La pandémie sonnera-t-elle la fin du « Made in China » ?

Marino Koutsiouris
La REVUE du CAIUM
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15 min readOct 10, 2020

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Bien que la pandémie de coronavirus ait révélé la dépendance excessive du secteur industriel à l’égard de la Chine pour son approvisionnement en produits intermédiaires et notamment médicaux, la vague massive de relocalisations et de départs de Chine promise par le Représentant américain au commerce, Robert Lighthizer, est très difficilement envisageable.

Une employée travaillant dans l’entrepôt de Swire Coca-Cola Beverages après le rétablissement de certaines de ses lignes de production à Wuhan. Photo: Getty Images.

Gigantesque bouleversement, la pandémie a marqué un tournant historique pour l’économie mondiale. Rarement le commerce international avait-il connu des perturbations d’une telle ampleur.

Face à l’irruption du virus Sars-Cov-2 en Chine et à travers le monde, l’arrêt soudain et forcé de l’activité industrielle dans le pôle économique de Wuhan a privé de multiples entreprises à travers le monde de composants clés et autres produits manufacturés, laissant place à la tourmente subséquente qui ne manquera pas de figurer dans les futurs manuels d’économie.

La reprise assez rapide des chaînes de production chinoises n’aura pas empêché nombreux commentateurs dans les médias et la sphère politique d’affirmer que la pandémie déclencherait un exode massif d’entreprises hors de Chine vers des pays « plus sûrs » afin de mieux se protéger de futures perturbations.

La « fin du made in china dans le secteur technologique » serait proche, apprend-on dans Bloomberg News, et les relocalisations des chaînes de production chinoises vers des pays tels que le Mexique, le Vietnam ou l’Inde s’accéléreraient d’après un commentateur sur CNBC. Un autre, sur Forbes, va même jusqu’à dire que la « fin de la globalisation telle qu’on la connaît » a sonnée. Une globalisation où la Chine jouerait un rôle réduit. Pourquoi pas…

Pendant ce temps, Donald Trump et son Représentant au Commerce, Robert Lighthizer, annoncent fièrement dans le New York Times la « fin de l’ère des délocalisations massives » et en appellent au patriotisme des entreprises américaines.

En cette période de crise et d’incertitude sans précédent, faire la part des choses peut s’avérer une tâche ardue, surtout avec une visibilité aussi réduite. Mais hormis l’exagération médiatique habituelle, les données montrent qu’en réalité seules quelques entreprises quittent la Chine et que la délocalisation est un processus beaucoup plus compliqué et coûteux que certaines personnes essaient de nous faire croire.

Les entreprises étaient déjà sur le départ

« Les analyses existantes avancent, en réalité, que de nombreuses entreprises ont déjà quitté la Chine » explique Michel Blanchard, professeur d’économie internationale à l’Inalco et chercheur à l’Institut français de recherche sur l’Asie de l’Est (IFRAE). « Nombreux facteurs ont mené plusieurs entreprises à délocaliser leur production vers des pays-tiers, notamment au Maroc et au Bangladesh. Mais ces mouvements s’expliquent essentiellement par la hausse du prix de la main d’œuvre chinoise et s’observaient déjà avant la pandémie de Covid-19 » continue-t-il.

Car en effet, le coût de la main d’œuvre chinoise n’a fait que croître depuis 10 ans. Ayant connu une première hausse de 64% entre 2010 et 2016, il augmente d’encore 30% entre 2016 et 2020. Ce phénomène est notamment lié à la montée en gamme de la production chinoise, à laquelle s’ajoute la diminution du nombre de travailleurs ruraux disponibles.

Ceci a forcé plusieurs entreprises, tout particulièrement dans l’industrie textile, à chercher des alternatives dans des pays-tiers. C’est ainsi que des grands groupes tels que Inditex (Zara, Mango…) ou Uniqlo se sont progressivement installés en Inde ou au Bangladesh, où la main d’œuvre est jusqu’à sept fois moins chère qu’en Chine.

La production textile demande beaucoup de main-d’œuvre, mais les compétences et la formation des travailleurs qu’elle requiert sont relativement élémentaires. C’est également un secteur à plus faible intensité de capital et qui s’appuie beaucoup sur la sous-traitance, rendant la délocalisation simple et peu coûteuse.

On apprend ainsi dans un rapport du cabinet Dezan-Shira & Associates que la hausse du salaire minimum, en plus de changements réglementaires et du vieillissement de la population chinoise en âge de travailler, ont poussé de nombreuses entreprises à quitter la Chine depuis le début de la décennie.

