L’offre de formation en informatique sur Strasbourg.

Stéphane Becker
Le jeux vidéo au pays des bretzels
4 min readMar 9, 2008

Samedi 8 Mars, c’est à dire hier, l’IUT Informatique de Strasbourg Sud organisait sa journée porte ouverte. Dans ce cadre, afin de donner la meilleure vision possible, ils organisent un forum avec une brochette d’ancien du DUT invité sur place afin de répondre aux questions que des étudiants ont préparés ainsi que les éventuelles questions de l’assistance. Cet exercice, auquel je me rends volontiers, permet de donner quelques indices important aux jeunes sur ce qu’ils souhaitent faire plus tard. De mon côté cela me permet de garder aussi prise avec les inquiétudes et aspirations aussi bien du public présent que de l’encadrement de l’IUT. J’en ai tiré plusieurs conclusions, mais aujourd’hui je vais me concentrer sur l’offre disponible de formation en informatique sur Strasbourg, je reviendrais sans doute vers d’autres points par la suite.

Historiquement, à l’époque où j’ai fait mes études (période 1993 -> 1998, pas si éloigné que cela donc), on pouvait rapidement faire le tour des possibilités en formation sur Strasbourg : il n’existait que l’IUT qui donnait lieu à un Diplôme Universitaire Technologique et l’Université Louis Pasteur qui n’avait encore que les génériques licence, maitrise et DESS / DEA Informatique sans parfum particulier si ce n’est une spécialisation en parallélisme au niveau du DESS. Depuis les choses ont bien changé surtout si l’on ajoute encore les changements apportés par la réforme LMD : à présent la fac propose beaucoup de spécialisation au niveau des Masters et si l’IUP n’existe plus il semble que l’on doit à présent faire plus d’informatique en L1/L2 ce qui n’était pas le cas à l’époque du DEUG.

Mais à présent l’université doit aussi faire face à l’existence d’une offre privée apparu il y a peu, ainsi Supinfo et l’Epitech se sont installés sur Strasbourg. Si l’université Louis Pasteur pouvait avant récupérer pas mal de gens par “défaut” c’est déjà moins le cas à présent, même si la scolarité de ces écoles privées coutent pour le moins cher. Si on conjugue l’apparation de cette nouvelle offre avec d’autres facteurs comme la fusion des différentes universités de Strasbourg en l’université de Strasbourg et la récente réforme LMD on voit que tout est en pleine reconstruction.

Et de la reconstruction il y en a besoin. Comme je l’ai déjà indiqué à plusieurs reprises aussi bien dans le forum entreprise de l’ULP auquel j’avais participé que pendant les journées portes ouvertes de l’IUT où j’ai réitéré mes propos : la qualité de la formation de l’ULP pour des gens qui veulent travailler par la suite à des postes d’ingénieurs dans le privé est nulle. Et je suis loin d’être le seul à penser cela que cela soit d’autres chefs d’entreprise ou des gens en poste dans cette université. Globalement la formation est uniquement pensée pour former des chercheurs, un espèce de cycle fermé où la fac s’auto-alimenterait.

Entendons nous bien, cela ne signifie pas que les gens qui sortent de cette formation soient forcément mauvais, moi même j’ai un diplôme de cette fac. Ce qui arrive et que l’on constate dans les entretiens d’embauche c’est un différentiel énorme entre deux diplômes de la même formation, entre des très bons et des gens qui ne savent pas pourquoi dans un programme on utilise plutôt un tableau dynamique qu’une liste chainée. Or c’est justement le rôle d’une formation d’assurer aux professionnels une base de connaissance commune et si possible utile (oui parce que bon, la preuve de programme et le lambda calcul c’est pas des choses que l’on fait au quotidien chez nous). Au niveau des professeurs on constate aussi une grande variance entre certains des meilleurs professeurs que j’ai jamais eu et des gens qui s’en cognent ouvertement d’enseigner voir un mec qui lit “teach yourself C++ in 21 days” juste avant de donner un TD d’orienté objet.

Le problème est néanmoins jusqu’à présent encore plus profond dans la mesure où on sent non seulement un mépris de l’entreprise parmi un certain encadrement de la fac (il suffit de s’être rendu à une soutenance de stage à l’université pour comprendre) ainsi qu’un immobilisme au niveau de la formation pour des raisons parfois ubuesque (genre “il faut refaire les cours”) voir un manque de motivation de la part des étudiants. Pour illustrer ce dernier point, une présentation sur Ruby On Rails à la fac cela déplace 5 personnes, une présentation sur le jeu vidéo à Epitech vous avez deux années complètes d’étudiants (j’ai du mal à compter sur ce coup là, mais on va dire 40–50 gus à vue de nez). Cela illustre peut être que quand on investit ses deniers personnels on en veut pour son argent.

Quand à Epitech et Supinfo il est un peu tôt pour se faire une opinion à mon niveau, étant donné que je n’ai pas vu d’étudiant en sortie de la formation à un entretien d’embauche. Mais je pense qu’on pourra assez rapidement se faire une idée sur la qualité de leur étudiant, néanmoins je peux déjà dire que dans les deux cas on sent que l’école a plus de moyens. Pour l’IUT c’est une formation qui a fait ses preuves et l’investissement constant de l’encadrement pour conserver une très bonne réputation fait que je suis toujours rassuré quand je vois cette formation apparaitre sur un CV.

La règle du jeu a néanmoins changé et si jusqu’à présent l’université pouvait superbement ignoré son environnement ce n’est plus le cas, certains professeurs faisant état d’un déficit de candidat à l’entrée de la fac. Un professeur m’ayant même déclaré ouvertement que “les meilleurs étudiant se dirigent naturellement vers une prépa ou un IUT, pas chez nous”. C’est dommage surtout quand on voit la version américaine de l’université qui est un vrai lieu d’excellence et qu’il y a du potentiel quelque part. Espérons simplement que les changements récents au niveau de la concurrence locale les pousse à se bouger ; il parait que c’est d’ailleurs déjà le cas, j’attends de voir.

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Stéphane Becker
Le jeux vidéo au pays des bretzels

CEO à Method In The Madness. Geek. Gamer. Développeur. Entrepreneur.