Destruction de ballons espions : Les relations sino-américaines au bord de l’implosion
En seulement deux semaines, ce ne sont pas moins de quatre objets volants non identifiés qui ont été abattus par l’armée américaine. Sans réelle réponse, ces objets aux formes toutes différentes les unes des autres laissent place à différentes interprétations et ravivent les tensions sino-américaines.
Une identification vague de ces ovnis…
Ces quatre objets volants sont difficilement identifiables, détruits par les forces armées américaines. Ces ballons semblent plutôt être liés “à des entreprises privées, à des activités de loisirs ou à des institutions de recherche scientifique” selon le président américain Joe Biden.
Si malgré tout rien ne peut être exclu pour ces ballons, le premier de 60 mètres environ, abattu le 4 février appartient bel et bien aux chinois .
Les États Unis s’attachent à dire que ce ballon avait pour objectif de collecter des informations stratégiques sur les infrastructures du pays. Cependant, Pékin rétorque et affirme que ce ballon n’a que des fins météorologiques et que celui-ci s’est simplement égaré selon les dires d’un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. Cependant, si la Chine ne s’accorde pas pour dire que celui-ci était un ballon espion, les récents clichés du ballon permettent d’affirmer qu’il était équipé d’outils d’espionnage.
De surcroît, la Chine se défend en affirmant que l’année précédente, des ballons cette fois-ci américains auraient survolé leur territoire. Si les trois ovni abattus récemment ne suscitent que peu d’inquiétudes, le prétendu ballon espion chinois ne fait qu’accentuer les tensions déjà existantes entre Washington et Pékin, déjà mises à mal par des enjeux majeurs comme Taiwan ou concernant les droits humains à Hong Kong, au Tibet et au Xinjiang.
Entre accusations et communications
Après avoir accusé, les États-Unis doivent faire affront aux dires chinois et Adrienne Watson, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche déclare que “toutes affirmations selon lesquelles le gouvernement américain utilise des ballons espions au-dessus de la Chine est fausse”. Cette dernière accuse par la suite que le programme espion chinois s’étend sur les cinq continents et à travers plus de 40 pays.
Il en va alors du président Joe Biden de parler afin de montrer ses intention de communiquer avec son homologue chinois et ré-affirmer que « nous ne voulons pas d’une nouvelle Guerre froide ».
Malgré cela, la volonté de ne pas s’excuser se remarque le 18 février dernier lorsque Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, et son homologue Wang Yi se sont rencontrés à Munich, en Allemagne. En effet, il en ressort qu’aucune violation du territoire ne sera tolérée et que cet acte relève de l’irresponsabilité la plus totale. Les intentions de communications ouvertes restent affichées mais ne permettent pas de cacher la détérioration des relations entre les deux plus grandes puissances mondiales.
Des tensions toujours plus vives
Les relations actuelles entre les deux puissances sont souvent qualifiées de « nouvelle guerre froide » ce qui est souvent démenti par les États-unis. Il apparaît inconcevable pour eux d’assimiler cette rivalité à celle qui à paralyser le monde jusqu’en 1991. Cependant cette rivalité rime ici avec conflictualité et cette idée s’observe notamment sur les différents conflits mondiaux ou chacune de ces puissances cherchent à faire entendre sa position et valoriser sa puissance aussi bien technologique que militaire.
En effet, la chine concurrence les GAFAM grâce au BATX et cherche à étendre ses influences commerciales grâce aux nouvelles routes de la soie. Au niveau économique, on parle de co-dépendance entre les deux puissances mais c’est bien au niveau militaire que les relations sino-américaines effraient le plus.
Taiwan représente le centre des tensions. L’île est de facto indépendante de la République populaire de Chine depuis 1949 mais Xi Jinping ne l’entend pas de cette manière et les nombreux essais militaires autour de l’île l’illustrent bien. Cependant, la visite de Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, le soutien militaire américains apporté à Taiwan, et les exercices en mer de Chine méridionale des États-Unis sont des affronts directs à Pékin qui se dit « prêt à réagir militairement » selon une allocution du président Xi Jinping. Mais, cet acte serait alors selon le général Mark Milley, une véritable « débâcle », une « erreur géopolitique, stratégique similaire à celle de Vladimir Poutine en Russie ».
Après avoir rencontré XI Jinping a Bali, Joe Biden a déclaré « ne pas penser qu’il y ait une tentative imminente de la part de la Chine d’envahir Taïwan». Les tensions autour de cette île restent malgré tout très fortes et font alors écho avec un conflit bien plus grand encore, un conflit auquel le général fait allusion dans ses propos, l’invasion de l’Ukraine par la Russie datant de presque un an jour pour jour…
Effectivement, les relations sont d’autant plus crispées étant donné que la Chine étudierait la possibilité de fournir des armes létales, comme des drones, à la Russie alors qu’avec l’OTAN celle-ci propose un cessez-le-feu. Les États-Unis auraient alors directement averti leurs homologues qu’une telle décision aurait d’importantes répercussions.
Même si aucune décision finale ne semble avoir été prise, “cela aura un coût réel pour la Chine”, a averti Jake Sullivan, le conseiller américain à la sécurité nationale.
Même si les dirigeants cherchent à établir une communication importante, il est clair aux yeux du monde que les volontés d’expansion chinoise poussent les États-Unis dans leur retranchement, rendant les relations entre ses deux pays plus que fragiles.
Le premier ballon abattu appartenant bel et bien à la Chine ravive des tensions toujours aussi fortes entre les deux puissances. Cette affaire permet de montrer l’épée de Damoclès qui pèse au-dessus de nombreuses régions comme à Taiwan. Des tensions, souvent même assimilées à une « étrange » guerre froide, qui donnent le ton lorsqu’il s’agit de penser les relations internationales en ce début d’année 2023.
Pour en savoir plus :
Dominique Moïsi. 19 février 2023. Chine-Etats-Unis : l’étrange guerre froide, Les Echos.
https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/chine-etats-unis-letrange-guerre-froide-1908014
Elodie Descamps. 9 janvier 2023. Entre les États-Unis et la Chine “une grande guerre approche”, assure un haut gradé de l’armée, GÉO
France 24. 13 février 2023. Pékin affirme que Washington a aussi envoyé des ballons au-dessus de son territoire, avec AFP.
Guillaume Dosda. 4 février 2023. États-Unis/Chine : doit-on craindre une guerre entre les deux pays ?, RTL
Le Figaro. 16 Novembre 2022. La Chine commettrait une «erreur stratégique» en attaquant Taïwan, avertit un général américain, avec AFP
Le Monde. 16 février 2023. Ballon chinois : Joe Biden affirme être prêt à « abattre » tout objet aérien qui menacerait la sécurité des Etats-Unis, avec AFP.
Le Monde. 19 février 2023. Ballon chinois : la diplomatie américaine dit à Pékin que cela ne doit « plus jamais se produire », avec AFP.
Maxime Ginoux. 13 février 2023. Etats-Unis : mystère autour des objets abattus par l’armée américaine , Cerfia.
https://cerfia.fr/https-cerfia-fr-infos-ovni-etats-unis-abattus/
S.R avec agences. 26 février 2023. GUERRE EN UKRAINE: LES ÉTATS-UNIS METTENT EN GARDE LA CHINE SUR L’ENVOI D’ARMES À LA RUSSIE.
Wiliam Audureau. 14 février 2023. Ballon géant et engins volants dans le ciel des Etats-Unis : 8 questions pour comprendre ce qu’il se passe, Le Monde.
