Kiara : “Burn-out. Trou noir. Clap de fin.”

Guérir le burnout
Burnout : rallumons la flamme !
4 min readJul 10, 2016

Aujourd’hui, Kiara accepte de nous confier son témoignage poignant relatant son expérience personnelle avec le burnout, publié le 8 juillet dernier sur son blog :

Nous sommes heureux-ses de vous le transmettre et par ce biais faire grandir notre collection de témoignages. Merci encore à l’auteure pour son autorisation de publication, et bonne lecture à toutes et à tous !

Burn-out. Trou noir. Clap de fin.

Je suis rentrée un mercredi midi de mai du collège, j’ai posé mon cartable, je me suis assise et les larmes se sont mises à couler. J’ai pleuré tout le reste de la journée. Sans m’arrêter. Je me suis vidée. J’ai aussi pleuré tout le jeudi et tout le vendredi. J’ai fait sortir « la vapeur », celle qui était coincée dans la « cocotte-minute ».

Je n’ai pas pu retourner travailler le jeudi matin. Une terrible migraine m’a empêchée de me lever. J’ai eu beaucoup de mal à téléphoner au travail pour annoncer que je ne viendrai pas. Ma respiration s’est accélérée, mon coeur essayait de sortir de ma poitrine, ma tête me tournait. J’ai découvert la crise d’angoisse.

Lorsque je suis allée chez le médecin, qui se situe près du collège, j’ai senti l’angoisse monter. J’ai cru ne jamais réussir à avancer. J’ai fait un détour pour arriver. Quand le médecin m’a reçue dans son cabinet, je n’ai pas pu articuler deux mots. J’ai encore pleuré, pleuré, pleuré. Puis je lui ai expliqué. Le travail, la pression, les angoisses. Toutes ces raisons qui m’ont conduites dans cette impasse (et que je ne développerai pas ici), au bord du précipice. Il a mis un mot sur ce qui m’arrivait :

Comme c’était le remplaçant de mon médecin, il ne pouvait pas me mettre plus de quinze jours en arrêt. Il m’en a mis seize pour que je puisse être remplacée (à un jour près, un prof n’est pas remplacé) et ne pas culpabiliser (je ne voulais pas laisser mes élèves sans français ni latin pendant trop longtemps), me détendre, me reposer et penser à moi.

Pourtant, je n’ai pas réussi à me détendre. J’étais tellement stressée que je n’arrivais pas à dormir. J’avais peur de devoir retourner au collège. Je ne m’en sentais pas capable.

Lorsque je suis retournée chez le médecin, avec mes crises d’angoisse et ma tension au ras des pâquerettes, il a confirmé le diagnostic et a tenu à m’arrêter jusqu’à la fin de l’année. J’ai réussi à négocier mon retour fin juin, après le Brevet et avant la semaine et demi de réunions pour la réforme. Il n’était pas d’accord, nous avons convenu que si je ne me sentais pas prête, je reviendrais le voir.

Après ce renouvellement d’arrêt, j’ai pu souffler et enfin me reposer. Je n’avais jamais autant dormi! J’ai appris à prendre soin de moi, je me suis coupée des autres, j’ai accepté les mains tendues et je me suis centrée sur moi.

Pendant cette période difficile, j’ai perdu Nermia. Elle m’a quittée au pire moment. Mais elle avait besoin de moi pour partir et je l’ai accompagnée. J’ai eu besoin de soutien et j’en ai trouvé auprès d’une de mes collègues, qui est devenue une amie.

Lorsque les élèves ont réclamé ma présence au spectacle de fin d’année, elle m’a convaincue d’y aller. Ce serait le premier test, pour savoir si j’étais capable de revenir. Collègues et élèves étaient tous ravis de me revoir. Ca m’a fait un bien fou. J’ai su que j’étais prête à revenir. En douceur.

La douceur, ce n’est pas ce qui a caractérisé ma reprise. Au contraire, après une journée de correction du Brevet, j’ai enchaîné les journées de réunions en tous genres, pour faire le bilan de l’année scolaire mais aussi pour préparer la rentrée prochaine et mettre en place la réforme.

*

Mon corps a dit STOP. Un jour, j’ai été incapable d’avancer. J’étais arrivée au bout. Mais ça a été progressif. Depuis janvier, je sombrais doucement, sans m’en rendre compte. Certains collègues avaient bien vu que je n’avais plus cette joie de vivre, cet entrain qui me caractérisait. J’avais de plus en plus de trous de mémoire, je faisais plus d’erreurs, de lapsus, je mélangeais des choses… Mon cerveau n’arrivait plus à tout gérer et surchauffait.

Aujourd’hui, je vais mieux, même si je ne suis pas encore totalement sortie de ce burn-out. Surtout physiquement. Je suis encore fatiguée et j’ai toujours des trous de mémoire, des oublis, notamment de vocabulaire. Pourtant, j’avance. Et je peux même affirmer que cette étape difficile a été nécessaire et bénéfique.

Grâce à ce burn-out, j’ai mis le doigt sur ce qui n’allait pas. J’ai découvert que j’étais la personne la plus importante de MA vie. Que si JE n’allais pas bien, rien ne pouvait aller bien dans MA vie. J’ai appris à dire non. Je me suis affirmée. Je suis plus sûre de moi et je n’ai pas peur de me séparer ou de m’éloigner des personnes négatives.

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J’ai presque deux mois de congés d’été pour continuer sur ma lancée. Pour vivre pour moi, prendre confiance en moi, savoir ce que je veux et ce que je refuse.

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Merci à tous pour vos petits mots, vos messages et vos petites attentions.

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