Deux états d’esprits, quand l’échec est la clef de la performance

Combier Camille
Bourgeon Agile
Published in
9 min readJan 30, 2024

J’aimerais vous partager une de mes lectures préférées. C’est un de ces livres qui ouvre une nouvelle porte dans vos perspectives, qui vous permet de découvrir une vision différente du monde. Ce livre se nomme « Changer d’état d’esprit » et est écrit par Carol Dweck, une chercheuse reconnue dans le domaine de la psychologie sociale et de l’étude de la motivation. Cet ouvrage détaille les particularités de deux types de profils : ceux qui ne sont jamais découragés devant une complication, et ceux qui sont blessés par les échecs. Ceux qui continuent d’apprendre toute leur vie et progressent constamment, et ceux qui s’arrêtent au bout d’un moment pour se reposer sur leurs acquis. Voyez-vous de qui je parle ? Je suis sûr que dans votre entourage, vous reconnaissez d’ores et déjà quelques personnes correspondant parfaitement à ces deux descriptions.

Et vous ? Où en êtes-vous ? Je vous propose d’aborder ce que cette lecture m’a enseigné, en faisant un résumé commenté, puis de découvrir ensemble comment l’appliquer au quotidien, notamment en ce qui a trait au domaine du management d’équipe.

Couverture du livre de carol Dweck qui se nomme “Changer d’état d’esprit”, on y voit une tortue qui saute hors d’un bocal à poisson rouges

Cet article est rédigé pour Bourgeon Agile. Nous aimons apprendre, expérimenter, partager et collaborer. Vous retrouverez nos publications en suivant ce lien. Sentez-vous libre de ne pas être d’accord et de commenter ce texte. Nous souhaitons entendre la voix de chacun pour améliorer notre perspective et notre apprentissage.

Deux pousses, l’une est pleine de vigueur ensoleillée et l’autre dépérie, elles sont l’une a côté de l’autre sur un fond sombre

Deux types d’état d’esprit

Lors de ses recherches, Carol Dweck identifie deux types d’état d’esprit : l’état d’esprit fixe (ou « fixed mindset” en anglais) et l’état d’esprit en développement (ou “growth mindset”). Ils décrivent l’attitude et la perception que nous avons quand nous faisons face aux défis et aux obstacles que nous rencontrons dans la vie. Cet état d’esprit a un impact considérable sur notre champ d’action et notre capacité à progresser dans notre environnement professionnel ou personnel. Si vous continuez vos investigations après cet article, vous pourrez trouver d’autres traductions comme « Théorie de l’intelligence en développement, théorie de l’intelligence incrémentielle ».

États d’esprit fixes

Celui qui a un état d’esprit fixe considère inconsciemment que chaque individu a une intelligence et une limite d’apprentissage finie. Que quand on rencontre des échecs, nous arrivons simplement à cette limite et c’est ici que nos capacités se terminent. Il a une évaluation de lui-même qui dépend du regard des autres. Il n’a pas le droit à l’erreur, sinon cela signifie qu’il n’est pas aussi bon qu’il le pense.

Face à un obstacle, prendre la responsabilité de l’échec n’est pas acceptable. Il aura tendance à blâmer la situation ou une autre personne. Il préfère les contextes connus ou faciles et esquive les sujets complexes et risqués. En bref, il minimise les dangers.

Dans son livre, Carol Dweck décrit le phénomène en question avec davantage de détails et de nuances. Je vous grossis un peu le trait ici pour que vous en saisissiez l’idée facilement.

États d’esprit en développement

Celui qui a un état d’esprit en développement voit toute opportunité comme un moyen d’apprendre. Il ne perçoit jamais la défaite comme négative, car c’est un moyen pour lui de grandir. Face à un obstacle, il va faire de son mieux, et en cas d’échec, il va trouver des solutions pour s’améliorer la prochaine fois.

Il prend la responsabilité de l’échec, car pour lui, il n’est pas négatif. Il pense qu’il est capable de résoudre n’importe quelle problématique avec une préparation et un apprentissage adapté. Il valorise l’effort plutôt que le résultat.

Carol Dweck explique que ce type de profil a généralement de meilleures performances dans l’entreprise.

Et vous ? Quel est votre état d’esprit ?

Avez-vous une idée de votre tendance : état d’esprit fixe ou état d’esprit en développement ?

Voici quelques situations pour vous aider à réfléchir. Prenez quelques secondes pour penser à ce qu’elles vous évoquent et à la manière dont vous imaginez y réagir. Faites la différence entre ce que vous aimeriez répondre et ce que vous imaginez ressentir. N’hésitez pas à demander à une personne qui vous connaît bien comment selon elle vous auriez répondu, vous risquez d’avoir des surprises et de vous découvrir une nouvelle fois !