Cela dit, cette dynamique se limite essentiellement au textile et à l’assemblage de biens à faible valeur ajoutée.

En outre, la plupart des entreprises ne déplacent en réalité que certains segments de leur production hors de Chine, adoptant une stratégie dite « China +1 » afin de réduire les coûts de production, diversifier la main-d’œuvre et les chaînes d’approvisionnement, et d’accéder à de nouveaux marchés. « La Chine continue de servir de noyau de leur chaîne d’approvisionnement tout en fournissant un marché très précieux pour cette industrie » lit-on dans le rapport de Dezan-Shira & Associates.

En adoptant cette stratégie, la grande majorité des entreprises, tout particulièrement dans l’industrie automobile et le secteur technologique, semblent très peu enclines à quitter la Chine dans un futur proche. Plus de 70% des entreprises interrogées par la Chambre de commerce américaine en Chine (AmCham China) ont déclaré qu’elles n’avaient pas l’intention de délocaliser leurs opérations ou leurs chaînes d’approvisionnement hors de Chine en raison du Covid-19.

« Les résultats de notre enquête montrent que les entreprises envisagent d’ajuster leur stratégie commerciale, mais il n’y a pas d’exode massif du fait du Covid-19 » explique Ker Gibbs, Présidente de la Chambre de commerce américaine de Shanghai au micro de Reuters.

Des ouvrières travaillant dans une usine de produits de pépinière à Dongguan, dans la province du Guangdong. Via EPA-EFE.

Peu de raisons de s’en aller

Plusieurs raisons justifient pour les multinationales un maintien de leurs activités en Chine, ou l’adoption d’une stratégie China +1 :

La Chine est souvent évoquée dans les médias sous l’angle des chaînes d’approvisionnement, mais beaucoup moins du point de vue de son immense marché intérieur très convoité. Alors qu’auparavant, les entreprises étrangères cherchaient avant tout à investir en Chine pour bénéficier de faibles coûts de production, elles le font dorénavant pour avoir un accès facile au plus grand marché de consommation du monde.

La Chine représente encore 35% de la production manufacturière mondiale, mais une part croissante de cette production est destinée à la consommation sur le marché intérieur chinois. Et bien que la Chine ne représente que 10% de la consommation mondiale des ménages, elle est aujourd’hui à l’origine de 38% de la croissance de cette dernière.

La part chinoise du PIB mondial est aujourd’hui de 20% et devrait augmenter à l’avenir. Cette perspective, couplée à l’enrichissement de la population du pays, a d’autant plus augmenté l’attractivité du marché chinois, difficile d’accès.

En outre, la production et la diffusion de produits de consommation sont rendues plus simples lorsque l’entreprise est basée dans le pays. Rester le plus près des consommateurs chinois justifie ainsi le maintien sa production en Chine. Ceci est d’autant plus réaffirmé par les tensions commerciales avec les États-Unis et l’Europe, mais aussi par une certaine préférence pour les biens produits localement de la part des consommateurs chinois.

Deuxièmement, au regard de la progression du pays sur les chaînes de valeur mondiales, les capacités manufacturières et logistiques chinoises demeurent inégalables. Concrètement, elles ont à ce jour permis une gestion des opérations commerciales beaucoup plus efficace et rentable que nulle part ailleurs dans le monde.

En effet, le haut niveau de qualité et de sophistication des usines chinoises, ainsi que la forte disponibilité de main d’oeuvre-qualifiée, ont fait de la Chine la destination privilégiée des multinationales productrices de pièces automobiles, de composantes de haute technologie et d’aéronautique, ou encore de matériel médical.

Un des facteurs ayant contribué à la consolidation de telles capacités de production est le développement de différentes grappes industrielles, des « clusters », à travers tout le territoire chinois. Le clustering désigne le rassemblement (organisé ou spontané) d’entreprises d’une même industrie dans une même zone, formant ainsi un pôle industriel spécialisé. La concentration de différentes entreprises et usines dans une même région favorise l’innovation et crée de l’avantage concurrentiel pour les entreprises.

Le gouvernement chinois a activement encouragé la création de ces clusters au cours de la deuxième moitié du 20e siècle, à coup d’investissements massifs dans l’infrastructure industrielle, de subventions aux entreprises et en créant les conditions nécessaires pour que les investisseurs étrangers y élisent domicile.

