Le continent Africain en alerte : Qu’est ce que le virus Marburg ?

Baptiste EDOUARD
La REVUE du CAIUM
Published in
6 min readMar 1, 2023

Fièvre, frissons, nausées ainsi que des maux de tête accompagnés de douleurs thoraciques et abdominales. Tels sont les symptômes du virus Marburg, un agent infectieux bien connu des experts de la santé mondiale mais parvenant malgré tout à mettre en alerte les plus hautes sphères de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé).

Une photo au microscope électronique du virus Marburg. Crédit photos : Thomas Geisbert / Université du Texas via CBC News)

Le 13 Février 2023, l’Organisation Mondiale de la Santé a confirmé l’apparition d’un foyer du virus de Marburg en Guinée Equatoriale. Cette information d’ordinaire anodine a rapidement captivé l’attention des experts de santé.

En effet, cette apparition est historique pour le pays puisqu’il s’agit de la première fois que des cas de décès liés au virus sont recensés sur le territoire.

À l’heure actuelle, le virus est responsable de 9 morts auxquelles s’ajoutent 16 autres cas de décès faisant l’objet d’enquêtes. Par ailleurs, ce n’est pas la première fois que l’OMS a affaire à cet agent infectieux.

Ayant été apparenté au virus Ebola par le passé, le virus Marburg est apparu 7 fois sur le continent Africain depuis les années 1980. L’apparition la plus notable étant celle de 2005 en Angola ayant ôté la vie à 90% des 252 cas recensés. [2]

Une photo de plusieurs chauve-souris frugivores africaines. Crédits photos : Shutterstock

Quelles sont les origines de ce virus ?

La toute première manifestation du virus Marburg remonte à 1967. À cette époque des épidémies de fièvres hémorragiques apparaissent simultanément dans des laboratoires à Marburg et Francfort en Allemagne ainsi qu’à Belgrade, en Yougoslavie (aujourd’hui Serbie).

Suite à cette apparition, 31 personnes tombent malades et 7 d’entre elles succombent au virus. Par la suite, diverses analyses révèlent que les premières personnes infectées ont été en contact avec des fluides corporels appartenant à une espèce de singe vert d’Afrique importée d’Ouganda. [3]

Depuis, les scientifiques à travers le globe sont parvenus à découvrir le fonctionnement du virus. En effet, selon plusieurs études menées par le U.S. Center for Disease Control and Prevention, l’hôte réservoir du virus de Marburg est la chauve-souris frugivore africaine, Rousettus aegyptiacus.

Les chauves-souris frugivores infectées par le virus de Marburg ne présentent pas de signes évidents de maladie. Néanmoins, les primates tels que les humains et les singes verts mentionnés précédemment peuvent être infectés par le virus de Marburg et ainsi développer une maladie grave avec une mortalité élevée. [3]

De surcroît, l’Organisation Mondiale de la Santé assure que le virus ne peut en aucun cas être transmis par voie aérienne. A l’heure actuelle, la seule transmission possible du virus se fait par contact direct avec le sang ou tout autre fluide corporel appartenant à un individu déjà contaminé.[2]

Comment peut-il être traité ?

Cette soudaine apparition du virus en Guinée Equatoriale fait tant parler d’elle car pour le moment, il n’existe tout simplement pas de vaccin ou de traitements thérapeutiques contre le virus Marburg. C’est pour cela que le directeur général de l’Organisation Mondiale de la Santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus , souhaite à tout prix contenir la propagation du virus. [2]

« La recherche des contacts, comme vous le savez, est une pierre angulaire de la réponse. Nous avons redéployé les équipes COVID-19 qui étaient là pour la recherche des contacts et les avons rapidement adaptées afin qu’elles puissent nous aider » (Tedros Adhanom Ghebreyesus lors d’une conférence de presse donnée le 17 Février 2023). [1]

De plus, le directeur général de l’OMS n’écarte la possibilité que le virus puisse franchir les frontières Guinéennes dans les jours à venir. C’est pour cette raison que l’OMS a annoncé dans un communiqué l’envoi d’experts médicaux afin d’aider les responsables locaux en Guinée équatoriale. [6]

« La surveillance sur le terrain a été intensifiée » (George Ameh, représentant de L’OMS en Guinée Equatoriale lors d’une conférence de presse.) [1]

Ce désir de contenir à tout prix la propagation du virus découle de la gestion assez laxiste de l’épidémie d’Ebola en Ouganda entre Septembre 2022 et Janvier 2023. C’est dans cette optique que plusieurs experts du domaine de l’épidémiologie ont apporté leur point de vue lors de la réunion d’urgence organisée par l’OMS. [6]

Ce fut notamment le cas du Docteur Kamran Khan, fondateur et PDG de BlueDot, une société basée à Toronto suivant les maladies infectieuses dans le monde entier.

