Comment j’ai hacké mon sommeil

Article écrit la nuit, bien évidemment

Camille Rabier
Camille Rabier
6 min readNov 16, 2016

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Edit du 23 Novembre 2016 : Lever à 6h sans réveil, coucher à 23h en moyenne depuis la Semaine 4. Challenge réussi \o/

Zzzzzz (G. A. Petrini, Le Sommeil de saint Pierre, 1740)

J’ai des problèmes de sommeil depuis que je suis toute petite. Déjà à l’âge de 8 ans, je repoussais mon heure de couché, fixée à 21h par mes parents, vers 2 ou 3h du matin. J’en avais des choses à faire : lire des bouquins, jouer avec mes poupées, écouter la radio et plus tard, quand mon père m’a installée l’ordinateur dans ma chambre, mes activités se sont davantage diversifiées. Bref, ma nuit était un bout de journée supplémentaire.

Si vous continuez, vous risquez la crise cardiaque avant 40 ans

Je suis en décalage avec la société, mes collègues, ma famille, mon copain, mes amis. En décalage horaire avec la Poste, la CAF et ma banque. J’ai une dette de sommeil depuis toujours. Je me lève avec énormément de difficultés et je suis constamment fatiguée la journée. C’est le soir que je suis productive jusqu’à 4h du matin.

J‘ai en moyenne 3h de sommeil par nuit et depuis un an, je fais une nuit blanche par semaine. Cela a affecté mes relations sociales, avec mes camarades de classe qui en avaient bien marre de me voir arriver 20mn en retard en cours, mes managers en stage, qui se posaient des questions quant à mon sérieux ou même ma famille qui m’ont toujours vu comme une fainéante.

Ma dette de sommeil épuise ma santé et mon mental. Mon état correspond aux symptômes de dépression et forcément, ça me déprime. Une boucle de l’enfer. J’ai une hygiène de vie qui ne me convient plus et parfois, je me demande même si je ne vais pas mourir prématurément. L’angoisse.

Aujourd’hui, entrepreneuse et travaillant de chez moi, je n’ai plus le cadre du 9-18. Comme je n’ai de compte à rendre qu’à moi même, je peux me permettre de traîner un peu plus au lit. Mais très vite, j’ai commencé à complexer. A me comparer à ces entrepreneurs brillants qui ont une productivité à toute épreuve. La fatigue a détruit ma motivation et plus le temps avançait, plus je n’arrivais à ne rien produire. Je me suis transformée en morte vivante.

Moi au réveil. Coucou…

J’ai compris que je subissais ce rythme, que ma passion pour mes projets ne devait être en aucun cas remise en cause. J’ai alors décidé d’analyser mon fonctionnement, de le comprendre et de le réajuster. Mon analyse était à la fois analytique avec des outils comme l’appli Sleep Cycle et empirique, en ressentant mes différentes énergies. Cela m’a demandée d’accepter que je me lève à 14h et que je me couche à 7h. Forcément ma nuit complète, je me réveillais sans difficulté. Et bonne nouvelle, je dors comme tout le monde, pendant 8 heures.

Analyse de ma vie (en rose : mon dodo, triangle= fatigue, !! = somnolence. A imprimer https://goo.gl/xYFPFB)

Le plus dingue c’est que, parfois, même en faisant une journée classique avec un lever à 9h, je ne suis pas fatiguée avant 4h du matin (cf : 4éme semaine sur ma feuille).

Intégrer de nouvelles habitudes

Je n’avais pas forcément envie de lire toutes les études sur le sommeil qui existent. Je voulais juste avoir une synthèse de ce qui fonctionne et me l’approprier. J’ai expérimenté les power naps, les tisanes avant de dormir, les huiles essentielles et j’ai même acheté Dodow, l’objet connecté. J’ai planifié différents réveils pour certains degrés d’urgence, 11h était l’heure de réveil à ne pas dépasser. Je continue avec la plupart de ces tips, mais cela m’aide superficiellement. Il me fallait quelque chose de drastique.

