La Suède dans l’OTAN : Une nouvelle ère de sécurité ou une escalade des tensions?

Emmy Vande Rosieren
La REVUE du CAIUM
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3 min readMar 13, 2024

Dans un contexte mondial de tensions exacerbées, les récents ralliements de la Suède et de la Finlande à l’OTAN marquent un tournant significatif dans la géopolitique de la région baltique. Ces développements, conjugués à la réaction de la Russie et aux enjeux stratégiques associés, redéfinissent les dynamiques militaires et politiques dans cette partie cruciale de l’Europe.

Le secrétaire d’État Antony Blinken, à droite, pose pour une photo avec le premier ministre suédois Ulf Kristersson qui tient les instruments d’adhésion de la Suède à l’OTAN, le 7 mars 2024, à Washington. Photo : Jess Rapfogel | AP Photo

Le jeudi 7 mars 2024, la Suède a formellement rejoint l’OTAN, devenant ainsi le 32e membre de l’Alliance après des mois de négociations complexes, notamment avec la Hongrie de Viktor Orban. Cette décision a surpris de nombreux observateurs, étant donné que la Suède avait maintenu une position de non-alignement militaire pendant deux siècles. Cependant, les événements dramatiques de l’invasion russe en Ukraine le 24 février 2022 ont marqué un tournant décisif, incitant la Suède à rejoindre l’OTAN.

L’adhésion de la Suède, couplée à celle de la Finlande en 2023, a des répercussions considérables sur la configuration géographique de la mer Baltique, souvent qualifiée de “lac de l’OTAN” par les experts militaires. La quasi-totalité de cette mer stratégiquement cruciale est désormais bordée par des pays membres de l’Alliance atlantique, remodelant ainsi les enjeux militaires et politiques dans la région. L’île de Gotland, propriété suédoise, émerge comme un territoire stratégique incontournable, symbolisant la porte d’entrée nord de la mer Baltique. Remilitarisée depuis 2018, cette île de plus de 3 000 km² devient un atout majeur pour l’OTAN, assurant un contrôle quasi-absolu sur la navigation russe depuis le nord-ouest et incitant Stockholm à investir massivement dans sa présence militaire sur ce territoire.

Cette carte montre les pays européens selon leur année (ou souhait) d’adhésion à l’OTAN. Source : Statistica

Cependant, la Russie n’a pas tardé à réagir face à ces adhésions. Le gouvernement russe a annoncé le déploiement d’armes supplémentaires dans ses régions, justifiant cette décision par les nouvelles menaces perçues en provenance de la Suède et de la Finlande. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a clairement indiqué que cette mesure était une réponse directe à l’adhésion de ces pays à l’OTAN. Le déploiement stratégique de ces armes vise à contrer toute éventualité provenant de la région balte, soulignant ainsi la sensibilité de Moscou face à ces changements géopolitiques.

En réponse, l’OTAN a réaffirmé sa position de ne pas envoyer de troupes en Ukraine, tout en mettant en garde contre un possible engagement militaire direct avec la Russie. Les déclarations du président français Emmanuel Macron, du secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin et des généraux allemands ont suscité des réactions variées, mettant en lumière les divergences au sein de l’Alliance sur la manière de répondre à la crise ukrainienne. La Russie, de son côté, a averti que tout déploiement de troupes de l’OTAN en Ukraine conduirait à un conflit direct entre l’Alliance et la Russie, soulignant ainsi les risques potentiels liés à cette escalade.

Dans ce nouveau contexte géopolitique, la mer Baltique, devenue le “lac de l’OTAN”, se trouve au cœur des enjeux militaires et politiques majeurs. L’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN redéfinit non seulement l’équilibre régional, mais souligne également les défis complexes auxquels l’Alliance et la Russie sont confrontées. La stabilité dans cette partie de l’Europe dépendra de la capacité des acteurs internationaux à gérer ces transformations tout en préservant le dialogue et la coopération nécessaires pour éviter une escalade dangereuse.

Sources :

https://fr.africanews.com/2024/03/02/otan-la-russie-reagit-a-ladhesion-de-la-suede-et-de-la-finlande//

https://www.lexpress.fr/monde/europe/otan-pourquoi-lentree-de-la-suede-inquiete-la-russie-de-poutine-ZWLZ5QID4FABHEE33OEWUIDK6Y/

https://journals.openedition.org/mappemonde/5426

https://www.research-collection.ethz.ch/handle/20.500.11850/550062

https://www.noovo.info/nouvelle/la-suede-rejoint-officiellement-lotan.html

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Emmy Vande Rosieren
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Étudiante en deuxième années au Baccalauréat en études internationales spécialité Paix et Sécurité.