Situation 1 :

Votre directeur vous convoque pour discuter en tête à tête. Il vous explique que la dernière réunion que vous avez animée a mal tourné, et que les participants n’étaient pas satisfaits. Il vous donne alors la parole. Que répondez-vous ?

Si vous prenez la mouche, que cela vous touche et que vous vous sentez « nul », que vous avez envie de vous excuser, alors vous tendez probablement vers l’état d’esprit fixe. Vous vous sentez jugé et directement coupable de ce que peuvent ressentir les directeurs.

Si vous interrogez votre directeur sur sa perception au lieu de vous défendre; que vous essayez d’abord de comprendre le contexte et l’impact que vous avez sur ce résultat : alors vous aurez une tendance à l’état d’esprit en développement.

Il en va de même si vous cherchez des moyens d’améliorer votre performance à la prochaine occasion, ou que la perception des directeurs ne vous touche pas ou peu.

Situation 2 :

Vous sortez de votre évaluation annuelle, le bilan est mitigé. Votre manager a passé autant de temps sur le positif que sur les points d’amélioration. Comment vous sentez-vous ?

Si vous avez un état d’esprit fixe, vous avez tendance à prendre cela comme une attaque personnelle. Il y avait de bonnes raisons pour avoir échoué ! Vous avez d’ailleurs passé l’entretien à contester les remarques et vous reprochez à votre manager de ne pas reconnaître votre valeur. Vous êtes maintenant frustré et démotivé.

Dans le second cas, vous avez passé un bon entretien, vous avez déterminé plein d’axes d’amélioration et cela vous enthousiasme. Vous avez pris le temps de bien comprendre la perspective de votre manager et vous avez construit ensemble un plan et des objectifs concrets, pertinents et motivants pour progresser.

Situation 3 :

Vous êtes un manager et l’un de vos managés vous demande un entretien. Il vous explique que le projet sur lequel il travaille est une catastrophe et que l’entreprise va droit dans le mur. Quelle est votre réaction ? Comment lui répondez-vous ?

Si vous avez un état d’esprit fixe, vous allez lier ça aux compétences de votre managé. Il n’est pas bon, il n’est d’ailleurs peut-être pas fait pour ce poste. Vous avez eu tort de le lui donner, maintenant les conséquences sont désastreuses. Vous lui expliquez ce qu’il aurait dû faire et peut-être même prendre des sanctions ou au moins vous retiendrez un point négatif pour sa prochaine évaluation.

Si vous avez un état d’esprit en développement, la perspective est tout autre. Tout d’abord, vous reconnaissez le courage de votre managé de venir vous en parler. Vous écoutez calmement son récit et vous aidez votre collaborateur à comprendre ce qui a engendré la situation. Vous l’accompagnez dans sa formation, vous ne percevez pas cela comme un échec, mais plutôt comme une vraie opportunité d’enseignement. Vous en profitez pour vous remettre en question : comment cela a-t-il pu vous échapper ? Qu’apprenez-vous en tant que manager ? Qu’allez-vous changer dans votre comportement pour que, la prochaine fois, cela ait moins d’impact ?

Comment cela peut-il me servir ?

Dans son livre, Carol Dweck montre qu’avoir un état d’esprit fixe limite et crée un plateau d’apprentissage. Nous n’exploitons alors jamais notre plein potentiel et nos performances sont limitées.

Dans le cas d’un état d’esprit en développement, nous apprenons continuellement et cela nous permet d’atteindre des niveaux de performance exceptionnels.

Personnellement, je me sers beaucoup de cette théorie dans mes entretiens de recrutement. C’est un axe intéressant et simple à creuser avec un candidat. « Racontez-moi une difficulté que vous avez vécue et dites-moi ce que cela vous évoque ». On peut alors facilement identifier si le ou la candidat(e) s’estime victime d’une injustice, ou si la situation représente une occasion de se développer.

Growth Mindset et management

Avoir un manager qui a un état d’esprit en développement est un régal. Il remet en question ses croyances et continue à apprendre (je voudrais au passage remercier Stéphane, Anne et Nicolas pour leur soutien lors de mes expériences et mes apprentissages !). Il vous écoute et a une intention de vous faire grandir, autant en vous permettant d’assimiler de nouvelles compétences que de trouver un endroit qui vous motive !

Avoir un managé qui a un état d’esprit en développement est tout aussi agréable. En tant que manager (avec un état d’esprit en développement), cela va vous permettre de le faire expérimenter et progresser rapidement. Il aura le courage de s’essayer sur des sujets complexes et risqués.