« Aujourd’hui, c’est une préoccupation pour la région et certains des pays voisins. Mais si nous ne prenons pas les devants, cela pourrait devenir une préoccupation plus large pour la communauté mondiale.» (Docteur Kamran Khan lors d’une interview pour CBC News.) [2]

Tedros Adhanom Ghebreyesus lors d’une conférence de presse en 2015. Crédits photo : https://www.britannica.com/biography/Tedros-Adhanom

Quelles sont les priorités ?

La nature hautement mortelle du virus (taux de mortalité de 88% sans traitement en un délai de huit à neuf jours) fait de la recherche d’un vaccin la plus importante des priorités pour les laboratoires mondiaux. Actuellement, cinq vaccins candidats sont en développement. [5]

Par ailleurs, deux des cinq vaccins ont pu faire l’objet de tests cliniques. On retrouve parmi ces vaccins ceux des firmes Janssen et Sabin. [4]

En ce qui concerne le cas des potentielles thérapies, les anticorps monoclonaux déjà utilisés pour lutter contre Ebola restent la façon la plus efficace de combattre le virus. Néanmoins, l’utilisation de la Remdesivir, une molécule perturbant la réplication de l’ARN (matériel génétique permettant à l’ADN de commander la synthèse des molécules) est de plus en plus démocratisée. [4]

En parallèle, des scientifiques membres du CDC (Center for Disease Control and Prevention) ont lancé un projet pilote pour suivre les déplacements des chauves-souris porteuses du virus mortel de Marburg. Les scientifiques recueillent des chauves-souris dans les grottes et fixent des unités GPS sur le dos de ces dernières afin d’enregistrer leurs déplacements pour mieux comprendre comment le virus de Marburg se transmet aux humains. [3]

Que faut-il retenir ?

Grâce aux efforts combinés de l’Organisation Mondiale de la Santé et des divers centre de recherches internationaux, le risque que le virus Marburg dépasse les frontières Africaines est assez bas. En effet, l’identification ainsi que la prise en charge rapide de l’épidémie offrent une certaine garantie quant à sa propagation.

C’est pour ces raisons qu’à l’heure actuelle la lutte contre le virus ainsi que son éradication pourraient n’être qu’une simple question de temps. En effet, une fois les vaccins testés et approuvés les professionnels de santé présents sur le territoire n’auront qu’à administrer ces derniers.

Cependant, en raison des facteurs infectieux du virus, il serait naïf d’écarter la possibilité que le nombre de cas recensés ait été sous-estimé par les autorités de santé sur le reste du territoire.

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Pour approfondir :

[1] CBC News,(2023), « Trying to contain the Marburg virus » : https://www.cbc.ca/player/play/2173210691727

[2] Hogan, Stephanie (2023), « An outbreak of the deadly Marburg virus has been confirmed. Here’s what you need to know » : https://www.cbc.ca/news/health/who-marburg-virus-outbreak-1.6751113

[3] CDC, Center for Disease Control and Prevention (2023), « Marburg (Marburg Virus Disease) » : https://www.cdc.gov/vhf/marburg/index.html

[4] LADEPECHE,(2023), « Virus Marburg en Guinée équatoriale : pourquoi l’OMS a convoqué une réunion d’urgence » : https://www.ladepeche.fr/2023/02/16/virus-marburg-en-guinee-equatoriale-pourquoi-loms-a-convoque-une-reunion-durgence-11003412.php

[5] Callaway,Ellen (2023), « Marburg virus outbreak: researchers race to test vaccines » :

https://www.nature.com/articles/d41586-023-00468-5

[6] Willem, Jean-Pierre (2020), « TOUT SAVOIR SUR LES VIRUS ET Y FAIRE FACE »

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