Tsunami de 2004 en Malaysia: Un impact psychologique

Le 26 décembre 2004, à 7h58 du matin heure locale, un séisme d’une magnitude d’abord estimée à 6,4 se produit dans l’océan Indien à 250 kilomètres au sud-ouest de l’île de Sumatra (Indonésie). Plus tard, on estimera la vraie puissance du séisme entre 9 et 9,3 sur l’échelle de Richter.

Équipe de Rédaction
La REVUE du CAIUM
4 min readOct 17, 2017

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Carte des répercussions du Tsunami en 2004. Crédit infographie : Welthungerhilfe.de

Ce texte a été soumis par Pauline Essouri, étudiant en 2 année au baccalauréat en Études asiatiques et rédactrice au CAIUM.

Ayant fait de nombreux ravages sur tous les rivages de l’océan Indien, la catastrophe fut énormément suivie par les médias les jours suivants. L’Inde sera au centre de cette médiatisation, cependant d’autres pays ont dû faire face à cette crise. L’île de Penang en Malaysia fut la région du pays la plus touchée par le tsunami. Bien que les dommages physiques aient été peu importants par rapport à d’autres pays, l’impact que cet évènement a eu sur une population peu habituée aux tsunamis, est lui, à prendre en considération.

La côte ouest de la Malaysia est naturellement protégée des tsunamis de cette envergure, grâce à la présence de l’île de Sumatra devant ses littoraux. Or, en 2004, la région fut quand même frappée par des vagues, qui selon les habitants « avaient la taille d’un cocotier ». 69 morts ont été recensés, et ce sont plus de 4000 personnes qui ont perdu leurs logements. Les dégâts matériels ont été plus importants que ceux humains, grâce à un système d’alarme et de drapeaux rouges mis en place le long de la côte.

Une cellule psychologique

La prise en charge la plus importante fut la mise en place d’une cellule psychologique pour les victimes rescapées du tsunami. Des professionnels de la santé (docteurs, psychologistes et psychiatres), des professeurs, des représentants des hautes autorités de la région, furent choisis pour gérer ce programme « d’après-crise » auprès de la population. Pendant une durée de 4 à 6 semaines, des milliers de personnes participèrent, après quoi, ceux montrant des cas de SSPT (Stress post-traumatique) ont été suivis et traités dans des centres par des spécialistes afin d’assurer leur rétablissement.

Le programme cherchait, auprès des adultes, à gérer et contenir leur stress ainsi que démythifier cet évènement, car l’idée grandissait dans la population que tout cela avait eu lieu afin de punir les « pêcheurs ». L’intervention demanda, de la part des bénévoles, une adaptation aux croyances des victimes pour leur expliquer et les rassurer quant à l’origine du tsunami. Le travail de la cellule de crise consistait aussi à diagnostiquer les cas de dépression, ainsi que déceler les symptômes de SSPT.

La prise en charge des enfants se basait également sur la détection des symptômes de dépression et de stress. L’utilisation de la thérapie par l’art, majoritairement le dessin, s’est révélée être une technique efficace et fut priorisée dans le cadre du programme.

Les représentants du programme furent aussi contactés pour des cas d’hydrophobie (mer, rivière, pluie, bain). Cette peur de l’eau désormais partagée chez plusieurs posait problème pour une population habitant une île de l’Océan Indien situé dans un passage stratégique pour l’économie portuaire et où les ressources halieutiques représentent une source de revenus pour de nombreux insulaires. Pour lutter contre ces phobies, la relaxation et le temps demeuraient les principaux remèdes.

Afin de pouvoir rencontrer le plus de victimes, les bénévoles allaient de maisons en maisons, rencontrant les rescapés de tous âges. Au bout de deux semaines, tous les foyers avaient été suivis et les victimes les plus criantes avaient débuté les traitements. Un mois plus tard, toutes les familles ont été remises en contact avec le programme afin d’estimer les victimes touchées par un SSTD ou une anxiété quotidienne. Une étude a recensé 229 victimes montrant des symptômes suite au choc subit par la population.

Cependant, normalement, lors de catastrophe à grande envergure, comme le tremblement de terre qui a provoqué le tsunami du 26 décembre 2004, le taux de SSPT est de 30% à 40% dans les pays directement touchés, et entre 5% et 10% dans ceux qui en ont été touchés moins durement. Or, sur l’île de Penang, seul 1% des rescapés furent diagnostiqués victimes de SSPT.

Grâce à la rapidité des interventions de l’état, la mise en place d’un programme psychologique peu de temps après le drame, a permis de prévenir le développement de troubles mentaux plus importants et en plus grand nombre.

La préparation de l’État

Comme expliqué précédemment, l’est de la Malaysia est protégé par l’île de Sumatra, et il en va de même avec l’ouest, où l’île de Bornéo fait tampon aux possibles raz-de-marée.

Donc, l’épisode de 2004 est assez exclusif pour le pays, mais a permis à ce dernier de prendre des initiatives si de tels évènements venaient à se reproduire. Dans un premier but de prévenir, avec la création du « Système National Malaysien de Prévention de Tsunami », en partenariat avec le département de météorologie de Malaysia. Sa mission se divise en trois procédures : détecter ; organiser les données ; rependre l’information. Des tests d’ampleur régionale ont suivi sa création, afin d’en mesurer l’efficacité. Ce qui a mené à la découverte du meilleur moyen de diffusion des informations par internet. Les médias informatiques permettent l’accès aux nouvelles depuis les milieux urbains, mais aussi ruraux.

Cette expérience a permis aux communautés locales et à l’État de se préparer efficacement dans le cas d’une nouvelle catastrophe naturelle. En définitive, avec ce système, la population se retrouve dans une meilleure position pour réagir à ces phénomènes dans l’avenir. L’efficacité de ce système de prévention a notamment été démontrée en 2012, lorsqu’un séisme de magnitude 8,2 s’est produit à l’ouest de Sumatra.

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Équipe de rédaction du Comité des Affaires Internationales de l’université de Montréal, chargée de publier les textes soumis par les étudiants.