Attention, un managé avec un état d’esprit en développement et un manager qui a un état d’esprit fixe ne feront pas bon ménage ! L’un veut expérimenter, essayer et apprendre et l’autre valorise le résultat plutôt que l’apprentissage.

Vous l’avez compris, c’est un vrai critère qui a un impact important sur les performances de l’équipe. Alors devez-vous remplacer toute votre organisation par des collaborateurs avec un état d’esprit en développement ? Rassurez-vous, on peut le changer !

Sachez que ce n’est pas immuable !

Vous pensez que vous avez un état d’esprit fixe ? Que votre collègue à un esprit fixe ? La bonne nouvelle est que ce n’est pas immuable. Prenez en considération que, très souvent, notre éducation et notre parcours scolaire nous forment à considérer notre réussite ou notre échec en fonction de nos résultats scolaires. Alors, il est normal que ce soit le cas de presque tout le monde. Acceptez-le et commencez à travailler sur votre nouvel état d’esprit. Vous deviendrez rapidement une version 2.0 de vous-même.

Vous aurez changé d’état d’esprit quand ce sera devenu automatique, une seconde nature chez vous. Cela prend du temps et il demande d’entraîner votre réflexe intuitif.

Créer une habitude

Pour ce faire, le plus simple est de créer une habitude. Ajoutez dans votre agenda ou sur votre cahier une annotation qui vous force au moins une fois par jour à vous questionner sur ce que vous avez appris dans la journée. Cette habitude de voir vos apprentissages va vous permettre de relativiser sur les situations et de prendre du recul sur ce qu’elles vous ont apporté.

Cette pratique est un moyen de reprogrammer son cerveau. Des scientifiques l’ont démontré et ils ont montré aussi qu’en utilisant cette technique, on voit davantage les aspects positifs de sa vie. Laissez couler des gouttes d’eau au sommet d’une dune, quelques jours ensuite, vous aurez un lit de rivière bien marqué, qui simplifiera tous les prochains passages de l’eau. En faisant travailler notre cerveau sur une problématique, de nouvelles connexions se développent, et il devient de plus en plus facile d’aborder cette question.

Le sujet de la reprogrammation du cerveau m’intéressant particulièrement, j’imagine que j’en ferai un second article.

Planifier votre apprentissage

Pour prendre conscience de votre changement, il faut construire un plan de vos futurs apprentissages. C’est pourquoi je vous propose de faire une liste de vos objectifs professionnels et d’identifier les compétences et les connaissances nécessaires pour les atteindre. Notez ensuite ce que vous allez accomplir pour acquérir ces connaissances. Régulièrement, au moins une fois par semaine, réservez-vous un espace pour faire le point sur ce que vous avez appris et sur la façon dont cela vous aide à progresser dans l’acquisition des compétences requises pour atteindre vos objectifs.

Offrez-vous de nouvelles perspectives

Souvent, apprendre est un peu comme ouvrir des fenêtres sur de nouveaux horizons. En environnement professionnel, nous avons la chance de pouvoir découvrir des perspectives innovantes simplement… en le demandant !

Demandez régulièrement du feedback à vos collègues, vos supérieurs et vos clients. Notez les points positifs et les axes à améliorer et déterminez comment vous pouvez les intégrer dans votre pratique professionnelle.

Expérimentez en sécurité

J’imagine qu’une autre solution pour apprendre en conscience peut être de choisir un domaine dans lequel vous vous sentez moins à l’aise ou moins compétent. Lancez-vous un défi personnel pour le maîtriser. Par exemple, si vous n’êtes pas serein avec les présentations orales, inscrivez-vous à un cours de prise de parole en public ou proposez-vous pour animer une réunion ou un atelier. Avec de petits exercices fréquents d’apprentissage en conscience, vous habituerez votre cerveau.

Conclusion

En bref, dans son livre, Carol Dweck explique et détaille les deux types d’états d’esprit. Elle donne de nombreuses sources et des exemples dans les domaines professionnels, familiaux et sportifs. C’est un ouvrage que j’ai particulièrement apprécié pour les concepts posés. On note que ce concept peut-être utilisé dans de nombreux environnement et est un indispensable dans le domaine de l’entreprise. Vous avez maintenant des exemples concret pour l’analyser et l’améliorer.

Quelques liens pour aller plus loin

Lien vers le livre : https://www.editionsmardaga.com/products/changer-detat-desprit

https://www.wgu.edu/blog/what-is-growth-mindset-8-steps-develop-one1904.html

https://hbr.org/2016/01/what-having-a-growth-mindset-actually-means

https://online.edhec.edu/fr/blog/growth-mindset-competence-entrepreneurs/

https://fs.blog/carol-dweck-mindset/

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