Quand la peur nous freine.

Stéphane Becker
Le jeux vidéo au pays des bretzels
3 min readMar 10, 2008

Comme je l’avais déclaré dans mon billet d’hier, la journée portes ouvertes de l’IUT m’a permis d’effectuer quelques constants, tant sur l’offre de formation que sur les préocupations des gens. Car si principalement ce sont les anciens du DUT qui parlent, on sent les interrogations des gens à travers les questions qu’ils nous posent.

Et la première question qui revint à chaque fois fut celle de la délocalisation. En clair, est ce qu’il est utile d’entamer une carrière de développeur alors que partout on parle de délocalisation et surtout de la force de l’Inde en matière d’informatique. Je dois dire que cette question m’a fait de suite furieuseument penser au billet de Philippe concernant ses inquiétudes sur la mentalité française.Â

Je peux comprendre l’inquiétude de ce père de famille qui ne souhaite qu’un meilleur avenir pour ses enfants, mais je pense que ce qui est clair c’est que rien n’est du dans ce monde et qu’il faudra se battre pour l’obtenir. Pendant longtemps nous avons vécu dans notre bulle, à présent les règles du jeu ont changé, changé pour tous le monde. Certains s’adaptent alors que nous nous posons encore la question de savoir comment reconstituer la paroi de la bulle. Nous n’aurons sans doute pas une vie aussi “facile” que la génération de 68 qui a tout fait pour se voiler la face et nous laisser en héritage des problèmes à priori insolubles au lieu de prendre à l’époque les mesures qui s’imposaient. Soit.

Maintenant les problématiques de délocalisation sont toujours peintes de blanc et de noir lorsqu’on en parle dans les médias. La question de la délocalisation est bien plus complexe que cela, car l’Inde ce n’est pas la France avec du curry en plus. C’est une culture différente, des infrastructures différentes, une corruption différente. Tous les gens que j’ai croisé un jour et qui ont voulu ne serait ce que sous traiter dans ces pays n’en pouvait plus de verser leur litanie de problèmes. Ce n’est pas qu’ils soient plus bêtes que nous c’est simplement qu’ils sont différents et que les problématiques d’un logiciel de sécurité sociale peut leur sembler abscons, surtout quand on sait pas ce que c’est la sécurité sociale.

Tout ça pour dire que déjà dans un premier temps, pour l’instant les seuls groupes à faire de la délocalisation en Inde sont des grands groupes et ils le font souvent avec un résultat mitigés mais les investissements étant colossaux ils perdurent. Certains groupes ont même des stratégies d’achat dans des pays “low cost” en fixant un pourcentage de leurs achats à effectuer dans ces pays que cela ait un sens ou pas. Pour la majorité des acteurs il n’y a pas de décision facile à prendre, tout est question de choix et d’expérience passée.Â

Je dirais simplement que le monde change, il va toujours plus vite et il ne nous demandera pas notre avis. Si nous voulons avoir notre place il faudra la justifier, et l’éducation est une des clefs de cette justification. Â Certes nous vivons quotidiennement par petit écran interposé des drames à base d’usines qui ferment avec sur le carreau un personnel souvent peu qualifié et agé et c’est d’ailleurs le rôle de la société de trouver un moyen de les reclasser. Mais l’effort de fond sera de sans cesse mieux former les gens afin de taper plus haut dans l’arbre des jobs possible afin de faire des choses que ne font pas les autres. Et cela passe par l’innovation, et c’est pour cela que l’innovation est toujours vitale.

Je vis sans doute dans un milieu différent de ces gens, un milieu où la mondialisation est vécu comme un challenge. Dans ce milieu on sait qu’il est dure de trouver des bons programmeurs mais une chose est sure : on assiste actuellement à une désaffection des métiers scientifiques, et si un jour nous ne trouvons plus de personnel alors là nous devrons délocaliser, de grès ou de force.

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Stéphane Becker
Le jeux vidéo au pays des bretzels

CEO à Method In The Madness. Geek. Gamer. Développeur. Entrepreneur.