« La plupart des principaux clusters industriels chinois sont situés dans les provinces côtières telles que les provinces du Zhejiang, du Jiangsu ou du Shandong » explique Jamal Mernissi, directeur du développement commercial chez ARS Industrial Safety et expert du sourcing en Chine. « Chaque cluster a une expertise et un avantage spécifique tels que l’accès à certaines matières premières, la fabrication de composants, ou l’accès à la main-d’œuvre bon marché ou spécialisée », précise-t-il.

Nulle part en Chine les avantages de ces clusters ne sont plus évidents que dans la ville de Shenzhen. Connue comme la « Silicon Valley chinoise », la ville abrite plus de 4700 entreprises de haute technologie, prenant avantage de l’expertise locale pour la fabrication et l’assemblage de smartphones, d’ordinateurs et d’appareils photos. « Quitter de tels écosystèmes d’innovation et d’économies d’échelle ne serait pas très bénéfique. Et ce, malgré les guerres commerciales et les pandémies… » dit Jamal Mernissi.

Les entreprises chinoises fabriquent désormais des produits de plus grande valeur et ne se contentent plus de simplement assembler des produits bons marché. De telles dynamiques, catalysées par la politique Made in China 2025 du Parti Communiste Chinois (PCC), ne feront que consolider la compétitivité de l’Empire du Milieu et son ascension dans la chaîne de valeur.

Troisièmement, de nombreuses entreprises ont passé des décennies à élaborer leurs chaînes d’approvisionnement en Chine. Déménager signifierait rompre des liens de longue date avec les fournisseurs locaux et la délocalisation des productions serait longue et extrêmement coûteuse.

En effet, les entreprises étrangères qui fabriquent en Chine prennent appui sur des fournisseurs (qui font, à leur tour, appel à d’autres fournisseurs), mais aussi sur des gestionnaires d’entrepôts, des transporteurs, des détaillants, des contrôleurs qualité et des consultants chinois. Quitter la Chine implique donc de déplacer hors du pays des agrégats entiers de fabrication et de services, ainsi que l’engagement de sommes considérables. Une chose difficilement envisageable alors que les entreprises font déjà face à d’énormes pertes de revenus et que l’activité économique est encore fortement limitée par les mesures sanitaires strictes en place dans de nombreux pays.

Par ailleurs, des analystes de Morgan Stanley affirment que le manque de fonds des entreprises, associé au rebond très rapide des chaînes de montage chinoises, rend tout mouvement précipité très improbable.

« Les entreprises de technologie sont encouragées par le rythme auquel la production chinoise a repris après le choc du confinement. Cela a renforcé la conviction des investisseurs de localiser la production de masse en Chine » estime Katy Huberty, responsable Equity Research chez Morgan Stanley dans un communiqué cité par MarketWatch.com. « Ceci témoigne du fait que la Chine restera une base importante pour la fabrication de ces produits. » ajoute-t-elle.

Autrefois un petit village de pêcheurs, Shenzhen est aujourd’hui la plus grande base manufacturière au monde, abritant les sièges des plus grandes entreprises technologiques chinoises. Photo: Diggit.

Des alternatives existantes, mais bancales

En cette période d’incertitude néanmoins, le discours abusif sur la relocalisation continue dans les médias. Face aux paroles grandiloquentes de Donald Trump et au ressentiment croissant envers la Chine des suites de la pandémie, trop nombreux sont ceux qui se sont adonnés à un discours excessif sur les chaînes d’approvisionnement mondiales, laissant penser que les départs étaient imminents.

Ce discours ne date pas d’hier et a notamment pris forme au pic de la guerre commerciale, alors que le gouvernement Trump menaçait d’aller jusqu’à taxer tous les biens en provenance de Chine. Alors que plusieurs entreprises remettaient en cause la viabilité de leurs investissements sur place, la question des pays qui bénéficieraient le plus du supposé « découplage » entre la Chine et les États-Unis a fait couler beaucoup d’encre.

En mars déjà, on nous promet sur CNBC un « remaniement complet » des chaînes d’approvisionnement mondiales, notamment au profit de l’Inde et du Vietnam, vantés pour les faibles coûts qu’ils impliqueraient et leur insertion fulgurante dans la mondialisation.

Les données disponibles suggèrent néanmoins que des mécanismes bien plus complexes sont à l’œuvre et que la thèse de « l’exode massif » vers l’Inde et le Vietnam est pour le moins contestable. Pour cause, de nombreux paramètres empêchent ces deux pays émergents d’exploiter leur potentiel au maximum.