Il y a quelques mois, j’ai découvert Tony Robbins. Je suis tombée sur le documentaire que Netflix a réalisé sur lui et qui filme son séminaire de 6 jours “Rendez-vous avec le destin”. Une claque. Je comprends alors davantage que mon corps n’est pas un ennemi et que je dois l’aider. Le film m’a initiée à la méditation, j’utilise d’ailleurs les 10 dernières minutes du film pour ma méditation du matin. Ça m’a motivée à trouver des meetup gratuits sur la méditation sur Paris.

Je recherchais alors de nouvelles habitudes à prendre, de nouveaux engagements. Et puis, je me suis souvenue d’une conversation quelques années plus tôt avec un ami, bénévole à la Péniche du Cœur. J’avais trouvé l’initiative tellement noble et géniale que l’idée m’était restée en tête. Et très récemment, je me suis dit pourquoi pas ? Me lever tôt pour rendre service, socialiser et me servir de mes deux mains et deux pieds pourraient me donner un but. J’ai contacté le service recrutement de bénévoles et après un entretien téléphonique, me voilà à assurer les trois services du matin : les lundi, mercredi et vendredi.

La Péniche du Cœur, amarrée au Quai Saint-Bernard, 75005 Paris

La péniche du Cœur est un centre d’hébergement et de restauration appartenant aux Restos du Cœur. Elle héberge plus de 70 personnes, la plupart en réinsertion professionnelle mais accueille aussi des personnes en grande précarité, qui n’ont pas pu être pris en charge par le 115.

Plus d’infos : https://goo.gl/lYNaDT

Je dois y être pour 7h, mon réveil est à 6h. Je me suis ancrée cet engagement en planifiant ces rendez-vous dans mon Google Agenda. Cela m’apporte tellement sur le plan humain que j‘arrive à me lever sans réveil et à sauter du lit avec enthousiasme. J’ai découvert la sensation des matinées fraîches d’hiver, quand il ne fait pas encore jour et que tout est fermé. Etre debout si tôt nous donne l’impression que tout est possible. J’arrive à la péniche, il fait chaud, tout le monde est souriant et sympa. Je prends mon petit déjeuner avec les hébergés et ma journée commence.

Grosse période de transition

Etre bénévole trois fois par semaine m’apporte une stabilité, je me sens engagée sans contrainte. Je peux en effet dire stop à tout moment ou m’absenter quand je le souhaite.

Mes nouvelles habitudes dans mon super calendrier Kin ❤ (hors RDV pro et perso)

Les deux premières semaines ont été particulièrement dures. Me lever à 6h est dingue pour moi. A 11h, je ressentais déjà de fortes phases de somnolence, si bien qu’à 17h, j’étais déjà au lit. Pour m’aider, je prends de la vitamine B et C en même temps que mon petit-déjeuner pour repousser mon envie de dormir. Les jours où je ne vais pas à la péniche, je me lève quand même à 6h et sans réveil. C’est un rythme également compliqué pour mon copain, je suis debout 2 heures avant lui et quand il rentre à 20h, je suis déjà en train de domir.

Cette troisième semaine, j’ai réussi depuis deux jours à repousser mon envie de dormir à 22h. Ce n’est pas encore parfait parce que je ne suis pas autant productive que je le voudrais, je reste fatiguée. Mais je vois un axe d’amélioration et j’espère que ma productivité va accroître proportionnellement à ma fatigue en déclin.

On arrive bientôt en week-end et je vais vouloir sortir, rentrer après minuit. Je me demande comment je vais le gérer pour ne pas re-accumuler de dette de sommeil. Je compte prendre des cours de sommeil car il s’agit de tout un apprentissage et continuer dans ma recherche en développement personnel, du côté de la sophrologie et de la méditation.

Je n’ai pas encore parlé de l’alimentation qui, à mon sens, va forcément de paire pour retrouver un bon équilibre physique et mental de mon sommeil. Je suis une très mauvaise élève sur le sujet, cela fera partie d’un deuxième article ;)

Merci de m’avoir lu, je serai contente de lire vos retours et expériences sur le sujet. Feel free to share ! ❤

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