Trame narrative

Stéphane Becker
Le jeux vidéo au pays des bretzels
3 min readDec 29, 2018

Je venais de finir Far Cry 5, à la fin de la cinématique clôturant mes aventures dans la ruralité américaine, j’étais secoué. J’avais réussi à débloquer la “mauvaise fin”, celle que l’on a quand on a loupé un truc dans le raisonnement des auteurs du jeu, raisonnement qui pour des raisons mercantiles est souvent à la portée de tous les cortex cérébraux.

Spoiler : cette homme ne désire pas votre bien.

J’étais interloqué, j’avais loupé quoi en fait ?

Après quelques recherches sur internet et la magie de Youtube qui vous évite de vous retaper tout un jeu juste pour 15s de cinématique, j’ai du me rendre à l’évidence : j’avais la “bonne fin”. Et là franchement j’avais du mal à comprendre en quoi il s’agissait d’une “bonne fin”, quel que soit la fin d’ailleurs.

Il faut dire que depuis quelques temps, c’est devenu un peu la mode les fins de merde avec en tête de gondole le fabuleux Game Of Thrones, l’univers où tu as à peine le temps de t’attacher à un personnage qu’il passe dans une broyeuse à document. Je me souviens encore lorsque j’avais lu le dernier bouquin paru de la série, cela en devenait insupportable. On aurait dit que l’auteur, grisé par ses débuts de serial killer, devait aller toujours plus loin. Tuer les gens ne lui suffisait plus, on avait droit à de longues pages de supplices qu’il appliquait méthodiquement à ses personnages.

De même, regardez toutes les œuvres traitant de science fiction. Fini les lendemains qui chantent, maintenant on a le droit systématique à des dystopies et souvent ces dernières sont le fruit de scientifiques en roue libre, ce qui va renforcer encore le discours anti science présent dans l’atmosphère.

Alors de nos jours, vouloir une gentille fin, c’est un peu pour les loosers, pour ces gens qui n’auraient pas réussi à échapper au monde de Disney et qui ne serait pas susceptible à cette forme de cynisme mâtiné de snobisme intellectuel qui veut qu’une fin sympa c’est pour les débiles. En conséquence de quoi, je me tâte réellement pour regarder pour la première fois le roi lion.

J’ai l’impression quand même qu’on baigne à présent dans une sorte de cynisme ambiant où tout optimiste est regardé avec méfiance, parce qu’au mieux il doit juste être trop con pour comprendre ce qui se passe. Et on s’en fout si la réalité des faits, la science ou autre nous donnerait à avoir une opinion un peu positive des choses. On en arrive comme pour les organismes génétiquement modifié à faire fi de toute raison pour condamner cela comme si c’était l’invention du diable. Alors certes, je ne confierai pas les clés de mon appartement à Monsanto, mais il faudrait voir aussi à ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. C’est un peu comme le nucléaire en France, nous avons le droit, voir le devoir de demander des comptes à l’autorité de sûreté si nous n’avions pas confiance, mais cela ne veut pas dire que le nucléaire est bon à jeter à la poubelle.

De toute manière nous sommes actuellement dans un climat de défiance généralisé, un climat où une illuminée peut balancer une vidéo remplie de bêtises sur la vaccination et faire des millions de vues. Un moment où certains pensent que leur opinion vaut bien le savoir des autres et où l’ésotérisme revient en force.

Je pense donc que dans ce genre d’époque, nous avons besoin d’écrire une trame narrative d’un futur possible et positif, avec des éléments concrets d’actions pour y arriver. Nous n’irons peut être pas jusqu’à l’utopie mais au moins jusqu’à quelque chose dans lequel nous aurons envie d’habiter.

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Stéphane Becker
Le jeux vidéo au pays des bretzels

CEO à Method In The Madness. Geek. Gamer. Développeur. Entrepreneur.