Depuis le début de son mandat, le Premier ministre indien Narendra Modi ne cache pas son envie de stimuler le secteur manufacturier de son pays, considérablement en retard par rapport à celui de son voisin chinois. Au fil de ces dernières années, New Delhi a redoublé d’efforts pour capter l’attention des entreprises manufacturières du monde entier, notamment à travers son programme « Make in India », conçu pour attirer les investissements directs étrangers et renforcer le secteur manufacturier indien.

En assouplissant le droit du travail en plus de l’accès des investisseurs étrangers au foncier, ainsi qu’en réformant la bureaucratie (connue pour sa grande complexité) et la fiscalité indienne, le gouvernement Modi espère porter la contribution du secteur manufacturier à 25% du PIB d’ici 2025. Et à première vue en effet, l’Inde peut passer pour une alternative de premier choix.

Forte d’une population de 1,2 milliards d’habitants dont 600 millions ont moins de 25 ans, la population indienne est l’une des plus jeunes du monde. Cette perspective offre une alternative potentiellement intéressante à une Chine vieillissante et en manque d’ouvriers puisqu’elle offrirait aux manufacturiers la possibilité de puiser dans une réserve infinie de main-d’œuvre qualifiée et non qualifiée, ainsi que dans une base croissante de consommateurs dans les grandes villes. Sa main-d’œuvre, anglophone, peu chère et technophile, fait également de l’Inde une base appropriée pour la production de matériel informatique et d’électronique.

Pendant ce temps, le Vietnam, qui a reçu les éloges de la communauté internationale pour son combat contre le Covid-19, tente de consolider son image en promouvant auprès des investisseurs ses capacités de gestion de crise et son fort taux de croissance. Selon des sources vietnamiennes rapportées au Asia Times, il serait « largement anticipé » que le pays bénéficie des tensions entre la Chine et les États-Unis en récupérant progressivement une partie de la production manufacturière chinoise.

Ce pays d’Asie du Sud-est, qui a rationalisé ses règles de commerce et d’investissement et conclu un accord de libre-échange avec l’UE en 2019, était déjà l’un des grands gagnants de la guerre commerciale. Depuis 2013, il aurait déjà absorbé à lui seul près de la moitié de l’ensemble de la fabrication américaine ayant quitté la Chine, selon une étude du cabinet Kearney.

Disposant d’une infrastructure semi-développée et n’impliquant que de très faibles coûts de production (le salaire minimum pouvant y descendre jusqu’à 132$ par mois), le Vietnam jouit également d’une position géographique privilégiée de par son accès facile aux matières premières chinoises ainsi qu’aux routes maritimes du Pacifique pour un acheminement direct vers les États-Unis.

Le port international de Shanghai conserve sa place de plus grand port à conteneurs du monde pour la neuvième année consécutive. Photo: Seatrade Maritime News.

Deux alternatives à première vue prometteuses donc, mais qui recèlent également leur lot d’inconvénients.

« En Inde et au Vietnam, les investisseurs peuvent non-seulement profiter de coûts de production bien inférieurs à ceux de la Chine mais aussi d’une qualité de produits relativement similaire » précise Ari Van Assche, professeur de management international à HEC Montréal et expert des chaînes de valeur mondiales. « Mais ces pays présentent aussi de sérieux désavantages et le plus grand est sans doute la logistique »

Car l’Inde pâtit, en effet, d’une infrastructure routière encore largement sous-développée. Fortes congestions, autoroutes non-goudronnées ou pas assez larges, elle possède en cela beaucoup de retard sur la Chine. L‘industrie du fret routier indien étant encore très fragmentée, gérer la multitude de transporteurs nécessaires pour gérer de larges volumes d’expédition y est extrêmement difficile.

Les livraisons en provenance du nord de l’Inde pouvant facilement prendre plus d’une semaine pour atteindre le sud à cause des embouteillages et de la qualité des routes, les risques de ralentissements sur les chaînes logistiques sont grands. « Vous avez déjà pris un taxi en Inde ? C’est un vrai cauchemar…» me dit Ari Van Assche.

Cela est également vrai sur les routes internationales. Le transport maritime depuis Kolkata jusqu’aux États-Unis peut facilement prendre jusqu’à deux semaines de plus que ce même transport depuis Shenzhen. Les frais d’expédition demandés par les exportateurs indiens sont également deux fois plus élevés que ceux de la Chine.

