharge le manager et saon collaborateurice se rejettent la faute sans collaborer dans la résolution.

C’est la faute du manager / C’est la faute du collaborateur ou de la collaboratrice !

Quand un·e collaborateurice est surchargé·e, on a tendance à s’envoyer la balle de la responsabilité. Si je lui pose la question, c’est la faute du manager, et si je pose la question au manager il ou elle n’était pas conscient de la charge, ou c’est lié à l’organisation du collaborateur ou de la collaboratrice.

Je propose pour résoudre la problématique d’avoir une résolution collaborative.

En tant que collaborateur, vous pouvez utiliser des outils pour vous permettre de réduire votre charge mentale

  • Pratiquer le lâcher prise : prenez le temps de réfléchir pour chaque tâche que vous avez la conséquence de ne pas la réaliser, vous prendrez vite compte que généralement il n’y a que peu de conséquences directes.
  • Prioriser en utilisant la matrice d’Eisenhower : La matrice d’eisenhower demande à classer les tâches par urgence et importance.
    -
    urgente et importante, vous pouvez la réaliser,
    - importante et pas urgente, planifiez-la pour plus tard
    - urgente et pas importante, deleguez, il y a probabement quelqu’un pour qui elle est importante
    - ni urgente ni importante, annulez la vous n’avez pas le temps pour ça !
  • Déléguer : La délégation à un subordonné ou à un pair, est un bon moyen de réduire sa charge mentale. Si vous pouvez déleguer toutes les phases de réalisation jusqu’à la livraison !
  • Faire plus de pauses : C’est en faisant des pauses que vous allez vous ressourcer, vous êtes moins productif de toute façon si vous n’en faites pas. Prenez soin de vous !
  • Apprendre à dire NON ou Oui si : Culturellement cela peut être compliqué de dire NON, alors en attendant que ce soit simple pour vous, ne dîtes plus OUI, mais ajoutez votre contrainte (Je veux bien faire cela mais ce sera la semaine prochaine, ou à la place de cette autre tâche).
  • Travailler sur sa respiration : De nombreuses expériences ont montré que la respiration permet un retour à soi et une relaxation, vous pouvez donc essayer la méditation en conscience, l’auto-hypnose ou la cohérence cardiaque.
  • Discuter de sa charge mentale avec son manager : La collaboration et la discussion avec son manager sont essentielles, il a besoin de vous aider pour retrouver un cadre agréable.

Si vous êtes le manager vous devez aussi agir sur la surcharge de vos collaborateurices

  • Organise le travail différemment, réduisez les silos : assigner un travail sur une unique personne est sous-optimal, on sait aujourd’hui qu’il faut profiter des compétences de plusieurs et faire appel à l’intelligence collective pour avoir les meilleurs résultats. Je vous recommande donc de donner des missions à une équipe, et de les laisser s’organiser.
  • Donner plus d’autonomie à l’équipe, gardez la responsabilité : On sait que plus l’équipe est autonome, plus elle est heureuse, motivée et efficace.
  • Incitez vos collaborateurices à faire des pauses, éviter les heures supplémentaires : soyez exemplaire, ne laissez pas ces comportements acceptables. Très souvent, les collaborateurices pensent que faire des heures supplémentaires permettra d’avoir une plus grande reconnaissance, c’est malheureusement souvent au détriment de la qualité (du travail ou de leur santé)
  • Cadencez le travail pour revenir à une situation acceptable : généralement c’est vous qui avez les clefs pour réduire la quantité de travail en amont, il est plus simple pour vous de négocier en amont plutôt que de laisser vos collaborateurices se débrouiller. Au pire, négociez sur les dates de fin de projets, et les rendus pour avoir une cadence moins élevée.
  • Demandez plus de ressources : c’est évident, mais attention ! Il ne faut pas ajouter du travail supplémentaire, sinon vous risquez d’aggraver la situation. Vous recrutez pour désengorger l’équipe, pas pour en faire plus !
  • Prenez une partie des tâches pour un temps : vous pouvez aider votre équipe !

En bref, il existe de nombreuses méthodes pour parvenir à réduire la charge mentale, discutez-en ensemble. Il n’est pas acceptable d’être en surcharge, peu importe la cause et l’endroit.

Conclusion

Dans cet article nous avons couvert ce que j’ai appris de mes lectures sur le domaine de la charge et surcharge mentale. Nous observons qu’il est facile de se retrouver en surcharge et qu’avoir une observation des symptômes peut nous aider à évaluer notre charge. Ensuite, il faut prendre le temps de la discussion et prendre des actions. Enfin, si la charge est trop élevée ou que les actions ne suffisent pas, je vous invite à consulter rapidement un ou une spécialiste.

Pour continuer

https://yoopies.fr/presse/etude-yoopies-charge-mentale-au-travail

https://www.myhappyjob.fr/quels-sont-les-impacts-de-la-charge-mentale-sur-le-travail/

https://blog.worklife.io/charge-mentale-au-travail/

https://www.cadremploi.fr/editorial/conseils/conseils-carriere/detail/article/la-charge-mentale-au-travail.html

https://www.holivia.fr/blog/comment-limiter-la-charge-mentale-au-travail

https://www.presence-conseil.fr/actualites/publications/surcharge-mentale-comment-la-reguler/

https://www.hiscox.fr/blog/je-gere-mon-entreprise/charge-mentale-au-travail

https://www.bloomr-impulse.com/blog/surcharge-mentale-travail-conseils

https://www.myconnecting.fr/articles/charge-mentale-risques-et-solutions/

https://www.psychologies.com/Travail/Souffrance-au-travail/Stress-au-travail/Articles-et-Dossiers/Charge-mentale-au-travail-comment-la-detecter-et-la-combattre

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