Pour ce qui est de l’infrastructure vietnamienne, elle reste également fragile et matériellement inférieure à celle de la Chine. Petit pays longiligne, la faible superficie du Vietnam est telle que le pays pourrait très vite atteindre la limite de ses capacités, ne pouvant augmenter à l’infini sa productivité. Sa faible population, également vieillissante, pourrait aussi restreindre l’attrait du Vietnam à long terme.

En plus de posséder relativement peu d’autoroutes adaptées à de larges volumes de fret routier, le Vietnam ne compte au total que 2 600 kilomètres de voies ferrées contre 131 000 km en Chine, dont 29 000 kilomètres de lignes à grande vitesse. Les ports à conteneurs de Shanghai, parmi les plus fréquentés au monde, peuvent traiter plus de 40 millions de conteneurs par an, contre seulement 6,15 millions pour le port de Ho Chi Minh-Ville, le plus grand du Vietnam.

Délocaliser vers le Vietnam ou l’Inde n’enlèvera pas non plus la dépendance des entreprises envers la Chine pour nombreux produits intermédiaires tels que le câblage électrique, les composants électroniques ou les tissus. À l’heure où les entreprises privilégient le « just-in-time » et les faibles stocks, la Chine reste donc le pari le plus sûr. Et c’est ce que montrent les chiffres.

Selon le 2018 World Investment Report des Nations Unies, les investissements directs étrangers (IDE) au Vietnam s’élevaient à 16 milliards de dollars en 2018 contre 139 milliards de dollars en Chine, tandis que le stock total d’IDE du Vietnam s’élevait à 145 milliards de dollars contre 1630 milliards de dollars pour la Chine. En d’autres termes, le stock total d’IDE du Vietnam équivaut à un an d’IDE en Chine.

Un bilan persistant

Il y a donc fort à parier qu’en dépit de toutes les turbulences liées à la guerre commerciale et au Covid-19, il semble, du moins jusqu’à présent, que les entreprises multinationales continuent de trouver en Chine un environnement de production attrayant et sûr.

Outre la délocalisation de la fabrication à faible valeur ajoutée et peut-être même une certaine restructuration dans les chaînes d’approvisionnement en produits médicaux, le monde aura besoin de bien plus qu’une pandémie de coronavirus pour détrôner l’usine du monde.

En 2017, la part de la Chine dans la production manufacturière mondiale était de 35%. Pour l’Inde et le Vietnam, elles étaient respectivement de 3% et 0,27%.

Pour approfondir

Mejean, Isabelle, Elie Gerschel, Alejandra Martinez. 2020. « Propagation des chocs dans chaînes de valeurs internationales : le cas du coronavirus. » Les Notes de l’IPP 53 (1) : 2–8. https://www.ipp.eu/wp-content/uploads/2020/03/n53-notesIPP-mars2020.pdf

Cyrill, Melissa. 2019. « Shifts in China’s Industrial Supply Chain and the US-China Trade War ». China Briefing. Dezan Shira & Associates.
https://leaglobal.com/thought_leadership/Shifts%20In%20Chinas%20Industrial%20Supply%20Chain%20And%20The%20US-China%20Trade%20War.pdf

Michel Blanchard. communication personnelle, 21 juillet 2020, Paris.

Ari Van Assche. communication personnelle, 19 août 2020. Montréal.

Lloyd, Adran. 2020. « As China Moves Up The Value Chain, Some Manufacturing Companies Are On The Move ». Interact Analysis.
https://www.interactanalysis.com/as-china-moves-up-the-value-chain-some-manufacturing-companies-are-on-the-move/

Jamrisko, Michelle. 2020. « 日本企業のサプライチェーン再構築、中国離れの恩恵は東南アジア » Bloomberg Japan.
https://www.bloomberg.co.jp/news/articles/2020-08-07/QENYWGT0G1L801

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Lu Shi, Bernard Ganne. 2009. « Understanding the Zhejiang industrial clusters : Questions and re-evaluations. ». Asian Industrial Clusters, Global Competitiveness and New Policy Initiatives, World Scientific. p.239–266.
https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00357131/document

Mernissi, Jamal. 2017. « Why Understanding China Industrial Clusters will lead you to a better sourcing performance ? ». Linkedin.
https://www.linkedin.com/pulse/why-you-should-understand-china-industrial-clusters-jamal

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« COVID-19: Business and Supply Chain Impacts with Prof. Yossi Sheffi at Crossroads 2020 » vidéo YouTube, 51:50. MIT Center for Transportation & Logistics. Publiée le 11/05/2020. https://www.youtube.com/watch?v=KrDMuKHOTMc

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Marino Koutsiouris
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